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  • Épisode 9

Les joueurs qui célèbrent leur passe décisive

Par Gaspard Manet
7 minutes
Les joueurs qui célèbrent leur passe décisive

Ce sont des gestes ou des attitudes qui énervent. Qui sont insupportables. Qui rendent dingues tout supporter au stade ou devant sa télé. Et franchement, comme dirait Edouard Balladur, « Je vous demande de vous arrêter ». Focus aujourd'hui sur ces égocentriques qui célèbrent leur passe décisive.

D’où cela vient ?

De la fatuité de l’homme, évidemment. De sa recherche de gloire, de son désir de couronne. Et forcément, certains footballeurs n’y échappent pas. Car lorsque l’on souhaite à tout prix marquer l’histoire, il est important de ne pas être qu’un élément du succès, il faut être le succès. L’incarner, le personnifier. Le rôle du buteur, en quelque sorte. Difficile alors pour les autres d’exister lorsque les palmes de la victoire reviennent toujours aux mêmes. Difficile d’accepter de n’être qu’un pion, qu’un rouage. Surtout lorsque le travail que l’on vient d’abattre a été déterminant, décisif. Comme sur une passe décisive. Lorsqu’un caviar est distribué, inutile de préciser que le fournisseur est bien plus important que le consommateur. Pourtant c’est à ce dernier que revient le droit de fêter son but. Évidemment, il se doit de le faire collectivement, c’est la base, mais personne d’autre n’a le droit de s’octroyer personnellement cet instant. C’est ainsi. Et pas autrement.


Pourquoi c’est insupportable ?

Parce que c’est terriblement gênant. Et qu’il n’est pas très agréable d’être confronté à ce terrible sentiment où la pitié se mêle à la tristesse et parfois même à la colère. Voir un passeur s’en aller célébrer son offrande sans attendre l’accolade collective est quelque chose qu’aucun humain ne devrait voir dans sa courte existence. Personne n’a mérité d’assister à cela. Personne. On regarde un match pour vibrer, pour ressentir des émotions fortes, intenses, sûrement pas pour assister à une crise de reconnaissance d’un joueur en mal d’attention tel un enfant à qui il faudrait toujours rappeler qu’on l’aime fort et que, oui, son dessin est plutôt réussi malgré la forme ronde de la maison. Il faut grandir, messieurs.


Qui l’incarne le mieux aujourd’hui ?

Tous les joueurs qui ont été dotés d’un taux d’autosatisfaction hautement élevé à la naissance. On pense notamment à Zlatan Ibrahimović et sa passe décisive pour Rabiot face à Chelsea en Ligue des champions. Plus récemment, Sterling était allé fêter sa passe pour Gündoğan face à Barcelone à l’opposé de ses coéquipiers. Peut-être qu’au fond les plus propices à célébrer leur passe décisive sont les attaquants. Trop habitués à être dans la lumière, sous les projecteurs, ils ont du mal à s’effacer, à laisser un autre jouir d’un moment qui leur appartient normalement. Peut-être n’est-ce qu’un manque d’habitude, finalement. Une sorte de maladresse. Mais qui n’en reste pas moins en rien excusable.


Comment faire pour que cela s’arrête ?

C’est malheureux, mais il faut parfois utiliser la manière forte. Très forte, même. Pourquoi ne pas envisager de sanctionner d’un carton jaune les auteurs de célébrations de passe. Un bon moyen de faire de la prévention. En échange, on pourrait arrêter de sanctionner le buteur qui met son maillot sur la tête ou celui qui exhibe son dernier tatouage en forme de chapelet avec les initiales des membres de sa famille autour. On laisse la possibilité aux buteurs de célébrer topless et on accentue la politique de sanction à l’encontre des passeurs mégalomanes. Il faudra toutefois faire très attention. En effet, la teneur de la célébration est bien évidemment à prendre en compte. Il va de soi que le joueur a le droit de courir pour manifester sa joie s’il se dirige vers son coéquipier à la conclusion de l’action. Il est évident que cette règle respecterait la célébration collective. Mieux, elle l’inciterait. Car seul le passeur qui s’en va en solo au poteau de corner sans attendre ses coéquipiers sera sanctionné d’un carton jaune. Voir d’un rouge selon l’appréciation de l’arbitre. Encore plus efficace, il est indispensable de rappeler aux plus jeunes, dans les écoles de foot, que ce sport reste collectif et que sans l’autre, on n’est rien. Ou alors si, juste un mec qui célèbre une passe. Tout seul. Comme un con.


Pourquoi cela peut précipiter la fin du monde ?

Dans un monde qui court à sa perte, seule l’entraide pourra nous permettre de repousser l’extinction de la race humaine. Seul, l’homme ne vaut rien. Il n’y a qu’à plusieurs qu’il peut faire de belles choses. Seulement, on est loin de cette unité. De cette harmonie collective. Et la faute à qui, s’il vous plaît ? À ceux qui célèbrent leur passe décisive sur les différents terrains de football du globe. Aveuglés par leur amour d’eux-mêmes, ces antihumanistes ne se rendent même pas compte qu’ils contribuent à l’effondrement de notre société. Car en faisant l’éloge de l’individualisme, en glorifiant l’égocentrisme, les célébrateurs de passe décisive nous éloignent de notre but premier : aimer son prochain. Bande de salauds.


La parole est aux acteurs

Frédéric Née, ancien attaquant

« Ceux qui font ça sont des individualistes qui ne pensent qu’à eux. Ils veulent bien montrer que c’est grâce à eux que le but est arrivé. Montrer que ce sont eux les vrais héros de l’action. Personnellement, je trouve ça petit comme geste. Et quand tu vois ça, ça te donne un bon aperçu de ce qu’est la personne. En plus, quand quelqu’un fait un gros travail sur une passe décisive, on le voit, ça se remarque, pas besoin de vouloir le rappeler à tout le monde. Quand je vois une action de ce type, ça me fait sourire. Mais attention, pour moi c’est comme le buteur qui reçoit un but tout fait et qui ne remercie pas le passeur, ça aussi c’est pas très classe. Le foot reste un sport collectif. »

Florian Martin

« T’as toujours la satisfaction d’avoir été décisif, donc ça peut se comprendre. Surtout que certains préfèrent faire une belle passe décisive que mettre un but. Après, bien sûr que ça veut un peu dire : « Hého, oubliez pas qui a fait la passe, hein ! » Il y a une volonté de montrer que ce que tu as fait est important. Mais bon, moi je valide ce genre de truc. D’ailleurs, ça peut m’arriver. Si par exemple, je tire un corner et qu’un de mes coéquipiers parvient à couper la trajectoire pour marquer, je peux rester au poteau de corner en me retournant vers les supporters. Bon après, c’est sûr que je ne vais pas non plus me mettre à glisser sur les genoux. En même temps, j’ai jamais vu un mec faire ça, quand même. Ce serait fou si le mec pour une passe dé, il commence à faire des saltos et tout(rires). En fait, je pense que t’as le droit de montrer ta joie quand tu as fait une passe dé, mais il ne faut pas trop en faire non plus. »

Benjamin Genton

« En même temps, faire une passe dé, ça peut être aussi jouissif que de marquer un but. Personnellement, ce qui m’énerve vraiment, c’est quand je vois un buteur qui ne va pas remercier son passeur. Là, ça m’énerve, ça m’exaspère profondément même. Après, la célébration de passe décisive, c’est quand même plus rare. En même temps comme le football devient de plus en plus individualiste, donc ça ne m’étonne pas tant que ça. Ça dépend aussi de la personnalité du mec et ceux qui font ça, c’est forcément les joueurs qui ont une grosse estime d’eux-mêmes. De toute façon, toute célébration individuelle m’énerve un peu. Que ce soit pour un but ou une passe décisive, il ne faut pas oublier qu’il y a toute une action derrière, ça reste un sport collectif, quand même. Alors que le buteur parte dans un délire après avoir marqué, je comprends, car il y a l’adrénaline et tout, mais pour moi, il doit toujours aller voir le passeur dans la foulée. Et le passeur qui part dans son délire… c’est vrai que c’est bizarre quand même. Rien ne vaut une bonne vieille célébration collective. Personnellement, je ne marquais jamais, mais dès qu’un coéquipier mettait un but, j’étais vraiment un des premiers à courir pour le féliciter et l’embrasser. »

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