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Les joueurs lèvent-ils (in)volontairement le pied avant la Coupe du monde ?

Par Raphael Gaftarnik, Paul Piquard et Antoine Donnarieix
Les joueurs lèvent-ils (in)volontairement le pied avant la Coupe du monde ?

Monstrueux en début de saison, Thiago Silva semble moins performant à mesure que l'événement mondial approche. Tancé pour le lien tenu entre son déclin avec le PSG et la proximité de la compétition (et défendu cette semaine par son coach en conf' de presse), le défenseur brésilien n'est pas le seul à être accusé d'avoir levé le pied pour débarquer frais au Brésil. Une diffamation?

Se remettre d’une gueule de bois est un exercice périlleux. Quand certains vantent les mérites des huîtres ou du cocktail à base d’œufs crus, d’autres se veulent plus pragmatiques. Au fond, la seule méthode efficace se résume à mot d’ordre : repos. Le joueur de foot, dont l’hygiène de vie est nécessairement plus saine, n’échappe pourtant pas à la problématique. L’accumulation des matchs est en effet aussi épuisante pour le corps que cette série de shots de vodka-caramel. Victime de ses 40 matchs dans la saison, le footballeur a aussi les jambes lourdes et la tête embrumée. Cette saison plus qu’une autre, il convient pourtant de se remettre sur pied au plus vite. Dans moins 2 mois, les caméras seront braquées sur le Brésil et sa Coupe du monde. Désireux d’être à leur meilleur niveau pour l’événement, certains auraient donc choisi de lever pied pour débarquer dans les stades surchauffés avec la fraîcheur du mec qui n’a pas bu la veille. S’ils s’en défendent, Cavani, Thiago Silva (Blanc a même eu à le défendre en conférence de presse cette semaine, déclarant : « Quand on est sûr d’aller au Mondial, qu’on est capitaine du Brésil, toutes ces blessures font qu’on a un tantinet peur de manquer la Coupe du monde. (…) Dans l’inconscient du joueur, ce n’est pas qu’il lève le pied, mais il fait attention à beaucoup de choses et paradoxalement, c’est là que les blessures s’enchaînent. Il se dit sûrement : « Pourvu que le championnat finisse vite pour que je puisse me préparer. » Mais il n’est pas le seul. Tous les joueurs en partance dans deux mois font attention » ) ou encore Mathieu Valbuena ont ainsi été montrés du doigt et accusés de sacrifier quelques matchs de championnat au profit d’une récupération bénéfique. Mais baisser de rythme est il vraiment une bonne idée et ne risque t-il pas de casser l’élan d’un joueur ? Comme l’affirme d’ailleurs les puristes de la cuite organisée, le mal se soigne par le mal. À chacun sa méthode.

Un relâchement plus ou moins conscient

« Certains joueurs ne sont plus dans leurs championnats, et ont déjà commencé leur préparation mentale. Naturellement, l’être humain, inconsciemment, sait se préparer aux choses qui sont importantes pour lui. Les joueurs qui sont en demi-teinte en cette fin de saison, notamment sur le plan technique, sont déjà projetés en Coupe du monde. » . Pour Pascal Brihaye, coach mental, le constat s’impose : oui certains joueurs sont déjà au Brésil. Moins performantes, moins tranchantes, quelques futures têtes d’affiche de la compétition jouent déjà avec le frein à main. Thomas Dossevi, qui a participé à la Coupe du monde 2006 avec le Togo, affirme avoir connu ce moment de décompression : « Il faut se projeter sur la compétition. Il y a toujours un petit moment de relâchement à la fin de la saison. Psychologiquement, c’est mieux d’être relâché et de ne plus avoir de pression avant de jouer un grand événement. » Nécessaire, le break ne joue pas que sur le plan mental. Pour le docteur Gérard Petit, médecin du sport, il relève aussi d’une utilité plus pragmatique : « Dans tous les sports, il faut savoir faire une pause. En l’occurrence, le Paris Saint-Germain sera champion de France cette saison, c’est une réussite. Une fois cet objectif atteint, il faut se relâcher physiquement. C’est nécessaire, car l’organisme ne tient pas. Et puis ça permet de revenir plus fort avant d’entreprendre la grande compétition. » Il y a quelques jours, le sélectionneur sud-coréen, le légendaire Hong Myung-Bo, appelait même ses futures ouailles à y aller mollo, lui qui est déjà privé de 3 défenseur titulaires sur blessure. Un parti pris (pour le relâchement) que tous ne partagent pas forcément, à l’instar de Didier Deschamps, interrogé sur le cas Valbuena : « C’est une foutaise ! C’est un faux débat. En se préservant, en mettant le frein à main… dans le sport c’est le risque de se faire une blessure. » Dossevi n’est pas aussi catégorique : « Un mec comme Valbuena qui est normalement assuré d’être en équipe nationale a peut-être un peu lâché l’affaire à Marseille. » Un lâchage dont beaucoup, à l’instar de l’ancien coach olympien, craignent les effets.

La blessure, risque inhérent ?

Ne pas aller au contact. Risquer de subir plutôt que de donner. La retenue, si elle permet en apparence d’esquiver les coups, pourraient avoir des effets pervers. Ici, deux écoles s’affrontent. Pour Thomas Dossevi, la blessure est un danger inhérent au comportement : « Les joueurs cadres vont éviter de faire la course de trop, pour éviter de se blesser. Les joueurs ne vont pas au bout des choses. Mais c’est souvent comme cela que la blessure arrive. En n’allant pas à fond dans un contact, on prend un coup qu’il ne faut pas et c’est souvent comme cela qu’on se retrouve blessé. » Plus envolée, l’explication de Pascal Brihaye va dans le même sens : « Il y a un risque de se blesser, parce qu’on est trop sur la retenue. Si vous dites à un enfant : « Ne marche pas sur la route », il y a de fortes chances pour qu’il le fasse lorsqu’il ne fera plus attention. Parce qu’il se sera fait une représentation mentale de la route. Si vous lui dites de marcher sur le trottoir, il restera plus facilement dessus lorsque son attention sera détournée. » Au fond, se retenir serait une façon de mieux succomber. Néanmoins, pour le doc’ Petit, le constat médical est autre. Ce n’est pas le relâchement qui est coupable, mais bien l’état physique général du bonhomme : « La blessure, elle intervient le plus souvent parce que l’organisme est fatigué. Des entorses de la cheville, des ruptures des ligaments sont le plus souvent dues à des muscles épuisés. Il n’y a plus l’élasticité et la force de départ. L’appareil locomoteur a besoin de transitions : plus il y a des transitions de phases de repos, de récupération, mieux c’est. Si la préparation physique est bonne, il n’y a pas de raison que le joueur se blesse. »

Par Raphael Gaftarnik, Paul Piquard et Antoine Donnarieix

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