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Les joueurs du Puy Foot 43 débriefent leur combinaison sur corner
En déplacement à Cholet ce week-end, Le Puy Foot 43 a concédé sa troisième défaite de suite en National (2-1). Pourtant, l'équipe de Roland Vieira a fait le buzz en ouvrant le score sur un corner malicieusement tiré à trois. Entretien avec les trois protagonistes de cette folle combinaison.
30e seconde de jeu entre Cholet et Le Puy Foot ce week-end et déjà le premier coup de pied de coin pour les Auvergnats. Loïc Dufau se dirige vers le poteau de corner et effleure le ballon avant de laisser Kamel Bennekrouf le tirer. En réalité, l’attaquant ponot se saisit du cuir et longe la ligne de but avant d’adresser en centre parfait pour Kamel Chergui, qui ouvre le score à la suite de cette habile combinaison. Trois jours après, il est l’heure de débriefer cette action avec les protagonistes.
Quand est-ce que l’idée de ce corner improbable vous est venue ? Kamel Bennekrouf : C’était quelques minutes avant le début de la rencontre, juste après être revenus de l’échauffement. La semaine, on travaille toujours plusieurs corners, mais celui-ci, on ne l’avait jamais bossé. Loïc a eu l’idée et on s’est dit qu’on la tenterait sur le premier du match, et ça a marché. Loïc Dufau : Déjà, on travaille beaucoup de combinaisons. Là, en fait, avant le match, l’entraîneur adjoint Ahmed Ait-Ouarab vient me voir dans les vestiaires, me parle de cette combinaison et me demande ce que j’en pense. Je lui ai dit que c’était une bonne idée, donc j’ai dit aux joueurs : « Les gars, sur le premier corner, on la tente. »
Kamel Chergui : Du coup, on a en discuté avec Loïc et Kamel. Ça n’a pas été vraiment préparé, mais en fait, ça s’est fait naturellement. Du coup, c’est Loïc qui va pour frapper. Il la laisse, Kamel va la tirer, et moi, ce qui était prévu, c’est que j’arrive dans la surface à ce moment-là.
Vos rôles étaient donc automatiquement attribués ?
LD : Oui. C’était prévu que je touche la balle, que j’appelle Kamel comme si je ne l’avais pas tirée. Et que lui, ensuite, prenne la balle et centre en retrait. Après, c’est l’autre Kamel qui a fait cette course et qui a marqué.KB : Loïc et moi, on est chargés de tirer les corners, donc à chaque fois, on doit y aller à deux. Là, Loïc pousse le ballon et me dit : « Viens le tirer fort. » Les joueurs de Cholet ont dû penser que c’est moi qui allais le tirer pied gauche. Mais on voit à la fin que j’accélère parce que je suis tellement surpris qu’il n’y ait personne qui me suive, que je me dépêche d’aller centrer.
KC : De mon côté, j’avais vraiment pour objectif d’embarquer les joueurs dans le but. Et c’est vrai que, quand Kamel a centré, j’arrive de derrière. Je savais dans quelle zone me situer et sur le moment, je vois que tous les adversaires sont fixés sur leur but. Puis au dernier moment, je me mets en retrait pour la recevoir.
Vous avez prévenu les arbitres que vous alliez faire cette combinaison ? LD : Avant le coup de sifflet, j’ai prévenu les arbitres qu’on allait faire cette combinaison sur le premier corner. Ils m’ont dit qu’il fallait que je fasse sortir la balle du demi-cercle pour que ce ne soit pas confus et qu’ils évitent de me le faire retirer.KB : Cette combinaison est connue, il y a déjà des équipes qui l’ont faite. On a juste demandé aux arbitres si ça posait problème, mais ils nous ont dit qu’il fallait juste que le ballon roule.
Si vous vous ratez, c’est un peu la honte, non ?
KC : Non, parce que c’est tenté. Et en même temps, on s’est dit que ça pouvait fonctionner, car ça surprend forcément les joueurs adverses. Vu que ce n’est pas une combinaison qu’on retrouve souvent dans les stades le week-end, on s’est dit que ça allait fonctionner.KB : Pour moi, ça n’aurait pas été une honte, et pour l’équipe non plus, je pense. Il y a une ou deux combinaisons qu’on a déjà tentées et ratées. Mais celles-ci, on les a vite oubliées et on les a mises à la poubelle. (Rires.)
LD : Le foot, ce sont des prises de risque aussi, notamment sur les coups de pied arrêtés où on met souvent en place des combinaisons. Et parfois, c’est vrai que ça ne marche pas. Mais quand ça fonctionne, comme contre Cholet, on est contents. Ça récompense le travail qu’on fait et surtout celui d’Ahmed Ait-Ouarab, qui s’occupe des coups de pied arrêtés.
Après ce buzz, ça va être difficile de refaire cette combinaison…LD : Oui, mais après on peut en faire d’autres. Contre Bastia-Borgo, on en avait fait une autre et ça avait marché. Ça fait déjà deux buts qu’on marque sur des combinaisons sur corner.KB : Oui voilà. Sur celle de Bastia, tout le monde fonce au premier poteau et Loïc adresse un centre au deuxième, hors de la surface, pour une reprise de volée. Il y a des combinaisons à deux, à trois ou tout seul. C’est l’adjoint qui s’occupe de ça et qui propose beaucoup de combinaisons.
KC : J’ai vu que ça avait un peu tourné, c’est plutôt bien pour nous. C’est sur une phase arrêtée, donc on sait qu’on ne va pas la faire chaque week-end et que c’est plus quelque chose de spontané. On a pas mal de combinaisons sur coups de pied arrêtés, on les travaille souvent. Mais là c’est venu avec l’inspiration. On ne le fait pas pour le faire et dire « On l’a tentée » , mais pour la réussir et surprendre l’adversaire.
Finalement, qu’est-ce qu’un bon corner ?
KC : On sait qu’un corner à la 20e minute ne va pas forcément être frappé de la même manière et pas forcément avec la même attention qu’un corner tiré à la 90e minute de jeu. Ça dépend aussi du score, du tireur et surtout de la zone où le ballon atterrit.
LD : Un bon corner, c’est un ballon pas facile pour le gardien, un ballon mis entre les six mètres et le point de péno. C’est la zone qu’on cherche le plus souvent, car le goal ne peut pas sortir facilement.KB : Ça dépend de la course des joueurs, de l’attitude, du score. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, mais pour moi, un bon corner, c’est taper très fort rentrant. Mais après le coach ne va pas trop aimer, car je les tire toujours comme ça. Frapper fort au premier pour qu’un joueur la coupe. Il y a deux ans, j’ai dû mettre 6-7 passes décisives sur corner. Avec Loïc, à chaque entraînement, on prend 4-5 ballons et on se fait un petit kiff en tentant tous les deux des corners rentrants.
Par Maxime Renaudet