Que s’est-il réellement passé durant ce tournoi ?
C’est parti d’un fait de jeu qui, en temps normal, aurait été tout à fait anodin. L’OM jouait son deuxième match du tournoi contre l’Athletic Bilbao, lesquels mettent un but a priori hors-jeu mais validé. Du coup, les joueurs de l’OM, qui perdent 1-0 à la mi-temps et sont potentiellement hors course pour le titre, reviennent sur le terrain avec un état d’esprit nettement plus agressif. Ils se sont mis à cracher sur les adversaires, à insulter le corps arbitral avec des noms d’oiseaux et ont logiquement fini par se prendre un carton rouge. Du coup, leur tournoi était terminé puisqu’ils venaient de perdre leurs deux premiers matchs.
Des journaux ont prétendu qu’ils avaient saccagé l’hôtel, ce que les joueurs démentent…
Oui, c’est totalement faux. Je ne sais pas d’où sort cette information. Ils ont simplement fait du tapage nocturne. Après, quand on voit leur comportement sur le terrain, on peut imaginer qu’ils n’ont pas été très agréables avec le service de sécurité…
Et dimanche, contre Bruges, les esprits disjonctent de nouveau.
Oui, on croyait pourtant que tout le monde avait repris ses esprits. Mais l’OM refusait de changer de maillot et ne voulait pas s’entraîner sur le terrain synthétique. On a fini par accepter qu’ils s’entraînent à côté du terrain, sur de l’herbe, mais rien n’y a fait. Alors que le match se déroulait plutôt bien pendant 20 minutes, l’OM commence à se prendre rouge sur rouge, à être agressif vis-à-vis des arbitres. Depuis dix-huit ans que j’organise ce tournoi, je n’avais jamais vu ça. J’ai dû m’excuser auprès des autres clubs, qui eux ont été exemplaires. Même Joseba Etxeberria, qui a eu la carrière que l’on connaît, s’est dit choqué. Comme l’ensemble des responsables de clubs présents, il nous a d’ailleurs confié que nous avions pris une décision à la hauteur de notre événement en excluant l’OM du tournoi. Il faut dire que, même s’ils n’ont jamais été insultants envers les supporters ou l’organisation, ils ont tout de même insulté les arbitres, frappé un joueur et ont même fini par s’en prendre à une personne handicapée.
Ce que le capitaine des U17 de l’OM a souhaité démentir…
Oui, j’ai cru entendre cela. Apparemment, la personne aurait tenté d’attraper un des joueurs de l’OM, ce qui est complètement faux. Cette personne a une sclérose en plaques depuis ses 23 ans, comment aurait-elle pu se risquer à affronter un garçon de 17 ans de plus d’un mètre 80 ? En plus, il y a deux sons de cloche du côté de l’OM puisque l’entraîneur lui-même m’a avoué ne pas pouvoir empêcher le comportement de ses joueurs sur le terrain.
Du côté de l’OM, on prétend avoir subi des insultes racistes, d’où le comportement agressif. Quel est votre point de vue sur la question ?
C’est entièrement faux ! Après, je ne suis pas sur le terrain, mais je trouve que c’est une façon de se cacher derrière de mauvais gestes. Aucun joueur n’est venu se plaindre auprès de l’organisation durant ces deux jours. Le capitaine de l’OM, qui semble être la seule personne censée de l’équipe, aurait même confié au corps arbitral qu’il ne pouvait pas garantir le bon comportement de ses coéquipiers sur le terrain.
Comment expliquez-vous ce type de comportement ?
Je pense que tout ça est dû à un encadrement insuffisant. Sur les douze clubs présents ce week-end, seul l’OM n’est pas venu avec cinq dirigeants. Et les trois personnes présentes étaient un entraîneur de 35 ans et deux dirigeants de plus de 70 ans. Ils ne peuvent donc être que dépassés. Mais c’est assez symptomatique lorsqu’on accueille l’OM.
C’est-à-dire ?
Ça a toujours été difficile avec cette équipe, même si nous n’avons jamais été dans ces extrêmes-là. Je pense que les dirigeants marseillais n’ont pas encore pris conscience de la dimension de notre événement, qui accueille des clubs comme le Bayern, le Benfica, le Panathinaïkós, etc. Pour une ville comme Saint-André, qui ne compte que 11 000 habitants et un club en district, c’est donc un événement extrêmement important et fédérateur, qui nécessite plus de 10 mois de travail et une mobilisation de 90 bénévoles pendant trois jours et demi. J’avoue que je ne comprends pas pourquoi ils ne prennent pas ça au sérieux, c’est l’occasion pour eux de se faire repérer. À l’inverse, les joueurs ont cette année terni l’image de notre tournoi de façon extraordinaire.
Comment avez-vous fini par gérer ce comportement ?
En fait, le corps arbitral ne voulait plus officier contre l’OM pour leur dernier match. Du coup, comme nous n’étions plus en mesure d’assurer le bon déroulement du match, il a fallu trouver une solution. Celle-ci était donc de renvoyer l’OM du tournoi. Mais là, se posait un autre souci : comment contenir de tels joueurs jusque mardi, jour de leur départ initial, alors qu’ils n’ont plus rien à jouer ? Nous avons pris la décision à l’unanimité de les rapatrier le plus rapidement possible à Marseille. J’espère donc que la direction marseillaise va prendre des sanctions. De notre côté, on a fait tout ce qu’on a pu, ce qui n’a pas toujours été facile. Car, croyez-moi, pour une association comme la nôtre, rapatrier une équipe de foot en TGV, à tarif plein, ça a un coût !
La presse n’en a pas trop fait ?
Si, bien sûr ! Toutes les rédactions télés ou écrites, spécialisées ou non, m’ont appelé. Certains journaux en ont même fait la une. J’en suis navré, car ça occulte l’intérêt du tournoi, qui est de promouvoir les jeunes et un beau football. Le pire, c’est que je n’ai toujours pas reçu de lettre d’excuse de la part des dirigeants marseillais. Quelle déception pour nous, et quelle image donnée de la France auprès des clubs étrangers. On avait pour la première fois des clubs japonais, qui ne faisaient de leur côté qu’être polis et courtois.
L’OM est-il définitivement banni de ce tournoi ?
Sous ma présidence, ils ne reviendront pas de sitôt, je peux vous l’assurer. En plus, je n’aurai aucune crédibilité auprès de la commune et des instances si je venais à accepter de nouveau leur présence.
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