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  • Économie du football

Les joueurs de L1 doivent-ils baisser leur salaire ?

Par Pierre Rondeau
Les joueurs de L1 doivent-ils baisser leur salaire ?

Ce mardi 12 janvier doit avoir lieu une réunion entre le syndicat des joueurs, l’UNFP, et des représentants des clubs de Ligue 1. Ces derniers espèrent obtenir un accord de réduction des salaires afin de faire face aux pertes de la crise actuelle. Mesure nécessaire ou démagogique ?

Cela fait de nombreuses années qu’on en parle : sur le modèle espagnol ou des ligues sportives nord-américaines, un certain nombre d’experts souhaiteraient un plafonnement et un contrôle de la masse salariale des clubs professionnels. Initialement, les arguments moraux et éthiques étaient de sortie. Dorénavant, c’est le volet économique et financier qui prédomine. Car la peur règne. La crise économique et sanitaire a déjà coÜté plus de 800 millions d’euros au football professionnel et les menaces de dépôt de bilan et de cessation de paiement demeurent. Selon certains dirigeants, comme Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims,« c’est jusqu’à la moitié des clubs qui pourraient faire faillite » si la situation venait à se prolonger. Et elle risque de l’être. Selon certains, la solution passerait ainsi obligatoirement par un plan d’austérité salariale, par une limitation régulée et planifiée de la masse salariale. Le député LREM Cédric Roussel serait même prêt à passer par une proposition de loi afin d’officialiser la chose, d’accélérer le processus :« Les salaires des joueurs représentent entre 40 et 70% des dépenses de fonctionnement, il faut limiter et réduire ce poids.[…]Le plafonnement est donc nécessaire. » En attendant, une réunion doit avoir lieu entre le syndicat des joueurs, l’UNFP, et quatre représentants des clubs, Jean-Michel Aulas (OL), Jean-Pierre Caillot (Reims), Marc Keller (Strasbourg) et Loïc Ferry (Lorient). Sur quoi va-t-elle déboucher ? Quelle décision va être prise ? Se dirige-t-on vers le début d’une régulation interne du football français ? Le modèle à suivre, aux yeux des partisans de la grande modération, est le football espagnol.

La Liga en ligne de mire

En 2008, en pleine crise des subprimes, les clubs hispaniques se retrouvent totalement à la rue. Incapables de faire face à leurs traites, avec des bilans comptables depuis trop longtemps déficitaires, les équipes cumulent alors plus de 3 milliards d’euros de passif. Lors de la saison 2010-2011, face à l’obligation des clubs de réduire la voilure, plus de 200 joueurs professionnels se retrouvent sans salaire. En moins de six mois, les principaux syndicats estiment que l’équivalent de 50 millions d’euros n’ont pas été versés. Un appel à la grève, dès août 2011, est lancé, sur les deux premières journées. Économiquement, la moitié des clubs est alors déclarée en cessation de paiement. L’heure est grave. C’est à partir de ce moment que la Ligue espagnole décide d’imposer un véritable contrôle comptable, une régulation totale de l’économie de son football. Un salary cap est décidé ( « tope salary » ) calculé sur le budget prévisionnel de la saison n+1 et basé sur un équilibre net solvable. Autrement dit, les clubs n’ont plus le droit de dépenser en salaires plus qu’ils ne peuvent gagner, dégager et produire. Depuis, le chiffre d’affaires du football espagnol a augmenté de 78% en moins de 10 ans et la dette s’est réduite de moitié. Pour beaucoup, il faut s’inspirer des mesures espagnoles afin d’éviter le chaos français.

Mais sommes-nous véritablement dans la même situation ? Bien évidemment, le débat dusalary cap et du plafonnement des salaires est aussi un débat philosophique, moral, qui pose la question de la légitimité des salaires des footballeurs (pour rappel : 94 000€ par mois en moyenne en Ligue 1). Mais économiquement, et seulement sous le prisme de l’économie, une telle mesure n’a aucune légitimité, aucune logique. La situation n’est absolument pas la même en France qu’en Espagne. La dette française, estimée à un peu plus de 250 millions d’euros, est très loin de la dette espagnole de 2008. Les clubs, grâce au contrôle de solvabilité existant depuis 1984 avec la DNCG, tiennent malgré les circonstances difficiles, et aucun, pour l’instant, n’a mis la clé sous la porte. Aucun joueur ne s’est plaint d’un retard sur les salaires et tous les frais de fonctionnement sont honorés. Dès lors, pourquoi vouloir réguler et contrôler de façon durable et structurelle si seule la conjoncture est touchée ?

Une histoire de court et long terme

Que dirons-nous une fois que les supporters reviendront dans les stades et qu’un nouveau diffuseur aura été trouvé ? Que dirons-nous au moment où les partenaires reconduiront les contrats et les recettes repartiront à la hausse ? Que dirons-nous une fois que la crise prendra fin ? Si le plafond est calculé sur un pourcentage du chiffre d’affaires, où ira alors la manne supplémentaire ? Vers les fonds d’investissement de plus en plus présents en France ? Vers les dirigeants et les actionnaires ? Il est là le risque de vouloir réguler, réformer, contrôler et plafonner lorsqu’une situation conjoncturelle est mauvaise sans tenir compte des conditions structurelles. La situation en France n’est absolument pas comparable à ce qu’a vécu l’Espagne il y a dix ans. Il serait dommage de se tirer une balle dans le pied, de contraindre la compétitivité du pays en voulant corriger un problème qui n’existait pas jusqu’ici.
Reconnaissons-le, la situation n’est qu’une accroche dans les rouages. Ce n’est qu’un phénomène conjoncturel. Ce n’est pas la structure en elle-même qui est attaquée ou remise en cause. Ce n’est donc pas elle qu’il faut changer. En revanche, à la question « que faire ? », il existe d’autres alternatives. Il est ainsi possible de jouer sur la masse salariale via l’effet-volume en plafonnant le nombre de contrats de joueurs à 30 ou 35 par club. Il n’est pas normal de constater des équipes avec plus de 40 joueurs sous contrat, victimes de projets spéculatifs. Cela nuit à leur carrière sportive et altère le bilan comptable des clubs avec des masses salariales déséquilibrées. D’autres éléments sont aussi à prendre en considération comme la limitation des transferts, la rémunération à tranche variable ou encore le renforcement de la solidarité. La discussion embrayée entre la ligue et l’UNFP devrait être une première étape à cette révolution voulue pour le football. Idéalement.

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Par Pierre Rondeau

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