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Les jeunes années de Ciro Immobile, moments de Gênes

Par Florian Cadu
5 minutes
Les jeunes années de Ciro Immobile, moments de Gênes

Avant de devenir l'incroyable monstre offensif de la Lazio, Ciro Immobile a galéré un peu partout en Italie et notamment au Genoa. De nombreuses saisons où l'attaquant, encore immature, n'offrait pas les promesses qu'il tient pourtant aujourd'hui.

404 minutes. Un but toutes les 404 minutes, contre 88 l’année dernière. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce ratio est celui de Ciro Immobile lors de sa toute première saison en Serie A. Évidemment son plus mauvais total sur une année avec au moins une titularisation dans le championnat italien, deuxième division comprise. C’était en 2012-2013, l’attaquant n’était plus un gamin (il avait soufflé sa 23e bougie en février) et défendait alors les couleurs du… Genoa. Ce même Genoa qu’il affronte ce dimanche à l’occasion de la quinzième journée, et à qui il a déjà planté onze pions tout au long de sa carrière en l’espace de douze confrontations (plus deux passes décisives). À cette époque, donc, l’avant-centre ne convainc personne. Dans l’ombre d’un Marco Borriello bien plus habitué à l’exigence de l’élite et dans une formation se battant pour le maintien, celui qui vient d’être acheté quatre millions d’euros à la Juventus et qui sort d’un impressionnant exercice avec Pescara (28 réalisations, meilleur buteur de Serie B) se retrouve comme bloqué par la pression.

Et lorsqu’il trouve le chemin des filets, ce qui ne se produit que 5 fois en 33 journées (et jamais en 2013), la recrue parvient à se fâcher avec les supporters. « Des tifosi sont venus en plein Noël, ont jeté de l’argent par les fenêtres pour rester proches de l’équipe et ils ne méritent donc pas de recevoir l’ordre de se taire. Surtout venant d’un petit garçon qui, au Genoa, a encore tout à prouver et qui est grassement payé. Quand tes dents de lait tomberont, tu comprendras ce que signifie l’amour du maillot » , lui écrivent ainsi les fans du club dans un communiqué, après un match contre l’Inter où le protagoniste a posé un doigt sur ses lèvres en guise de célébration pour répondre aux sifflets et alors que les résultats sportifs s’avèrent catastrophiques. « Aujourd’hui, tu peux seulement apprendre de l’histoire que le peuple a écrit en 120 ans. Nous t’invitons à réfléchir sur le fait qu’aucun joueur ne peut, ne serait-ce que penser, avoir le droit d’ordonner de se taire aux seuls qui paient vraiment en ces temps où le football est malade. »

« S’il sera un grand attaquant ? NON ! »

Très vite, Immobile n’a plus qu’un choix possible devant lui : celui de s’en aller. Direction le Torino, où il confirme enfin ses promesses avec 22 goals en 33 parties. Mais plutôt que la suite, c’est le rétroviseur qui est intéressant à contempler. Car le Genoa n’est pas le seul mauvais souvenir de l’Italien, qui a signé des bides dans ses précédentes écuries. Au total, trois autres de ses employeurs transalpins (sans compter le Borussia Dortmund et Séville, où le striker a là-aussi foncé dans le mur) ont lâché l’affaire sans réel retour (sportif ou économique) sur investissement : la Juventus (son club formateur qui l’a prêté à de multiples reprises, aucun caramel en championnat), Grosseto (un seul cachou, en seize rencontres) et Sienne (idem, pour 7500 malheureuses secondes de jeu). Sienne, justement. C’est là que Gaël Genevier a rencontré l’actuel phénomène, qui était loin d’en être un au début des années 2010.

S’il reconnaît logiquement que le jeune Ciro pouvait brandir l’excuse de l’âge pour justifier ses mauvaises statistiques ou performances, le milieu défensif de l’AlbinoLeffe ne semble pas avoir été le moins du monde impressionné par son ex-partenaire à l’entraînement : « Il est arrivé en provenance des jeunes de la Juve, et ce n’était absolument pas l’Immobile que tout le monde connaît actuellement. Oh là, non… Si on m’avait demandé :« Tu penses qu’il sera un grand attaquant ? » , j’aurais répondu :« NON ! »tous les jours. Dans la tête, il n’y était pas. Aujourd’hui, qu’est-ce que tu vois quand tu le regardes ? Un mec qui a le but dans la peau et qui court beaucoup, avec un sens du collectif évident. Bah niveau comportement et caractère, il était à mille lieues de ça. »

Jeune et ambitieux, parfois douteux

« Avec Ciro, on a galéré ensemble, remet de son côté Pedro Kamata, lui aussi coéquipier d’Immobile lors de ces quelques mois passés à Sienne. Il faut bien comprendre que c’était encore une petit jeune il y a dix piges, et que c’est très compliqué de percer en Italie quand tu n’as pas l’argument de l’expérience. Il avait de grosses qualités, mais il ne pouvait pas jouer en Serie A vu les mecs qui y évoluaient déjà. Je le rapproche de Francesco Caputo pour leur parcours similaire, même si ce n’est pas un niveau équivalent : des gars qui doivent bûcher, trouver le bon endroit pour prouver leurs capacités avant d’exploser. » Trouver l’endroit idéal et l’instant propice pour devenir le monstre terrifiant sur le long terme toutes les défenses européennes au plus haut niveau, voilà donc ce qu’a cherché le triple Capocannoniere (2014, 2018 et 2020) entre sa majorité et ses 27 balais avant d’arriver à Rome.

« En fait, il a eu énormément de mal à passer du centre de formation à un club aux objectifs importants. La marche entre les jeunes et les pros semblait trop haute pour lui, tout simplement. Il fallait qu’il s’adapte, qu’il accepte une concurrence qu’il n’avait pas forcément connue auparavant… Du coup, il n’était franchement pas prêt pour ce genre de situation, ajoute encore Genevier, désormais impressionné par les prouesses de l’international confirmé. Il est vite parti, et c’est… Caputo qui l’a remplacé. Sans regret, en quelque sorte. » À l’heure d’entamer 2021, tous ces moments de galère et de gêne sont en tout cas définitivement rangés derrière lui. Les dents de lait sont tombées depuis longtemps et, malheureusement pour les supporters du Genoa, aucune critique ne tombera si un doigt se pose sur la bouche en cas de début de nouvelle année réussi.

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Par Florian Cadu

Tous propos recueillis par Florian Cadu, sauf mentions

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