- Jeux olympiques
Les huit joueurs à suivre aux Jeux olympiques
Un an après la date initiale, le coup d'envoi du tournoi de football des Jeux olympiques sera donné ce jeudi 22 juillet au matin, par l'Égypte et l'Espagne à Sapporo. Si la plupart des sélections doivent faire face à des refus catégoriques des clubs de libérer leurs meilleurs éléments, il n'en reste pas moins que cette compétition injustement laissée pour compte attirera les chercheurs d'or. Liste non exhaustive des futurs grands bonhommes de Tokyo 2020... en 2021.
Groupe A
Ritsu Doan (23 ans, Japon)
À domicile, les Young Samurai Blue viseront le graal doré sur son lit de titre olympique. Et pour épauler le « Messi japonais » Takefusa Kubo, rien de tel qu’un déroutant Ritsu Doan flanqué du numéro 10. L’ailier droit du PSV sort d’une saison en prêt à l’Arminia Bielefeld, où il a contribué au maintien des siens en Bundesliga (5 buts et 2 passes décisives en 34 matchs). Dribbleur né et armé d’un vrai coup de rein, le gaucher d’Amagasaki préfère les prises à deux sur sa personne plutôt que de profiter trop aisément des boulevards et des largesses adverses. Buteur face à la Rojita en amical (1-1), Maradoan cumule trois saisons complètes aux Pays-Bas, là où il a pu affiner sa capacité d’élimination, sa versatilité et sa propension à aimanter les fautes.
Luther Singh (23 ans, Afrique du Sud)
Enfant du sinistre township de Soweto dont il est parvenu à s’extirper, Singh a fait ses premiers pas en pro à Göteborg, du côté du GAIS. Meilleur buteur de la CAN des moins de 20 ans en 2017 avec 4 pions en 4 apparitions, il est repéré par Braga, qui l’enverra immédiatement en réserve puis en prêt (Chaves, Moreirense, Paços de Ferreira). Joueur de couloir supersonique, précis et doté d’une très bonne conduite de balle, celui qui a été prénommé Luther par son père Moses en l’honneur de Martin Luther King fait souvent vivre un calvaire à quiconque tente de l’envoyer dans les cordes, au-delà des limites du terrain. Et pour que les Braguistas lui donne enfin sa chance, quoi de mieux qu’un duel d’entrée face au pays hôte pour parfaire son ratio international (12 buts en 19 matchs toutes sélections confondues) ?
Groupe B
Andrei Ciobanu (23 ans, Roumanie)
Organisateur et détonateur d’une équipe roumaine qui retrouve les Jeux 57 ans après, Andrei le berger en VF va devoir jouer au chef d’orchestre en l’absence d’une bonne partie des jeunes offensifs qui ont qualifié le pays en 2019 lors de l’Euro U21 italien, pendant que lui était remplaçant (Ianis Hagi, Dennis Man, George Pușcaș, Alexandru Cicâldău, tous bloqués par leur club). Ça tombe bien, Ciobanu a déjà illuminé l’Euro espoirs de mars dernier avec les Tricolorii mici, à l’aide de sa soyeuse patte droite (demandez donc aux Pays-Bas). Avec une passe longue laser, le milieu pourra trouver George Ganea, fils de Ionel, qui finira bien par convertir les caviars. Et sa vista, le joueur du Farul Constanța, formé par Gheorghe Hagi, pourrait l’exporter très bientôt du côté de la Liga espagnole (le Real Betis se renseigne depuis des mois). Mais avant, il y a des quarts de finale à atteindre ou une médaille à décrocher.
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— UEFA U21 EURO (@UEFAUnder21) March 26, 2021
Marko Stamenic (19 ans, Nouvelle-Zélande)
Un Kiwi parmi les benjamins du tournoi, histoire que le Stéphanois Stefan Bajic ne soit pas le seul représentant de la diaspora serbe à Tokyo ? C’est un peu plus terre à terre : pilier des sélections de jeunes des All Whites, Stamenic (2002) est un imposant milieu central, aspirant regista à la Manuel Locatelli. Au cœur d’une sélection méconnue, portée par des colosses (Winston Reid en défense, Chris Wood en attaque), la plaque tournante de l’entrejeu, celui qui touchera le plus le cuir, n’a donc pas la vingtaine et ne va entrer dans la rotation du FC Copenhague qu’à l’issue de la compétition. Arraché par les Danois à son Wellington natal en pleine pandémie, quelques mois après ses performances remarquées au Mondial U17 2019, il est athlétiquement complet, plutôt bon de son mauvais pied (le gauche) et capable de casser des lignes en allongeant de manière chirurgicale. L’alliage de la finesse et de la force : l’héritage balkanique n’est jamais loin.
Groupe C
Rafa Mir (24 ans, Espagne)
Unai Simón, Eric García, Pau Torres, Pedri, Dani Olmo et Mikel Oyarzabal enchaînent après un Euro éreintant, les U21 s’ajoutent à l’ensemble, et Marco Asensio ou Dani Ceballos ont leur petite étiquette de revanchards, compte tenu de leurs déboires récents. Rafa Mir, pur avant-centre appartenant à Wolverhampton et sortant d’un prêt satisfaisant à Huesca, va, lui, tenter de tirer son épingle du jeu, alors que l’Espagne privilégie dernièrement l’école des faux 9. Bien vite catégorisé de flop outre-Manche, le dixième meilleur buteur de Liga en 2020-2021 (13 pions) pourrait déverrouiller quelques défenses olympiques à l’aide de son physique tanqué (1,91 mètre, 86 kilos). Dominateur dans le jeu aérien grâce à sa taille et sa détente, doté d’un bon équilibre, il est toutefois loin du cliché de l’antenne-relais fixe battue à la course par une charrette, et intéresse les grands d’Espagne. Sa technique n’est pas rudimentaire, il sait répéter les efforts dans la profondeur, déborde comme un grand, décroche. Moins bagarreur, visionnaire, instinctif ou leader que certains de ses coéquipiers, Rafa n’a plus qu’à trouver son point de mire.
Adolfo Gaich (22 ans, Argentine)
Des ancêtres résolument germaniques et des allures de sauveteur en mer biberonné par Pamela Anderson. Adolfo Gaich est une force de la nature encore plus fit que Rafa Mir, mais pas aussi prolifique. Vrai joueur de surface, le joueur formé à San Lorenzo utilise son mètre 90 pour tromper ses vis-à-vis avec son style peu académique et ses grandes échasses. Des feintes lentes, mais souvent inaccessibles, un peu de kung-fu sur les bords. « Je m’inspire de Robert Lewandowski », clame-t-il. Idéal pour noyer ses faux airs patauds à la Fernando Llorente sous le catogan de Zlatan Ibrahimović. Il n’a pas encore convaincu en Russie, malgré les 8,5 millions d’euros déboursés par le CSKA Moscou l’été dernier, mais il veut prouver qu’il ne sait pas écœurer que la Juventus.
Groupe D
Amad Diallo (19 ans, Côte d’Ivoire)
Formé à l’Atalanta, le précoce joyau de Manchester United est encore cantonné à des bouts de match en club. Mais face à un Brésil et une Allemagne bis, c’est le moment de jouer cartes sur table et de peaufiner sa préparation. Offensivement, les Éléphants auront leur mot à dire, notamment grâce à Amad Diallo sur son aile droite. Un profil à la Riyad Mahrez encore en phase de croissance, vif, rapide, avec des appuis en béton armé et au-dessus du lot techniquement. Les puristes mancuniens rêvent de le voir longuement combiner avec Mason Greenwood. En attendant, c’est aux côtés de Franck Kessié, Vakoun Bayo, Christian Kouamé et Max-Alain Gradel qu’il va devoir briller.
Niklas Dorsch (23 ans, Allemagne)
Impérial dans le double pivot des jeunes Allemands triomphants à l’Euro espoirs début juin dernier, le nouveau joueur d’Augsburg (et ancien de La Gantoise) est oppressant à la récupération du ballon. Sa présence rassure, mais il n’est pas qu’une machine à tacles debout : à l’aide d’un centre de gravité bas et d’une agilité loin d’être l’apanage des milieux défensifs classiques (1,78 mètre oblige), il se déjoue du pressing adverse pour sortir de sa ligne et progresser vers le but, étirer un bloc par la transversale, frapper à mi-distance, tout en gardant un équilibre dans son jeu. Une tendance box-to-box qu’il compte exploiter pour remplacer à terme Toni Kroos ou İlkay Gündoğan avec la Nationalmannschaft, version ambidextre. Être un rejeton du Bayern Munich et apprendre de Thiago Alcântara offre certaines garanties…
Par Alexandre Lazar