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Les huit défis de Rudi Garcia

Eric Maggiori
Les huit défis de Rudi Garcia

L'aventure romaine a commencé pour Rudi Garcia. L'ancien coach de Lille a débuté l'entraînement à la tête du club romain, mais c'est un sacré chantier qui l'attend. De véritables défis à relever, pour ne pas connaître le même sort que ses prédécesseurs.

1. Redonner le sourire à De Rossi (s’il ne s’est pas tiré avant)

S’il y a bien un joueur qui est dans l’œil du cyclone, c’est Daniele De Rossi. Le milieu de terrain est en désamour avec le club de son cœur. Il était censé en devenir le capitaine après la retraite de Totti. Sauf que cette histoire de prolongation de contrat, avec la belle augmentation de salaire qui va avec, a fait grincer des dents le peuple romain. Depuis deux saisons, DDR n’est plus le même, se montre très nerveux, n’est plus décisif. Et surtout, il n’écarte plus l’idée de partir. Le PSG, Chelsea et Manchester City sont sur les rangs. Mais le but de Rudi Garcia, c’est que Danielino reste. Pour ce, il va falloir lui rendre le sourire. Car avec le maillot de la Squadra Azzurra, De Rossi n’a pas changé. Il est toujours l’un des meilleurs de son équipe, et ne s’est pas gêné pour le faire savoir : « À Rome, on vit de calomnies, alors qu’en équipe d’Italie, on me fait sentir que je suis important. » Rudi est prévenu : Daniele a besoin d’amour.

2. Réussir à enchaîner 5 matchs sans défaite

Le problème de la Roma, lors des trois dernières saisons, c’est la constance. En trois saisons, les Giallorossi ont connu cinq entraîneurs : Ranieri, Montella, Luis Enrique, Zeman et Andreazzoli. À chaque fois, la même rengaine : une équipe capable du meilleur comme du pire. Souvent, la Roma enchaînait trois victoires de rang, avant de s’écrouler lors de la quatrième marche. La statistique fait d’ailleurs mal : lors de ces trois dernières saisons, la meilleure série de matchs sans défaite pour la Roma n’atteint que 7 rencontres, de septembre à novembre 2010. Rudi Garcia, capable d’aligner 17 matchs sans défaite avec le LOSC entre août et décembre 2011, va donc devoir s’atteler à la tâche. De la constance. Le nerf de la guerre est là. Car la Roma est une équipe qui marche au mental. Il n’y a qu’à voir sa saison 2009-10, lorsque les Giallorossi étaient remontés de la 16e à la 1re place…

3. Se mettre Totti dans la poche

On le sait : à Rome, il n’y a qu’un seul capitaine, un seul Dieu. Il s’appelle Francesco Totti. Voilà 20 ans que Francesco porte fièrement les couleurs de sa Roma. Or, pour tout entraîneur qui débarque à Rome, l’entente avec le maître de la demeure est extrêmement importante. Cela a une influence sur le vestiaire, sur l’ambiance générale. Rudi Garcia va donc devoir être malin. D’un côté, il va devoir donner à Totti l’importance qu’il mérite. Mais d’un autre, il va falloir être costaud pour le mettre parfois sur le banc. Car si Totti fait preuve de qualités physiques indéniables, il ne peut pas supporter 38 matchs par saison. Et à côté de cela, il faut aussi penser à l’avenir. Aussi légendaire soit-il, Rudi Garcia ne peut pas bâtir son projet d’avenir sur un joueur de 37 ans. Logique.

4. Gagner le derby

À Rome, il n’y a rien de plus important que le derby. Or, dernièrement, on ne peut pas franchement dire que le derby sourit aux Romanisti. Après une incroyable série de 5 victoires consécutives entre 2009 et 2011, la Roma n’y arrive plus. En 2011/12, elle a essuyé deux revers lors des deux derbys, à chaque fois sur le score de 2-1. En 2012/13, encore une défaite, 3-2, puis un match nul, 1-1. Mais le derby des derbys, « la mère de tous les derbys » , les Romains l’ont perdu le 26 mai 2013. Une défaite 1-0 en finale de la Coupe d’Italie, face au grand rival de la Lazio. Depuis, les Laziali se pavanent et chambrent leurs cousins romains avec des « Il n’y aura plus de revanche possible » , ou des « Cette défaite, elle ne passera même pas avec des antibiotiques » . Bref. Rudi Garcia ne pourra pas laver l’affront, mais il pourra au moins tenter d’offrir à nouveau la joie d’une victoire lors du derby aux tifosi. Ils le méritent.

5. Réconcilier les supporters avec l’équipe

Justement, lien de cause à effet. Cette défaite en finale de Coupe d’Italie a été très mal vécue par les tifosi de la Louve. Des tifosi qui avaient toujours été proches de l’équipe et qui, en ce 26 mai, ont déserté les travées du stade dès le coup de sifflet final. Depuis, c’est la guerre froide entre les supporters et les dirigeants. Walter Sabatini, le directeur sportif, a été ouvertement traité de « laziale » par les supporters, tandis que Palotta, le président, a été maintes fois invité à démissionner. Les tifosi sont clairement furax et, lors de la reprise de l’entraînement, il y a quelques jours, les joueurs ont été accueillis par une jolie banderole : « Bienvenue, les merdes » . Sympa. Alos, certes, à Rome, trois victoires de rang et l’euphorie revient vite. Mais les supporters ont perdu confiance envers leurs dirigeants, et Rudi Garcia aura la lourde tâche de ramener l’enthousiasme dans les travées du Stadio olimpico.

6. Ramener un peu de Lille à Rome

Le mercato est loin d’être terminé pour la Roma. Deux joueurs « bankables » sont susceptibles de se tirer : De Rossi, donc, mais aussi Marquinhos. L’un et l’autre sont cotés à 30 millions d’euros. Si l’un des deux part, la Roma va pouvoir recruter. Et c’est là que Rudi Garcia intervient. L’ancien coach du LOSC aimerait rameuter certains de ses anciens protégés. Plusieurs noms sur sa petite liste : ceux de Lucas Digne, de Gervinho et de Cabaye. Pour le jeune latéral, cela risque d’être compliqué. Pour Cabaye aussi. Reste Gervinho. L’attaquant d’Arsenal ne s’est jamais vraiment imposé à Londres, et pourrait avoir envie de se relancer à Rome. Gervinho ou non, Rudi Garcia aimerait s’entourer de joueurs qu’il a déjà entraînés. Pour se sentir comme à la maison.

7. Trouver un putain de gardien

Le gardien de but. Voilà un problème récurrent du côté de la Roma, et ce, depuis de nombreuses années. Il y a bien eu la hype Doni pendant l’ère Spalletti, mais celle-ci n’a guère duré. Puis Júlio Sérgio, vite écarté après une super saison. Stekelenburg devait être le nouveau numéro 1. Mais il ne s’est jamais imposé. Goicoechea, qui l’a remplacé, a commis quelques bourdes dont il ne s’est pas remis (le csc contre Cagliari). C’est donc Lobont qui a gardé les cages en fin de saison. Bref. Il faut désormais un gardien, un vrai. Rudi Garcia rêve de Ruffier, les dirigeants de Júlio César, mais au final, il semble que la Roma va se retrouver soit avec Sorrentino, soit avec le très bon (mais pas tout jeune) Morgan De Sanctis, qui a terminé son aventure napolitaine. Bien aussi. Mais, comme pour Totti, est-ce bien raisonnable de construire un projet autour d’un gardien de 36 piges ?

8. Découvrir quelques jeunes, une tradition romaine

À Rome, on adore se vanter d’avoir former de très bons joueurs. Totti, De Rossi, Aquilani, plus récemment Florenzi… C’est d’ailleurs l’une des choses sur laquelle les Romanisti chambrent leurs cousins laziali qui, depuis Nesta, n’ont pas sorti de joueur d’envergure mondiale. L’an dernier, on a pu découvrir le jeune défenseur Romagnoli, 18 ans, qui avait d’ailleurs marqué un but décisif face au Genoa, ou encore les babys de la Primavera Nico López, Crescenzi et Ricci. Rudi Garcia va devoir essayer de faire perdurer cette tradition, en misant sur quelques jeunes joueurs. Le jeune Jedvaj, qui vient d’arriver du Dinamo Zagreb, affiche 17 printemps au compteur. On l’attend comme un futur grand. Mais en même temps, l’ancien coach du LOSC sait y faire. Faut-il rappeler que c’est lui qui a révélé aux yeux de tous Eden Hazard, Lucas Digne et, plus récemment, le Belge Divock Origi ? Pas dégueu du tout.

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