- Liga
- FC Barcelone champion 2016
Les hommes forts du sacre du Barça
Pour beaucoup, ce FC Barcelone se résume à trois lettres. Pourtant, plus qu’une MSN décisive mais également instable, ce sont les joueurs axiaux des Blaugrana qui ont tenu la barre du navire lorsqu’il tanguait. Gracias Javier, Gerard, Sergi, Andrés et Luis.
Javier Mascherano
« Cesse d’être égoïste et pense plus à l’équipe. » Pas espagnol, encore moins catalan, et sûrement pas produit de la Masia, Javier Mascherano n’en demeure pas moins le leader vocal du FC Barcelone, en atteste sa saillie verbale destinée à Neymar à la suite de l’élimination européenne face à l’Atlético de Madrid. Un « Jefecito » taille patron, donc, qui se veut en relais de Luis Enrique sur le pré et en défenseur de la grinta devant l’éternel. En soi, autant d’ingrédients peu habituels au Barça qui se retrouvent décisifs lors du coup de mou entamé face à Villarreal, puis officialisé face au Real Madrid. Irréprochable dans l’attitude, intransigeant en défense, l’Argentin est toujours aussi indispensable à Luis Enrique, qui ne tarit pas d’éloges sur sa saison : « Mascherano est l’exemple clair de ce que doit être un capitaine. » Pour sûr, il est l’unique détenteur du brassard non sorti de la Masia – à contrario d’Iniesta, Messi et Busquets. Avec ses 50 matchs officiels sous le maillot blaugrana en cet exercice, Javier est une valeur refuge qui ne déçoit jamais. Pour preuve, malgré une offre millionnaire de Chine, il s’apprête à rempiler avec le Barça.
Gerard Piqué
Les polémiques, Gerard connaît. Mieux, il s’en gargarise. Entre des pics saignants envers Arbeloa – « Si Arbeloa a été viré, c’est qu’il le méritait » -, des sorties sur l’hymne du Real Madrid – « Un hymne qui n’a rien de spécial » – ou un échange musclé avec Ángel Torres, président de Getafe – « Il veut être le président du Real Madrid » -, le Catalan a sorti une saison prolifique hors des prés. Sur le terrain, même rengaine : Gerard a assuré. Malgré quelques sautes d’humeur au gré de l’exercice, il forme une paire de centraux aux cojones et à la science du placement redoutable avec son comparse Mascherano. Une charnière forte qui a longtemps su contenir les errances de Jordi Alba et Dani Alves, largement en retrait dans cet exercice, et stabiliser une assise défensive aux deux visages. Enfin, sa qualité technique et de relance lui a souvent permis de s’aventurer dans le camp adverse et, cerise sur le titre, de marquer. Par exemple, lors du Clásico retour, il ouvre le score pour du beurre, mais reste le seul Blaugrana à avoir assumé face caméra le revers après la rencontre. Piqué ou le vrai président du FCB.
Sergi Roberto
La vraie révélation du Barça, c’est lui : Sergi Roberto. Annoncé comme un second couteau en début de saison – un statut qui est le sien depuis son arrivée en équipe première en 2010 -, le canterano a enfin franchi le cap décisif dont sa progression avait besoin. Titulaire dès le coup d’envoi de la Liga, il alterne entre tous les postes laissés vacants par les blessés. Latéral droit voire gauche, sentinelle à la Busquets, ou remplaçant de Rakitić ou d’Iniesta, le natif de Reus a su prendre la relève de Rafinha qui, annoncé comme la surprise de cette saison, se retrouve sur le carreau dès septembre. Jamais décevant, toujours au niveau, il s’est même autorisé une masterpiece lors du Clásico aller. Un succès 0-4 au Santiago Bernabéu qui porte en grande partie son sceau, lui qui éventre le milieu adverse de par ses mouvements, sa qualité technique et sa vision du jeu. « Si j’étais sélectionneur, je l’emmènerais à coup sûr à l’Euro. C’est un joueur qui a tout. Pour nous, il est essentiel, fiable et polyvalent. C’est une garantie pour nous » , plaide Luis Enrique. Et sans doute pour Vicente del Bosque qui l’a appelé pour la première fois en mars dernier.
Andrés Iniesta
Orphelin de son binôme Xavi, parti vers les cieux du Moyen-Orient à l’été, Andrés Iniesta devait assumer son rôle de premier capitaine du navire culé. Une mission réussie haut la main, tant l’homme-lune a retrouvé un coup de rein porté disparu lors de l’exercice passé et a porté le milieu de terrain blaugrana. C’est qu’avec les changements de protagonistes du jeu de ce Barça, plus porté sur sa MSN que sur sa salle des machines du milieu de terrain, Andrés a enfin digéré ses nouvelles obligations. Plus au point physiquement, toujours aussi fin techniquement, il a retrouvé un rôle décisif qui lui sied si bien. L’illustration de ce retour au premier plan est délivrée en mondovision lors du Clásico du Bernabéu, un duel de haut vol ponctué d’un bijou en plein lucarne. Forcément, les performances de Don Andrés ont été suivies de déclarations d’amour unanimes du vestiaire blaugrana : « Andrés, c’est le patrimoine mondial de l’humanité » , ou encore « Andrés est en forme depuis sa naissance » . Pour sûr, lorsqu’il soulève le titre en tant que premier capitaine barcelonais, Andrés éblouit son monde. Et bientôt l’Euro ?
Luis Suárez
Le franchise player du FC Barcelone, le MVP de la Liga, le Pichichi du championnat… Pour sa seconde saison sous le maillot blaugrana, Luis Suárez a dépassé toutes les attentes et les adjectifs. Car sans l’apport immense de l’Uruguayen, difficile d’imaginer que le Barça aurait pu s’imposer dans cette Liga. Avec ses pas moins de 37 pions en championnat – qui grimpent à 57 toutes compétitions confondues -, le Pistolero réalise ainsi l’exploit de battre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo dans la course au Soulier d’or, une première depuis désormais six exercices. « Avant qu’ils n’entament cette domination, ça a été un compatriote qui l’a décroché, Diego Forlán. Il y a du mérite à ce que les Uruguayens soient aussi forts » , plaide-t-il tout simplement. Une attitude tout en respect et en humilité qui a permis au Barça de redresser la barre lorsque le navire tanguait. Loin des grigris inutiles de Neymar, plus décisif que son ami Messi, il a porté l’attaque barcelonaise durant tout le sprint final, mais aussi lors des chocs de Liga. Une prise de pouvoir quelque peu contre-culturelle au Barça, qui range Luisito au même rang que Ronaldo, Romário et Messi. Amplement mérité.
Par Robin Delorme