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Les glorieuses 80’s du Dinamo Minsk
Ridiculisé par BATE Borisov en championnat depuis 15 ans, le Dinamo Minsk a eu un sursaut de fierté en décembre dernier en battant la Fiorentina en Ligue Europa. Une victoire qui rappelle aux nostalgiques biélorusses le temps où le Dinamo était abonné aux quarts de finale de Coupe d'Europe.
Au milieu d’un stade Artemio-Franchi à moitié vide, Nemanja Nikolić exulte. Au terme d’une action collective de haut niveau, le milieu de terrain monténégrin vient de planter le deuxième but du Dinamo Minsk dans les filets de la Fiorentina. 1-2, score final. Certes, la Viola aligne ce jour-là les inconnus Lazzari et Tatarusanu ou le fantôme de Marko Marin, mais la victoire lors de cette sixième et dernière journée de la phase de groupes de la Ligue Europa 2014-2015 est historique pour les hommes de Uladzimir Zhuravel : c’est d’une part la première fois qu’une équipe biélorusse vient à bout d’une italienne, mais d’autre part, c’est surtout un incroyable saut de 30 ans en arrière, au temps des relatifs succès européens d’une équipe dont les quarts de finale de la Coupe UEFA n’étaient pas une utopie.
Parcours indicible pour des noms imprononçables
Dans les années 80, le nom du Dinamo Minsk veut en effet encore dire quelque chose aux oreilles des plus jeunes fans de foot occidentaux. Et pour cause, à l’époque, le club de la capitale biélorusse a encore une place plus que respectable dans l’échiquier du football européen. Faisant toujours partie de l’URSS, l’équipe d’Eduard Malofeyev parvient à jouer un superbe tour aux historiques Dynamo Kiev, Spartak Moscou et Dinamo Tbilissi en leur subtilisant le titre durant le championnat soviétique 1982. Les Biélorusses deviennent par la même occasion le premier club du pays à remporter ce championnat des « nations » . Minsk s’impose d’un petit point d’avance sur l’ogre du Dynamo Kiev. Le coach Malofeyev est un héros, et est donc recruté quelque temps plus tard pour emmener l’équipe nationale russe à la Coupe du monde 1986.
Qualifié pour l’édition 83-84 de la Coupe d’Europe des clubs champions, le Dinamo réussit directement son entrée en écartant les Suisses du Grasshopper (1-0, 2-2). La réussite du club se fait qui plus est avec des joueurs du cru, vu que les stars du moment sont biélorusses. À l’avant, ce sont les imprononçables Ihar Hurynovich, Pyotr Vasilevsky et Georgi Kondratiev qui font parler la poudre. Derrière eux, Sergei Gotsmanov, Andrei Zygmantovich ou encore Sergei Aleinikov sont les pare-chocs d’un système repris en main par Veniamin Arzamastsev. Au deuxième tour, le Dynamo est quelques crans au-dessus des Hongrois de Gyor, balayés 3-6 à l’aller, 3-1 au retour. Les Biélorusses sont les pionniers de leur pays, puisqu’ils sont désormais en quarts de finale, où ils affronteront le Dinamo Bucarest.
Les Roumains constituent un fameux gros morceau : ils viennent ni plus ni moins d’éliminer Hambourg, le tenant du titre. Et pourtant, en ce 7 mars 1984, c’est le Dinamo Minsk qui va faire trembler celui de Bucarest pendant longtemps. La faute à un but de Hurynovich dès la 7e minute. Mais les locaux ne résisteront pas aux dernières secondes et l’égalisation de Rednic s’avèrera décisive lors du retour que les Biélorusses perdront 1-0. Du côté de Minsk, aucune honte : ce parcours ne peut certainement pas être le fruit du hasard. De fait, dès la saison suivante, le Dinamo poursuit sa période euphorique en atteignant les quarts de finale de la Coupe UEFA après avoir notamment empilé seize buts en six matchs. Cette fois-ci, la route s’arrête contre les Bosniens du FK Željezničar Sarajevo. Ce n’est que partie remise pour Minsk qui retrouve le même stade de la compétition trois ans plus tard, mais en Coupe des vainqueurs de Coupe cette fois, où, devant 50 000 personnes, les Biélorusses courbent l’échine devant le futur vainqueur de l’épreuve, le KV Mechelen.
Fin de l’URSS, avènement du BATE
Régulièrement abonné au top 5 du championnat soviétique, le Dinamo Minsk voit l’avènement d’équipes comme le FC Dnipro Dnipropetrovsk, Žalgiris Vilnius ou le Torpedo Moscou le faire reculer au classement pour terminer à une pâle huitième place lors du dernier championnat soviétique de l’histoire. Après la chute de l’URSS, la Biélorussie s’offre donc son propre championnat, tout bénef pour le club de la capitale qui écrase ses inexpérimentés concurrents pendant sept saisons de suite. En Europe, en revanche, ce n’est plus vraiment la joie : les grands noms ne sont plus là et Minsk semble se ranger tout doucement du côté des équipes dont l’histoire en Coupe d’Europe appartient au passé. Pire : en championnat, l’hégémonie du grand Dinamo commence à être remise en cause, la faute à un club d’ « usines d’équipements électriques pour autotracteurs de Borisov. »
L’année 1996 fait mal au Dinamo, qui voit tout d’abord son icône Valentín Belkevich – 200 matchs, cinq titres – rejoindre le Dynamo Kiev, mais voit aussi le businessman Anatoly Kapski – PDG d’une organisation de composants d’automobile regroupant douze entreprises – racheter le BATE Borisov. Revigoré, le club de la ville industrielle attrape le premier titre de son histoire dès 1999, neuf autres suivront en quinze ans. Peut-être trop sûr de sa force, Minsk s’est endormi sur son palmarès et n’a pas vu l’éclosion des autres clubs lui bouffer petit à petit la couronne. Depuis 2004, le club a beau n’avoir loupé le top 4 que trois fois, les titres rentrent presque tous dans la poche de BATE. Désormais, après des éliminations européennes contre Odense, Tromso ou encore l’Artmedia Petržalka, le seul point commun avec les glorieuses 80s est cette manie de perdre contre des clubs au nom imprononçable.
Par Émilien Hofman