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Les gars, faut qu’on parle…
C’est le grand jour, celui où la France peut remporter la première Coupe du monde de son histoire en dehors de ses frontières. Hugo, Adil, Paul, Kylian, tout le monde : avant d'entrer dans votre finale et dans le lard des Croates, il faut qu’on parle.
Hugo : Tu as mangé une libellule en quarts de finale et la Belgique au tour suivant. Dis-toi que Luka Modrić est un phasme comme un autre et gobe-le. Non ? Très bien, reste dans ton match et sous pression. En cas d’excès de confiance, n’oublie jamais qu’à une époque, tu étais la doublure de Damien Grégorini.
Steve : La sieste est un moment sacré chez les sportifs. Tu en as rentrée une superbe contre le Danemark (0-0), le contexte obligeant vos adversaires et vous à jouer en gardant vos charentaises. Quel plaisir, tout de même, de te voir jouer enfin un match de Coupe du monde ! Quel bonheur, aussi, de se dire que tu n’as jamais pris de but en Coupe du monde de toute ta vie ! Pour ne pas bousiller cette statistique, n’oublie pas de refuser d’entrer en jeu, ce soir, quand Hugo Lloris quittera le terrain pour hémorragie nasale.
Alphonse : On la connaît, l’actu du PSG. Que ton employeur décide de transformer Paris en vulgaire New York Cosmos, c’est son problème. Toi, tu dois te concentrer sur une info qui peut changer le regard que tu arboreras en arrivant dans le vestiaire à la reprise : ce soir, tu auras peut-être soulevé autant de Coupe du monde que Gianluigi Buffon.
Jeff euh… Benjamin : Plus le temps passe, plus les gens qui voulaient lancer un business de fers à friser te détestent. Ah, tu as profité d’une conférence de presse à Istra pour dire que tu n’appréciais pas forcément le surnom de Jeff Tuche qu’Adil Rami t’avait donné. Dis-toi que ce soir, tu pourrais en avoir un autre : Boucle d’Or.
Raphaël & Samuel : Vous avez accepté de grandir en club dans l’ombre de Sergio Ramos et Gerard Piqué. Vous ne vous êtes pas contentés de regarder à quoi servait la testostérone. Vous avez pris des notes, et cet été, vous avez décidé d’en mettre partout. En quarts de finale contre l’Uruguay, c’est toi Raphaël qui ouvres le score sur une subtile tête décroisée. En demi-finales, c’est ton tour, Samuel. Et quelle célébration adorable ! Sympa d’avoir pensé à Yohann Diniz ! Messieurs, n’écoutez pas les gens qui disent que le football se joue avec la tête. Il se joue avec le front.
Lucas : Toi, tu es un chien fou. On a envie d’être ton grand frère, de te mettre des tartes derrière la tête quand tu fais une bêtise et de te hurler dessus pour te transcender dans les moments chauds. En vrai, on ne rêve que d’une chose : que tu abordes ce match en t’imaginant que tous les Croates sont habillés comme ça :
Djibril : Tu voulais récupérer ta place de titulaire contre le Danemark, mais ce n’était pas un match qui servait à ça. Il était là pour dégourdir les jambes des remplaçants dont tu fais désormais partie. Il y a quelques critiques à ton égard, mais ne les écoute pas trop. C’est la météo qui fait flancher les mémoires. Laisse les gens se replonger eux-mêmes dans les archives qui rappellent que tu es le joueur le plus utilisé par Deschamps pendant les éliminatoires.
Benjamin : Tu es venu en Russie à moitié blessé. Peut-on décemment t’en vouloir, tant l’envie de jouer un Mondial a dû te brûler après ta saison de quasi-abstinence à Manchester City ? Non. Doit-on t’applaudir pour l’attitude de remplaçant idéal que tu as adoptée ? Oui. Pour tout ça, mercé. Et prépare-toi à entrer ce soir, Hernandez n’est jamais à l’abri de se prendre un rouge à n’importe quel moment.
Presnel : Tu as goûté à ta première sélection en tant que titulaire face au Danemark, mais ça, c’est une anecdote de ta Coupe du monde. Tu es le DJ du groupe, celui qui doit rendre dingue tes coéquipiers quand tu continues de balancer tes sombres morceaux de rap français à des heures où leurs yeux disent qu’ils ont envie de dormir. Entraîne-toi à vivre avec un brassard autour du bras, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer à l’avenir.
Adil : Tu es le seul joueur de champ à ne pas avoir disputé une seule seconde. Alors prie très fort pour que tes potes mènent 4-0 à la 87e minute ce soir. Puis lève-toi du banc, fais un clin d’œil à Guy Stéphan, qui lui-même passera le message à ton sélectionneur… À part ça, hâte que tu retrouves ta petite femme et qu’elle invite des amis à dîner. Quand tu raconteras que Benji Pavard est surnommé Jeff Tuche, Carmen Electra et David Charvet risquent de sacrément rigoler !
N’Golo : Toi, reste concentré, on a une finale à gagner !
Paul : À une époque où tout le monde cherche à fermer des bouches, à se trouver des vieux ennemis pour leur rappeler qu’ils ont eu tort d’on ne sait pas trop quoi, tu as la décence d’être au-dessus de la mêlée. De jouer, de bien le faire et de ne plus te soucier des analyses souvent mauvaises qui sont faites sur toi. Personne ne te cite pour le trophée de meilleur joueur, même pas toi. Tu n’as pas honte ?
Blaise : Tes grimaces sont des sourires.
Corentin : Tu n’es peut-être que le deuxième plus élégant Corentin de l’histoire de l’équipe de France, mais ce n’est pas très grave. Ce qu’on veut de toi, ce soir, c’est que lorsque Mbappé se sera fait découper parce qu’il l’aura un peu cherché, tu viennes en première ligne, avec Giroud et Hernandez, et tu distribues des regards méchants.
Steven : Faisons un deal : si par hasard, ce soir, tu entres, tu n’auras le droit de te servir que d’une surface de ta chaussure :
? @iamnzonzi15 pic.twitter.com/T9Rctos9uB
— Équipe de France (@equipedefrance) 12 juillet 2018
Thomas : Tu fais partie des Monégasques de cette équipe de France. De ceux qui connaissent par cœur Danijel Subašić. Tu as forcément un truc, un regard, une vanne, une histoire peu glorieuse à son encontre à déterrer cinq minutes avant le coup d’envoi, quand tu le croiseras dans les vestiaires du stade Loujniki. Agis, bordel !
Kylian : La seule fois où la France a gagné une Coupe du monde, son n°10 a claqué un doublé en finale. Point.
Olivier : La seule fois où la France a gagné une Coupe du monde, son n°9 est resté muet pendant toute la compétition. Point.
Antoine : Ton nouveau rôle de mec qui décroche pour mettre le pied sur le ballon, c’est oui. Ton job de « Pascal, le grand frère » avec Hernandez, c’est oui aussi. Mais on ne peut pas tout avoir dans la vie : alors tes célébrations Fortnite, c’est non. Allez, sauf ce soir.
Ousmane : Tu as moins joué que tu l’espérais, c’est comme ça. Tu feras de l’Euro 2020 ta chose, c’est comme ça. En attendant, si tu ne sais pas pour qui jouer, fais-le pour Fantôme :
Nabil : Tu t’es parfois entraîné en K-way malgré les températures estivales. En faisant ça, tu envoies un message de soutien énorme à tous les mecs de France qui ont un peu de bide : ne jamais rien lâcher, s’entraîner et suer. Et puis quand tu entres sur le terrain, il se passe toujours un truc. Si tu veux rappeler à la planète que les gauchers sont plus doués que les droitiers, tu as le droit de le faire ce soir.
Florian : C’est OptaJean qui le dit : tu es le seul joueur de l’équipe de France à n’avoir perdu aucun ballon et à avoir réussi 100% de ses passes durant ce Mondial. Dès que tu auras posé les pieds en France, prends rendez-vous avec un tatoueur (tu dois bien avoir des collègues à Marseille qui ont des adresses à te filer) et fais-toi inscrire ces informations. En cyrillique, évidemment.
0 – Florian Thauvin est le seul joueur de l’équipe de France (min. 1 match) n’ayant perdu aucun ballon & ayant réussi 100% de ses passes (1/1) lors de ce Mondial 2018. Chasuble.#AskOptaJean https://t.co/c0I8M3PBNh
— OptaJean (@OptaJean) 13 juillet 2018
Par Matthieu Pécot, à Moscou