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Les gardiens de la Galaxcity
Jason Denayer est un salarié en colère. Alors qu'il voulait rejoindre l'OL en prêt, le défenseur qui appartient toujours à Manchester City a vu son club lui apposer un veto, lui demandant de rejoindre le Gerona FC, fraîchement promu en Liga. Un cas qui explique bien l'évolution de la politique City.
C’est l’un de ses premiers coachs qui le dit : « Il a beau faire calme, il y a un lion en lui, un très grand lion ! » Il y a quelques années encore, Jason Denayer n’était qu’un gosse, un mec débarqué de la JMG Académie. « Quand je suis arrivé à Manchester City, on m’a accueilli comme si je faisais partie de la famille » , expliquait-il lors de l’été 2012 à la RTBF. En quelques mois, il était devenu une belle promesse, couvée au cœur de l’Elite Development Squad de Patrick Vieira, et avait même été nommé dans la catégorie « meilleur joueur de la saison » de l’académie. Au fond, tout le monde était sûr : Denayer n’avait plus qu’à attendre son heure. Puis, la boucle. Il a signé pro en 2014 et a enchaîné les prêts. Il y a eu le Celtic, avec qui il a été élu meilleur jeune du championnat d’Écosse, Galatasaray et Sunderland, la saison dernière. Et maintenant ? Maintenant, Jason Denayer en a marre.
« Le problème, c’est que City ne veut pas me vendre. Ou alors à des conditions impossibles pour les clubs acquéreurs, avec une clause de rachat quasiment identique au prix de vente. Concrètement, cela signifie que les Mancuniens ne sont pas trop chauds pour un transfert définitif et qu’ils préféreraient un prêt. Je ne suis pas contre, mais alors j’aimerais pouvoir choisir. » Le défenseur international belge est comme Florent Pagny, il tient à sa liberté de pensée et c’est louable. Problème, Denayer est à Manchester City, et à City, le salarié n’a pas toujours son mot à dire. « Lyon, ce serait le point de chute idéal pour moi. Un club ambitieux dans un championnat attractif. Le club et moi étions d’accord, mais City a opposé son veto et insiste pour que j’aille en prêt à Girona…(…)Si la situation ne se décante pas, j’irai à Girona, mais ce ne sera pas de gaieté de cœur. » De quoi filer du biscuit à François Ruffin, mais un épisode qui permet aussi à Jason Denayer d’enfiler la veste de symbole d’un club qui est devenu en quelques années un peu plus qu’une simple entité. Bienvenue dans la Galaxcity.
Pere et frère
Le principe est assez simple : City achète un joueur, ou plutôt parie dessus, voit ce qu’il a dans le ventre en le prêtant quelques mois au Girona FC et si ce dernier n’est pas assez costaud pour se frotter à la Premier League, il est revendu plus cher. Voilà maintenant plusieurs années que le club espagnol, qui disputera dans quelques semaines sa première saison dans l’élite, est devenu une filiale qui ne cache désormais plus son nom de Manchester City. En août 2015, Chidiebere Nwakali, Rubén Sobrino et Florian Lejeune – qui venait d’être acheté au Girona FC – avaient été prêtés en Espagne. Un an plus tard, c’était au tour du jeune Pablo Marí et de Pablo Maffeo. Puis, il y a aussi eu Angeliño. La base de l’entente n’est, elle, pas non plus très compliquée à saisir. Au milieu de l’année 2015, le Girona FC est plombé par une dette énorme – 4,5 millions d’euros – et est alors racheté par les deux propriétaires du groupe Media Base Sports. Qui ? Jaume Roures et un certain Pere Guardiola, frère de Pep et ami de la doublette Soriano-Begiristain, soit le directeur sportif et le manager général de Manchester City. Au contraire du partenariat mis en place avec le Melbourne City FC, le New York City FC ou le Yokohama F. Marinos, celui-ci est officieux. L’idée est simplement de renforcer un club qui cherche à grimper rapidement en Liga, tout en l’aidant à se structurer. Si Jason Denayer file en Espagne, c’est également pour amener son expérience. Reste qu’aujourd’hui, le partenariat est en passe de s’officialiser. Plusieurs sources évoquent des accords sur un nombre de prêts par saison notamment.
Apprendre à Bréda
C’est en réalité ce que vient de mettre en place Manchester City avec le NAC Breda, aux Pays-Bas, à l’image de l’entente Chelsea-Vitesse. Fin mai, le Manchester Evening News révélait les détails d’un contrat signé en avril entre les deux clubs : chaque saison, City devra prêter entre quatre et six joueurs, âgés entre 18 et 21 ans, au pensionnaire d’Eerste Divisie (D2). Ainsi, Pablo Marí, Paolo Fernandes, Angeliño et Thierry Ambrose ont déjà filé à Bréda. James Horsfield, Brandon Barker, Thomas Agyepong et Ashley Smith-Brown en reviennent, et Manu García, arrivé en janvier dernier, restera aux Pays-Bas jusqu’en juin 2018. Oui, la relation se passe pour le mieux même si Stijn Vreven, coach à nuque longue du NAC Breda, a déjà fait part à plusieurs reprises de ses doutes sur le niveau réel de certains joueurs prêtés par City. Progressivement, la Galaxcity s’organise dans un cadre qui n’a rien d’illégal, mais qui joue doucement avec le statut du joueur de foot. Venir à City, c’est bien, s’y préparer, c’est mieux. Même quand on a un cœur de lion.
Par Maxime Brigand