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Les frères Lescott

Par Mathieu Faure
5 minutes
Les frères Lescott

Joleon Lescott a 29 ans, il a grandi dans l'ombre des Rio Ferdinand, John Terry et Jamie Carragher. Pourtant, contre la France, le défenseur de Manchester City sera titulaire. Ou comment son grand frère, Paul Ince et une saloperie de voiture auront drivé le môme de Birmingham jusqu'au sommet du football anglais.

15 Août 2009, Everton se fait froisser à domicile par Arsenal six buts à un. Peu de temps après ce viol, Joleon Lescott prend la direction de Manchester City moyennant 25 millions d’euros. Pour David Moyes, le coach des Toffees, les deux événements sont liés. Intimement même. En privé, le coach écossais fustige l’attitude de son défenseur. Les mots « ego« , « sale attitude » et « mauvais personnage » seraient même sortis de la bouche du rouquin dans le vestiaire. Des mots qui n’ont pas eu l’effet escompté sur l’international anglais. Au contraire. Le mec est blindé mentalement. Alors qu’il s’apprête à débuter l’Euro dans la peau d’un titulaire, Lescott est un miraculé. Un vrai.

En 1987, le jeune Joleon a cinq piges. Comme tous les gamins de son âge à Birmingham, il adore Aston Villa et taper le ballon dans la cour de l’école. En sortant de son établissement scolaire, le jeune Joleon se fait faucher par une voiture et traîner sur une bonne vingtaines de mètres, le tout devant sa mère. Grièvement touché – il en garde encore les stigmates sur son visage – le môme est conduit aux urgences où il passe sur le billard pendant de longues heures. La famille Lescott doit gérer ce coup dur. Joleon, lui, ne s’en souvient pas tellement. « C’était beaucoup plus difficile pour ma famille que pour moi. Je n’avais que cinq ans et je ne m’en souviens pas tellement, épluche le joueur dans The Independent. Je suis resté à l’hôpital pendant quelques mois. C’était dur pour ma mère, mon père et toute la famille, mais cette épreuve nous a rapprochés. Depuis, on s’apprécie avec nos qualités et nos défauts. On sait que la vie peut tout nous reprendre du jour au lendemain. » De ce drame, les parents Lescott vont en sortir une doctrine, un mode de vie : rester soudés.

Paul Ince, l’entremetteur

Alors que le jeune Joleon se familiarise avec les joies du ballon, le grand frère, Aaron – né en 1978 – commence à se faire repérer par le club local d’Aston Villa. C’est le déclic pour le benjamin. Il sera footballeur. Comme son reuf. En 2006, interrogé par le magazine anglais Four Four Two, l’actuel défenseur de City avouait sans se faire prier que le seul héros véritable de sa vie avait les mêmes géniteurs que lui. Une manière de rendre hommage à son premier mentor. Le second est plus inattendu. Il s’appelle Paul Ince. L’ancien grognard de Manchester United période Cantona termine tranquillement sa carrière de joueur à Wolverhampton. Lescott, lui, débarque à peine dans l’équipe première et enchaîne les matches.

À 24 ans, il commence en à avoir ras-le-cul de la seconde division. Everton le sonde, mais hésite à signer un défenseur central qui revient d’une grave blessure (ligaments du genou) et sans expérience de Premier League. Lescott n’est pas trop chaud non plus. Le football, ce n’est pas son truc, en fait. À 13 ans, alors qu’il est jeune stagiaire chez les Wolves, Joleon décide de tout arrêter pendant un an, préférant s’inscrire en corpo avec ses potes pour jouer les matches du samedi où il occupe le poste de milieu de terrain. Alors, quand Everton vient aux nouvelles dix ans plus tard, Ince le conseille et l’incite à franchir le pas. Pendant trois saisons, le mec se forge une sacrée réputation dans le club de la Mersey. Solide, rarement blessé, efficace dans sa surface, Lescott tient la route. Le pari est réussi.

Le SWAT à la sortie de l’avion

Pourtant, les débuts avec Everton sont difficiles. Lors d’une tournée d’avant-saison avec les Toffees à Dallas, le joueur doit passer par la rituelle chanson d’arrivée. Une montagne pour ce grand gaillard discret et silencieux. « Pendant deux jours, je n’ai pensé qu’à ça. Je voulais me faire porter pâle. J’avais comme une boule au ventre, se souvient-il dans le Daily Mail. J’ai cherché une chanson que tout le monde connaissait. Le moment fatidique est arrivé dans un restaurant où j’ai fini sur une fontaine avec les nouvelles recrues Andy Johnson et Tim Howard. » La chanson ? Wonderwall d’Oasis, des fervents supporters de Manchester City. Comme quoi, le hasard… Même s’il garde un bon souvenir de ce bizutage, il faut mieux éviter de parler des États-Unis avec le stoppeur. Peu de temps après le 11 septembre, les Lescott décident de prendre l’avion pour New York. Joleon, alors jeune apprenti chez les Wolves, fait le voyage avec Lee Naylor, son pote de promo aujourd’hui au Celtic. Durant le vol, le pilote actionne accidentellement le bouton « vol attaqué par des terroristes » . C’est la panique et JFK refuse l’atterrissage du Boeing. S’en suit un bordel monstre dans lequel l’avion se retrouve escorté par des coucous militaires pour finalement atterrir à Nova Scotia (Canada) afin d’y être accueilli par des membres du SWAT. De New York, Joleon Lescott ne verra jamais la couleur.

C’est un peu à l’image de sa vie. Le mec n’avait aucun plan de carrière, aucune destinée, il a tout fait au mental. D’autant que ses parents n’ont jamais voulu privilégier un frère par rapport à l’autre. Encore aujourd’hui, les deux parents se rendent une semaine sur l’autre chez leurs enfants. C’est ainsi que les parents Lescott sont capables d’enquiller un dimanche à l’Etihad Stadium pour voir le cadet devenir champion d’Angleterre, avant de se rendre, la semaine suivante, à Halesowen, en septième division, pour admirer le grand frère, Aaron, jouer sur le terrain d’un championnat miteux. Ce soir, contre la France, nul doute que toute la famille aura fait le déplacement en Ukraine pour voir joueur le crack de la famille. Il y a dix jours, Joleon aurait dû commencer le match sur le banc. Depuis le forfait de Gary Cahill, il est quasiment assuré d’une place de titulaire pour tout l’Euro. Un putain de miraculé, donc.

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