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Les folles histoires des coachs de QPR

Par Victor Le Grand et Markus Kaufmann
Les folles histoires des coachs de QPR

Forcément, 130 ans d’histoire, ça fait beaucoup d’entraîneurs. Lors des cinq dernières années, le club de West London a connu treize changements de managers, soit autant que Manchester United en 86 ans. Un coup de boule, des coups de pute, des vols de mannequins en plastique, des menaces de mort... Harry Redknapp est prévenu.

« Les historiques »

Alec Stock (1959-1968) « Le football est une affaire de dextérité, d’humour, d’expression et de divertissement. » Cela ne dit peut-être rien, ou tout à la fois, il n’empêche qu’Alec Stock – labellisé « plus grand entraîneur des Rangers » – peut s’enorgueillir d’avoir théorisé son propre football. Et dépoussiéré au passage la salle des trophées de QPR : une Coupe de la Ligue anglaise remportée en 1967 et une promotion en première division. Asthmatique, mais n’ayant jamais loupé un entraînement de sa vie, il sera saqué quelques semaines plus tard pour raisons de santé. « J’ai été traité comme si j’avais volé la caisse » , s’émouvra-il dans son livre. « Comme m’a toujours dit ma femme :Tu as gravi les montagnes pour y trouver au sommet un gros un tas de merde. » »

Dave Sexton (1974-1977) En trois petites années, Dave Sexton, qui nous a quittés le week-end dernier, est devenu une légende des QPR. Non pas pour son palmarès, resté vierge comme une effarouchée, mais pour avoir bidouillé « l’équipe la plus divertissante des années 1970 » . C’est Dave Thomas, son ancienne vedette, qui lâchera ce qualificatif, sans doute reconnaissant d’avoir travaillé sous les ordres d’un féru de philosophie, de poésie, et biberonné au football par un prêtre jésuite qui martèlera à l’Angleterre du kick’n’rush, qu’une alternative continentale est possible : quelques passes soignées, une grosse possession de balle et un programme d’entraînement intensif. « Un jour, il remarqua les mannequins en plastique d’une équipe de deuxième division allemande, qui les utilisait pour s’entraîner aux coups francs. Il était fou. Ça n’excitait pas en Angleterre, ajoute Thomas. Alors il décida de les voler. Vous auriez dû voir la gueule des douaniers à l’aéroport… » Un tacticien, on vous dit…

Terry Venables (1980-1984) « C’est incompréhensible et je le comprends. » C’est peut-être grâce à ce genre de phrases que Terry Venables a réussi à prendre les rênes de QPR en 1980. Par miracle et par besogne, il atteint la finale de FA Cup deux ans plus tard, mais s’incline face à Tottenham. La saison suivante, il fait remonter les Rangers dans l’élite. Tantôt manager, tantôt écrivain, homme de télévision et créateur de jeu de société, « El Tel » est aussi un chanteur aguerri qui se hissera en 2010 au 23e rang des charts anglais, avec une reprise d’If I Can Dream d’Elvis Presley. Le pire, c’est que ce n’est pas si mauvais…

La période Briatore-Ecclestone

En octobre 2007, Flavio Briatore et Bernie Ecclestone débarquent à la tête du club de Loftus Road. Évidemment, ils n’ont aucune expérience de la gestion d’un club de football. Évidemment, ils font n’importe quoi. Le 1er octobre, John Gregory, qui venait de sauver le club de la relégation, est viré. Gianni Paladini, directeur général, prend ses responsabilités : « Dans le football, il faut gagner des matchs. Sinon, il y a un problème. » Imparable. Commencent alors quatre saisons folles, qui auront vu onze changements de managers,et finiront sur la fameuse remontée en Premier League en 2011.

Ian Holloway (février 2001 – février 2006) « Nous nous sommes donné un mal de chien, mais aujourd’hui, nous avons notre os ! J’ai envie d’aboyer ! » Prononcée un soir de promotion en 2004, cette tirade résume l’histoire du passage de Ian Holloway à QPR. Un ovni parmi les ovnis, un fou entouré de fous, un type qui a du reste permis au club de se stabiliser en seconde division pour encore quelques années, ce qui n’est déjà pas si mal. Pour quelques rumeurs insistantes l’envoyant du côté de Leicester, il se fait virer en 2006 par Gianni Paladini, directeur général du club. En direct des sanitaires : « J’étais assis sur mes toilettes – en fait, je ne pouvais pas quitter les toilettes, j’avais la diarrhée. Et Paladini m’appelle : « Putain de bâtard, je vais te tuer… Où êtes-vous putain ? », raconte Ian.Et votre femme ? Qu’elle aille baiser les loups de l’enfer avec vous. » Sexy.

Luigi De Canio (octobre 2007 – mai 2008) Un mois après Gregory, Briatore signe un gros coup en nommant l’Italien Luigi De Canio à la tête de l’équipe. Pour la première fois, le coach de QPR n’est ni britannique, ni irlandais. À la même époque, Capello vient de devenir sélectionneur de l’équipe d’Angleterre. Luigi prend le micro : « Je suis très fier et heureux pour Capello, mais je dois dire que je suis très fier et heureux pour moi-même, en tant que premier Italien à travailler ici (en Premier League) en venant d’Italie. » Selon Luigi, Vialli ne compte pas car il n’a pas entraîné en Italie avant. Et Ranieri ne compte pas non plus, pour aucune raison, cette fois. De Canio part à la fin de la saison, afin de régler des « problèmes de mariage » en Italie…

Paulo Sousa (novembre 2008 – avril 2009) Après le passage de Iain Dowie, qui détient le meilleur pourcentage de victoires de l’histoire du club (53%), on annonce du Roberto Mancini ou encore un fabuleux tandem Costacurta-Vialli. Mais c’est finalement Paulo Sousa qui arrive, une façon d’offrir à la deuxième division anglaise un ersatz de José Mourinho. Les joueurs l’aiment, les fans l’aiment, mais la direction l’aime moins. Cinq mois plus tard, il annonce publiquement le prêt d’un joueur avant de mettre sa direction au courant. Briatore voit là une occasion de faire son Abramovitch et vire son faux Mou pour « avoir divulgué des informations hautement confidentielles » .

James « Jim » Magilton (juin-décembre 2009) Jim et son look de rugbyman arrivent en juin 2009, après trois années à la tête d’Ipswich. Le 9 décembre, ses hommes s’inclinent 5-1 face à Middlesbrough. Le ton monte dans les vestiaires et Magilton pose une question au Hongrois Akos Buzsaky, qui lâche un petit « whatever » plein de dédain. Jim de lui répondre d’un honnête coup de boule. Fuites dans la presse, pressions, rumeurs folles s’ensuivent… Magilton est viré une semaine après. « Une différence d’opinion » est évoquée. Finalement, il s’agit peut-être de la seule vraie raison de licenciement de la période Briatore-Ecclestone.

Paul Hart (décembre 2009 – janvier 2010) Paul Hart aura tenu cinq matchs, soit vingt-huit jours, et remporté un match. Encore aujourd’hui, on ne connaît pas la véritable raison de ce passage éclair. Certains affirment que la cause de son départ serait une pression d’Adel Taarabt, mécontent de son temps de jeu avec le nouveau coach (deux titularisations en cinq matchs). D’autres estiment que Briatore, trop occupé avec le scandale Renault Crashgate, n’aurait pas eu le temps de jeter un coup d’œil aux affaires du club en décembre. Du coup, quand il rentre en janvier et qu’il voit qu’un nouveau manager est arrivé et n’a gagné qu’un match sur cinq, il le vire. Un vrai killer.

Mick Harford (octobre 2007, et janvier-mars 2010) Mick Harford aura pris la tête des Rangers deux fois dans sa carrière. Les deux fois, c’était à titre provisoire. La première fois, il tient un mois après le départ de Gregory. La seconde, il affirme être prêt à réaliser de grandes choses : « C’est un club que je connais. Je sais comment il est dirigé, je connais les gens, je connais les joueurs, je connais la situation. Briatore est un ami personnel, je le connais depuis très, très longtemps. » Il est saqué un mois et demi plus tard. Neil Warnock (mars 2010 – janvier 2012) 1er mars 2010. Souriant, plaisantin, le survêtement impeccable ciselé jusqu’au nombril, Neil Warnock vient signer un bail de trois ans en faveur de QPR. Trois ans, soit le temps d’y imposer son charme gouailleur, de durcir l’effectif, de donner les clés du jeu à Adel Taarabt, de grimper en Premier League et de s’amouracher avec d’El-Hadji Diouf : « J’ai toujours pensé que ce type était une gouttière. J’allais appeler ça un rat d’égout, mais cela pourrait être insultant pour les rats dégout. Qu’il aille jouer à l’étranger, je ne manquerai pas de le regarder… » Alors qu’il n’est même pas en position de relégable, il se fait larguer « à la Kombouaré » en janvier 2012. Et est remplacé par Mark Hughes, avec le destin qu’on lui connaît…

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