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Les fiches de la saison 5 du Bureau des Légendes
La saison de foot arrêtée, celle du Bureau des légendes, frappée du numéro 5, est plus attendue que jamais. Pour son grand retour, l’équipe de choc, coachée par Éric Rochant, méritait bien une revue d’effectif.
Mathieu Kassovitz, aka Guillaume Debailly, aka « Malotru »
L’analyse tactique : Un homme capable de résoudre avec maestria les problèmes qu’il s’est lui-même créés est-il un génie tactique ou un imposteur ? Rock-star de la série et véritable maître de l’autodestruction, Guillaume Debailly est le prodige que l’on déteste aimer. Personnage clivant, mais apôtre du beau jeu, Malotru a sombré, saison après saison, dans une tactique où les coups de panache côtoient les coups de déprime. Entre le football champagne et le football xanax, Mathieu Kassovitz est l’assurance du spectacle mariée à l’incertitude du résultat. Le Marcelo Bielsa de la DGSE.
Ce qu’il a fait pendant la trêve : Laissé pour mort quelque part en Ukraine, Guillaume Debailly aka « pain in the ass », a eu tout le temps de réfléchir à son nouveau plan machiavélique pour faire chier l’intelligence mondiale. Viré par la MLS et courtisé par la Ligue 1 depuis son passage remarqué au Dynamo Moscou, Malotru a profité de la trêve pour recoller les morceaux de sa vie. Un puzzle de 100 000 pièces dont le tableau final a tout intérêt à être autre chose qu’un dîner ringard dans un café parisien avec sa fille, Prune, et Nadia El Mansour. Joueur d’expérience, Mathieu Kassovitz s’est également affûté. Au cas où, après le kidnapping par Daech et la prison russe, cette nouvelle saison aurait encore des airs d’épopée européenne.
Aptitude à survivre à la saison 5 : 50%. Il y a eu Parker Lewis ne perd jamais. Il y a « Malotru ne meurt jamais ». Si les ultimes minutes de la saison 4 suggéraient une éventuelle mort de Guillaume Debailly, personne n’est dupe quant au fait que ce nouvel opus va s’articuler autour de sa recherche. Une quête haletante dont l’issue est à l’image du reste de la série : peu prévisible. C’est donc une séance de tirs au but que nous propose Éric Rochant : soit Malotru meurt en champion comme Zizou en 2006, soit il survit encore quitte à ce que ce soit trop beau. Alors, pile ou face ?
Florence Loiret-Caille, aka Marie-Jeanne Duthilleul
L’analyse tactique : Dure sur l’homme, plus dure sur elle-même. Marie-Jeanne c’est la fidélité, le dévouement et l’intelligence de l’ancienne école (l’école Duflot) alliés à une pudeur et des failles qui lui sont propres et qui en font un manager de grand talent. Une grande gueule sensible avec un cerveau qui mouline. Comme si les coachs de Ligue 1 membres du « FC Intérimaires », ceux qu’on appelle à la rescousse pour sauver une écurie dans la panade, réfléchissaient et bâtissaient en plus de dire / « il faut le faire pour les supporters, vous avez des couilles ou non ? » Profondément seule et mal à l’aise dans la lumière, Marie-Jeanne préfère être respectée de peu qu’aimée de tous. La Jean-Louis Gasset du BDL.
Ce qu’elle a fait pendant la trêve : En conflit ouvert avec « JJA » , Marie-Jeanne était celle qui avait le plus besoin de ce break. Pourtant, la trêve a été studieuse pour l’héritière de Jean-Pierre Darroussin. Sur la sellette durant une bonne partie de la saison 4, « MJD » sait que sans travail tactique haut de gamme, elle va quitter le boulevard Mortier pour rejoindre le Pôle Emploi. Des vacances studieuses donc, pour la patronne, qui comme elle le déteste tant, aura tous les yeux braqués sur elle dès ce lundi soir.
Aptitude à survivre à la saison 5 (en %) : 30%. S’il n’y a pas de match facile dans le Bureau des légendes, Marie-Jeanne bénéficie sans aucun doute du calendrier le plus difficile. À la tête des opérations pour retrouver un Malotru avec qui elle entretient des liens extra-professionnels qu’on a toujours soupçonnés et qui ont été confirmés dans la saison 4, elle devra également triompher du conflit interne qui l’oppose à Mathieu Amalric. Le programme est donc le suivant : se farcir la CIA et retrouver Malotru en Russie malgré le KGB, en se faisant savonner la planche par un génie du mal. Si Henri Duflot surveille Marie-Jeanne de son canapé au paradis, le moment est venu de lui donner un petit coup de main.
Sara Giraudeau, aka Marina Loiseau, aka « Phénomène » , puis « Rocambole »
L’analyse tactique : Quoi de plus dangereux sur un terrain que le joueur qui a l’air nul ? Rien. Avec ses airs qui laissent à penser que Voltaire a écrit L’Ingénu pour elle, Marina a su déjouer la quasi-totalité des pièges tendus par ses redoutables adversaires. Avec pour seul échec son déplacement compliqué en Azerbaïdjan pour y affronter le Mossad, à remettre dans un contexte post-traumatique après son succès en Iran, Marina Loiseau apparaît comme le petit génie de la DGSE. Un mélange de pureté absolue et de vice malgré elle, cocktail idéal pour déjouer tous les pièges dressés sur sa route. Une équipe qui joue avec ses émotions. Et qui joue bien. Comme quoi, la fragilité est une arme.
Ce qu’elle a fait pendant la trêve : Fraîchement rentrée de Russie avec une escale par l’Ukraine, Marina a d’abord imprimé une photo de Malotru, puis acheté une cible de fléchettes pour pouvoir lui en mettre plein la gueule. Capable d’apprendre le farsi en deux semaines et de devenir sismologue en trois mois, Rocambole a déjà le potentiel pour devenir championne du monde de fléchettes quand elle réalise qu’elle n’en veut plus à Debailly, mais à elle-même. Accro au boulot, mais maudite en amour, elle n’a qu’une hâte : se reconstruire une légende pour pouvoir oublier sa dernière aventure russe. À moins que…
Aptitude à survivre à la saison 5 : 90%. Et si c’était sa saison ? À ce personnage à qui il ne manquait qu’un peu de méchanceté pour venir assaisonner une vie trop parfaite jusqu’ici, Malotru est venu donner de la rancœur. Déterminée à jouer un rôle clé dans ce qu’elle croit à tort être une « famille » (cf le teaser), Marina ne va pas enfiler son jean slim et ses baskets pour faire la sismologue. Clairement, elle est là pour niquer des mères.
Jonathan Zaccaï, aka Raymond Sisteron
L’analyse tactique : L’homme de terrain. Quitte à y laisser une jambe, des larmes et des enfants pas reconnus. Avec son nom à jouer dans 3 zéros, Raymond Sisteron a tout pour être le coach en survet’ qu’on adore. Un passionné du jeu à la Jean Fernandez. Un passionné de la vie comme Ronaldinho, aussi. Mi-homme, mi-zizi, il comble sa solitude et son manque de confiance en lui en défiant le sacrosaint « NZIJ » : no zob in job. Une attitude qui aurait pu lui coûter cher avec Lise Bernstein, mais qui ne doit pas phagocyter le personnage clé qu’il est. Pierre angulaire de la série, Raymond fait le lien entre tous les personnages et apporte une touche d’humain et d’humour nécessaire à la série.
Ce qu’il a fait pendant la trêve : En délicatesse avec sa prothèse en fin de saison 4, Jonathan a fait comme Hiroki : il est passé sur le billard. Seul bémol pour cet addict aux sucreries, la pause est toujours synonyme de prise de poids. Pas sûr que Marie-Jeanne ait besoin de ça au vu de ce qui attend l’équipe dès lundi soir.
Aptitude à survivre à la saison 5 : 80%. Au vu du passif de Rocambole avec la Russie et de la jeunesse de César, qui devrait toutefois être titularisé, Sisteron a de grandes chances de jouer un rôle crucial dans le dispositif tactique de Marie-Jeanne. Revenu de l’enfer de Daech et d’une zone de guerre en Syrie, Raymond ne craquera pas lors de cette saison 5. Au moins sur le plan du boulot. Parce que côté cœur, pas sûr qu’il apprécie l’arrivée de Louis Garrel dans le casting.
Artus, aka Jonas
L’analyse tactique : On entendait à peine les supporters ringards chanter « Un Big Mac, pour Jonas » que le génie à lunettes de la DGSE leur a cloué le bec. Véritable Diego Simeone de la saison 4, il a su mêler intelligence tactique, interrogatoires musclés et courage en zone de guerre. Pas mal pour un mec de bureau. Bourré de tocs et d’incertitudes, Jonas est aussi proche du peuple que de ses collègues. Un homme qui rentre en métro chez lui après avoir déjoué une attaque terroriste. Un homme qui s’envoie des îles flottantes à la cantine le midi, en demandant à sa voisine si elle écoute du Kendrick Lamar. Un crack.
Ce qu’il a fait pendant la trêve : Laver ses slips. Clairement, la saison 4 n’a pas été de tout repos pour l’ami Jonas. Passé des bureaux aux terrains minés de Syrie, protégé par un homme que l’on respecte, mais qu’on arrive difficilement à voir autrement que comme « le type de Sous le soleil », Artus avait besoin de souffler un coup. Le temps d’oublier qu’il a failli sauter dans un véhicule avec un terroriste français et qu’il commençait à bien aimer une rebelle syrienne qui s’est tragiquement donné la mort.
Aptitude à survivre à la saison 5 : 100%. Le futur taulier. Fort de l’expérience emmagasinée lors de la saison 4, Jonas va occuper un rôle prépondérant dans ce nouvel opus. Un rôle au bureau, évidemment, mais aussi en dehors. On prend le pari sur une histoire d’amour pour notre Jojo national cette année.
Mathieu Amalric, aka Jean-Jacques, aka « JJA »
L’analyse tactique : La preuve que « à l’ancienne » n’est pas qu’un album de DJ Abdel. Avec sa froideur qui n’a d’égal que sa rigueur, Jean-Jacques est du genre à penser qu’il n’y a qu’une manière de penser : la sienne. Élevé à la dure, à l’école russe, « JJA » préfère mourir seul avec ses funestes idées que de vivre avec celles des autres. Coincé quelque part entre le catenaccio et le 4-4-2 de Sacchi, Mathieu Amalric est l’histoire essentielle pour expliquer le Bureau des légendes d’aujourd’hui. Pour le meilleur et pour le pire.
Ce qu’il a fait pendant la trêve : Il a bu quelques gin-tonics et mangé du magret de canard à la cocotte. Sans jamais se tacher. Sans jamais penser à la peine qu’il pourrait faire aux autres. Puriste devant l’éternel, « JJA » attendait patiemment de pouvoir en découdre à nouveau avec tous ceux qu’il méprise afin que le bien puisse enfin triompher du mal.
Aptitude à survivre à la saison 5 : 50%. Un peu comme pour Malotru, cette saison est la saison du « tout ou rien » pour « JJA » . Poussé dans ses retranchements par une Marie-Jeanne solide et revancharde, Jean-Jacques a toutes les raisons d’être au centre de l’attention. En effet, avec l’action qui devrait majoritairement se passer en Russie – sa zone de prédilection – pour la quête de Guillaume Debailly – son ancien padawan -, Mathieu Amalric réussira ou verra son influence décrédibilisée après ces dix épisodes.
PS : avec une pensée pour César, qui pourrait bien être le golden boy de la saison 5. Pour Sylvain Ellenstein, qu’on verrait bien travailler pour l’Opta. Pour Daisy, dont on n’est toujours pas sûr que son nom de famille soit Mbappé. Pour « Pépé » et « Mémé » , sorte de Romain Thomas et Vincent Manceau du Bureau des légendes. Et, évidemment, pour Jean-Pierre Darroussin, dont l’amour du foot et de l’OM auraient mérité qu’Henri Duflot soit vivant.
Par Swann Borsellino