Les fêtes de Noël, un calvaire pour les amateurs du foot

La coupe est pleine Mettons-nous d’accord, il ne s’agit malheureusement pas de raconter comment vous avez remporté le trophée de district ou un challenge de foot à 7, vous savez, celui posé négligemment sur votre armoire, à coté des livres de John King et de la bio de Larios. Non, cette année, il y aura forcément au moins une référence au cours du repas à l’épopée russe des Bleus, parmi les meilleurs souvenirs de 2018. Que ce soit amené par le beau-frère qui n’a pas dégommé une lucarne depuis la cour de récré ou encore le nouveau boyfriend de votre sœur qui a posté sa photo sur les Champs-Élysées avec 200 likes, pendant que vous vous échinez encore à trouver les bonnes chaussures pour la saison prochaine sur le Bon Coin. Il faudra se montrer tolérant et éviter de souligner d’un ton sardonique que personne n’a réussi à offrir dans les temps un vrai maillot à deux étoiles au gamin.

Les cadeaux de dernière minute Personne n’est parfait d’ailleurs concernant le chapitre des offrandes sacrificielles de décembre, il vous a manqué une meilleure tactique pour mieux gérer votre temps de jeu. Bref, vous avez basé vos choix sur la certitude, certes naïve, que votre passion pour le ballon rond était aussi largement partagée que le laissent croire les sondages et les plateaux télé. Une histoire populaire du football de Mickaël Correia pour le prof d’EPS pseudo-intello qui sortira que ce sport abrutit les masses et empêche ses élèves de kiffer son initiation à la thèque. Le maillot du PSG floqué Rabiot pour le jeune divorcé qui est venu seul, et pour finir un quiz foot pour que beau-papa arrête de vous taper dans le dos comme si vous étiez potes parce qu’il sait que Maradona a marqué un but de la main.

Passer le barrage des gilets jaunes L’autre incontournable. Tout le monde vous demandera si vous n’étiez pas trop triste de tous ces matchs de Ligue 1 annulés pour cause de manifestations. Comment leur faire comprendre que vous avez surtout pleuré de rater votre dernière rencontre dans l’Eure parce que le rond-point était bloqué par des types qui en plus exigeaient que vous mettiez leur couleur, que l’équipe a dû déclarer forfait et que maintenant vous n’êtes plus que troisième. Alors que, pour le coup, personne ne comprend mieux leur colère sur le prix de l’essence que le type qui doit traverser tout le département pour 90 minutes de boue et de rythmes cardiaques incertains.

Et surtout, la santé Quand viendra l’heure inévitable de vous restreindre, de refuser la dinde trop sèche ou le dixième toast de foie gras de chez Monoprix, sans oublier le champagne qui est au luxe ce que 50 Nuances de Grey est au SM, vous sortirez la punchline de l’année 2018 de tout footeux qui se respecte un tant soit peu : « Quand on a joué dix ans sur les terrains synthétiques, une cirrhose devient la dernière de vos préoccupations. » Personne ne comprendra, vous aurez néanmoins accompli votre devoir envers les vôtres.

Jouer la prolongation Le réveillon s’éternise forcément. Les gamins jouent aux toupies Beyblades ou à TK19, tandis que chacun essaie de lutter contre le sommeil. Il vous reste les réseaux pour démontrer paradoxalement à tous que vous avez aussi une vie sociale, en tout cas quelque chose à partager. Toutefois, quand ils ou elles publient en rafale les photographies de sapin avec filtres d’ambiance, les papiers cadeau délicatement ornés d’une légende second degré ou leur robe et tennis blanches, vous balancez des vannes et des selfies désespérés à vos potes sur le groupe WhatsApp de l’équipe en chambrant les adversaires de l’ASPF ou du FC RTT dont vous pistez la soirée sur leurs comptes perso. C’est votre seconde famille après tout. Rachid Mekhloufi, le football et la révolution