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Les fantasmes brésiliens du FC Nantes
Le mercato des Nantais est plutôt animé, et deux défenseurs brésiliens ont déjà fini dans le panier à courses de Kita. Pourtant, presque tous les joueurs venus du Brésil pour jouer au FCN se sont plantés avant eux. Piqûre de rappel, entre joueurs de futsal, surnoms tapageurs et appareils dentaires.
Le FC Nantes n’a pas traîné pour faire ses emplettes. À peine le mercato commencé et la chasse déclarée ouverte, les Canaris annonçaient une première recrue, le défenseur brésilien Diego Carlos. Un loustic de 23 ans plutôt balèze, qui affiche un solide 1m85 et 80 kilos, et qui aime un peu trop se servir de son coup d’épaule, comme le montrent les 9 cartons jaunes et les 3 rouges qu’il a pris la saison dernière, à Estoril, au Portugal. Ancien prospect de Porto, Diego Carlos est un inconnu notoire en France, mais il arrivait sur les rives de la Loire plein de bonne volonté. Le 5 juillet dernier, il postait donc une photo de lui dans son tout nouveau maillot, en prenant la pose, comme s’il saluait un dojo. Problème, il porte le maillot 2016-2017 du FC Nantes, qui n’avait pas encore été officiellement présenté par Umbro… Un craquage avant d’avoir joué la moindre seconde. Décidément, le FC Nantes réussit mal aux Brésiliens. Car avant Diego Carlos, quelques autres de ses compatriotes avaient déjà tenté l’aventure, presque toujours en se loupant. Mais Christian Larièpe, directeur technique du FC Nantes de 2007 à 2009, refuse l’autoflagellation : « Peu de Brésiliens ont réussi en France, à part au PSG, où il y a une culture brésilienne. Si on fait le rapport réussites/échecs, il y a plus d’échecs. » Pas de quoi décourager les dirigeants actuels de Nantes, qui ont officialisé la venue d’un autre défenseur brésilien il y a deux semaines. Le lendemain, Adryan, « le nouveau Zico » , faisait ses adieux aux Jaune & Vert, une petite saison après être arrivé.
Une première il y a dix ans
Avant l’éphémère passage d’Adryan, la filière brésilienne du FC Nantes avait déjà connu des loupés costauds. Il y a dix ans, en 2006, La Beaujoire ouvrait ses bras à son premier Brésilien, Adriano Duarte. Un sombre inconnu de 26 ans, venu du futsal, et à propos de qui le directeur sportif de l’époque, Japhet N’Doram, avertissait immédiatement : « Le joueur a de la qualité, mais il n’est pas encore prêt. Il a besoin d’un travail physique de remise à niveau. » « Je souhaite m’inspirer du parcours de Cláudio Caçapa, capitaine à Lyon » , ambitionnait le défenseur. La suite est un raté intégral, Duarte ne joue pas une minute de toute la saison, et quitte Nantes. L’arnaque était pourtant prévisible. Avec son club précédent, Duarte avait joué six matchs, et chopé quatre cartons jaunes et un rouge. À Nantes, ni les joueurs, ni même l’entraîneur ne comprenaient ce qu’il faisait là. Mais ce dépucelage brésilien raté ne rebute pas les Nantais, et après l’arrivée de Waldemar Kita à la tête du club, de nouveaux dossiers sont lancés. En 2008, Christian Larièpe file au Brésil et en revient avec ce qui sera l’un des plus gros fours de l’histoire du FCN, Douglão. Un nom qui fait encore grincer toutes les dents à Nantes, mais qui était à l’époque présenté comme le futur patron de la défense. Le Douglão en question est une montagne d’1m93 pour 85 kilos, auxquels il faut ajouter les quelques grammes des bagues de son appareil dentaire. « Il nous a été présenté par ceux qui ont proposé Ronaldinho au PSG » , se justifie aujourd’hui Larièpe, huit ans après son mauvais coup de nez.
Le traumatisme Douglão
Douglão n’avait pourtant rien prouvé au Brésil, où il évoluait dans un club de 3e division. « Douglão correspond à nos critères de recherche. Il possède une technique au-dessus de la moyenne avec un jeu de tête exceptionnel et une très bonne relance » , annonce cependant le site officiel du club. Le Brésilien connaît son premier naufrage dès le 31 août 2008, en championnat face au Mans. Placé sur le côté droit, il tracte sa caravane et celles de tout le camping pendant 90 minutes, se fait laminer, et est l’un des coupables du terrible 4-1 encaissé. L’idylle dure une saison, et cinq matchs. « C’était un jeune joueur, mis dans une équipe qui était un peu à la dérive. Son intégration n’était pas facile, c’était plus un garçon qui était à former qu’autre chose » , analyse Larièpe. Puis est arrivé Mathéus Vivian, en 2010. Une troisième tournée venue du Brésil, encore un défenseur grand et costaud, mais qui a l’avantage de connaître la France après ses années à Grenoble et à Metz. Lors de sa première interview, il fait forte impression. Pourquoi Nantes ? « Simplement parce que c’est Nantes. Il n’y a rien d’autre à dire. » À une époque où le FCN est en Ligue 2, la greffe prend et Vivian est un joueur utilisé, parfois même nommé capitaine. Vivian semble se plaire à la Beaujoire, mais la remontée n’arrive toujours pas, et, après deux saisons, le divorce se fait dans les bruits de vaisselle cassée. « C’est une déception de voir ce mode de fonctionnement. J’avais une offre et on me l’a enlevée… Je conçois simplement le foot différemment de ceux qui ont pris la décision me concernant » , tonne-t-il en claquant la porte.
Au revoir, le nouveau Zico
Le jaune et vert réussit donc mal aux Brésiliens, dont l’équipe nationale joue pourtant avec ces mêmes couleurs. Christian Larièpe a une tentative d’explication : « Le style français ne leur correspond pas forcément. Au Brésil, il y a plus d’espaces, moins de duels. C’est aussi pour ça que les défenseurs brésiliens ont du mal en France. Là-bas, les attaquants jouent différemment, sont moins coléreux. » Il juge également les clubs français trop impatients, et incapables de laisser aux joueurs venus de loin un temps d’adaptation nécessaire. « Même en matière de formation. Quand je vois les tas de gamins qui rebondissent et qui réussissent ailleurs… » Arrivé l’été dernier avec le surnom un peu lourd de « nouveau Zico » , Adryan n’aura pas de deuxième chance, malgré quelques matchs convaincants et un talent plus qu’évident. Aux petits nouveaux, Diego Carlos et Lucas Lima (homonyme du milieu de terrain de la Seleção) de faire mieux. « Je suis très heureux d’arriver ici dans ce club historique où ont évolué de grands noms du football comme Karembeu, Deschamps, Makelele… » déclarait Lima lors de son arrivée, montrant qu’il avait bien révisé ses fiches. Et au-delà de s’adapter à la Ligue 1, jouer à Nantes signifie aussi apprivoiser l’excitant mais exigeant public de la Beaujoire. « Quand il vous prend en grippe, c’est dur. Et les Brésiliens sont des joueurs qui aiment l’amour du public, la chaleur » , estime Christian Larièpe. En définitive, le plus grand Brésilien du FC Nantes restera éternellement José Touré, qui avait récolté ce surnom pour sa technique folle, loin des approximations des défenseurs brésiliens d’1m90 qui lui ont succédé.
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