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Les enseignements tactiques de la Copa América

Par Markus Kaufmann, à Santiago du Chili
7 minutes
Les enseignements tactiques de la Copa América

La possession a encore gagné, l'Argentine de Martino ressemble à l'Espagne de 2010, la défense uruguayenne est immortelle, le numéro 10 est encore vivant… De l'abondance des mouvements chiliens au néant brésilien en passant par une Argentine en plein travail identitaire, la Copa América 2015 a mis certaines choses au point.

Le toque a encore gagné

Après l’Espagne en 2008, 2010 et 2012, et l’Allemagne en 2014, voilà le Chili en 2015. Mise à part la victoire uruguayenne à la Copa América 2011, les années récentes de football international dressent un constat : celui qui gère le mieux le ballon gagne à la fin. Pouvant s’appuyer sur la relance excellente de son gardien Bravo, sur la science de la possession de Marcelo Diaz, sur la sérénité de Medel, sur le travail athlétique de ses éléments les plus verticaux (Isla, Aránguiz, Vidal, Vargas, Sánchez) et sur la créativité et la patience de ses créateurs (Valdivia, Diaz, Vidal aussi), Jorge Sampaoli a mis au point des schémas de possession fluides et efficaces. De la gestion, mais aussi de la profondeur, de la possession, mais aussi de la vitesse. Cette année, la finale a même opposé les deux équipes ayant fait le plus confiance au ballon : 67,7% de possession en moyenne pour le Chili, 61,8% pour l’Argentine. Et même si tout s’est joué aux tirs au but, il faut noter que le vainqueur final a aussi gagné la bataille du ballon : 57% pour le Chili.

L’Argentine de Martino, une Espagne 2010 bis ?

Le chemin est clair depuis la défaite en finale du Mondial contre l’Allemagne : l’Argentine veut se construire un football d’identité, et en faisant le choix de Tata Martino, elle a choisi un football de possession et de toque. Après un an de travaux en match amical, le visage montré par l’Albiceleste a fait penser à une autre sélection au plan de jeu très défini : l’Espagne de Del Bosque au Mondial 2010. Une équipe qui contrôlait plus qu’elle ne jouait. Seulement, la Roja avait fait le chemin inverse : partir de l’animation offensive libérée de 2008 pour aboutir sur le double pivot Busquets-Alonso deux ans plus tard. Martino, lui, a tout de suite fait le choix du double pivot Mascherano-Biglia, sacrifiant ainsi des variations offensives qui auraient pu apporter le mouvement qui manquait à sa circulation de balle. Est-il trop conscient du temps que ces travaux requièrent, ou a-t-il été trop frileux ?

L’immortelle défense uruguayenne

Pour contrer les plans de Sampaoli, ses adversaires ont mis au point une alternance entre deux stratégies. La réduction des espaces, d’une part, en se repliant de façon compacte dans son propre camp pour limiter le mouvement chilien et donc les solutions du porteur de balle. Mais aussi la réduction du temps de possession, d’autre part. L’exemple péruvien reste le meilleur : une gestion entre replis et phases de possession intelligemment gérée qui aura longtemps mis en difficulté le pressing de Sánchez et les siens. Mais comme souvent, la solution défensive la plus efficace a été uruguayenne. Le maître Tabárez, une nouvelle fois, a montré tous ses talents d’organisateur en mettant en place une équipe qui n’aura eu besoin que de 21% de possession pour se créer les occasions les plus dangereuses en quart de finale, avant de plier en infériorité numérique à dix minutes de la fin. Avec l’état de forme de Giménez et Godín, mais aussi le talent de Muslera aux tirs au but, qui sait ce qui aurait pu arriver si Cavani n’avait pas été expulsé ?

Le numéro 10, sauveur des riches

Certains l’ont cru mort avec Juan Roman Riquelme. D’autres l’ont cru disparu lorsque Pastore, Özil ou encore Kovačić ont été forcés de jouer sur un côté pour gratter du temps de jeu chez les gros d’Europe. Mais durant ce mois de juin 2015, les favoris de la Copa América se sont tous reposés sur la créativité d’un numéro 10. Valdivia pour le Chili, Messi pour l’Argentine (dans un rôle de vrai 10 surtout contre le Paraguay) et Neymar pour le Brésil (bien plus reculé qu’avec le Barça, mais seulement contre le Pérou, évidemment). C’est aussi le cas de la Colombie de James Rodríguez, mais le manque d’équilibre de la Tri a rapidement forcé Pékerman à faire travailler son 10 sur le côté. Enfin, l’Uruguay a essayé de mettre Lodeiro dans des conditions idéales lors de son entrée dans la compétition, mais Tabárez a ensuite privilégié l’équilibre.

Le numéro 10, possession-compatible

Par ailleurs, ces dernières années, le numéro 10 a été présenté comme un allergique de la possession de balle. Puisqu’il vit de mouvement et de vitesse, les phases de jeu placées semblaient forcément l’handicaper. Alors, l’entraîneur Michel a expliqué – avec raison – que le Barça jouait en fait avec un tas de numéros 10. Certes, mais cette Copa América a démontré qu’un vrai numéro 10 peut aussi animer un jeu de toque en alternant phases de possession sagement gérées et envolées lyriques. D’ailleurs, alors que Jorge Valdivia en est l’exemple le plus criant, la contribution de Javier Pastore au contrôle du jeu argentin est à souligner. À chaque fois que l’Argentin a été remplacé, l’Albiceleste a perdu du terrain et le ballon.

Le numéro 9, sauveur des pauvres

Jusqu’où aurait pu aller la Colombie si son numéro 9 avait été à la hauteur de l’ambition de Pékerman ? Certainement là où le Pérou, le Venezuela et le Paraguay ont espéré aller armés de leurs buteurs respectifs. C’est-à-dire au bout du monde. Avec la combativité de Paolo Guerrero, la présence de Salomon Rondón et enfin l’efficacité de Lucas Barrios, les trois nations ont pu espérer atteindre les sommets. Parce que ces joueurs n’ont besoin que d’un ballon, à peine, et qu’ils donnent un sens aux équipes les moins gâtées par le talent de leurs milieux. Sans Suárez, et avec Cavani et Rolan, l’Uruguay a bien défendu, mais n’a pas trouvé cette direction à la récupération du ballon.

Gloire au milieu défensif sud-américain

« Le joueur sud-américain est très différent. Pour le footballeur sud-américain, l’effort, le fait de ne rien lâcher, la persévérance, la lutte sont des valeurs fondamentales » , explique Ivan Zamorano. « La partie tactique est bien sûr importante, mais quelque part, elle passe au second rang. Tu t’en rends compte ici durant la Copa América. Pourquoi Messi ne brille pas tant, pourquoi James a du mal, pourquoi Neymar ne fait pas tant de différences ? Parce qu’ils ont des mecs durs, qui les harcèlent en permanence, qui se jettent sur eux. En Europe, il y a beaucoup plus d’espace. Le foot, ici, c’est un effort. Regarde Gary Medel. » L’édition 2015 de la Copa América aura été une nouvelle occasion d’admirer (ou de se faire dégoûter par) l’intensité physique du jeu sud-américain. Et à ce jeu-là, les milieux défensifs « boucliers » , ceux qui ne lâchent pas les artistes, ont été glorifiés à leur juste valeur. Une preuve ? Gary Medel a reçu bien plus d’amour de la part de l’Estadio Nacional qu’Alexis Sánchez. À revoir, le match du Colombien Carlos Sánchez contre Neymar en phase de poules, mais aussi les interventions de Medel face à Messi en finale, ou encore les œuvres complètes de Tomás Rincón et Arévalo Ríos.

Mascherano et la vraie-fausse défense à trois argentine

Un « libéro du milieu » ? En Argentine, certains entraîneurs ont récemment commencé à employer cette expression pour désigner le rôle de Javier Mascherano avec l’Albiceleste. Alors que l’ex-milieu récupérateur a été formé défenseur central par Pep Guardiola au Barça, cette Copa América était l’occasion d’observer le positionnement du Jefe. Et le constat est clair : Masche joue à la hauteur de ses défenseurs centraux, mais touche autant de ballons qu’un Pirlo. L’observation peut être rejointe par la polyvalence de Marcelo Diaz dans un rôle similaire pour le Chili. Ensemble, elles poussent à interroger la frontière entre défense à quatre et défense à cinq. Si les mouvements d’un seul joueur participent autant à définir la nature d’une défense, ne faut-il pas mettre un terme au débat de la ligne défensive à trois, et le déplacer vers l’utilisation de ces libéros du milieu ?

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Par Markus Kaufmann, à Santiago du Chili

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