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Les dossiers foot qui attendent Valérie Fourneyron

Nicolas Kssis-Martov
7 minutes
Les dossiers foot qui attendent Valérie Fourneyron

Après le bordel des années Sarkozy au Ministère des Sports, le Parti socialiste a confié le strapontin à la députée-maire de Rouen, Valérie Fourneyron. Et il y a déjà du pain sur la planche.

La L1 est terminée, l’Euro arrive. Entre les deux, l’alternance politique nous ramène une nouvelle ministre des Sports, Valérie Fourneyron, qui se devra donc d’incarner, y compris dans le monde du football, la fabuleuse promesse du « changement, c’est maintenant » et de « la priorité donnée à la jeunesse » . Avec un intitulé d’administration – Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative – qui fleure bon l’été 36 et le fol espoir de mai 81, et qui draine dans son ombre les figures tutélaires de Léo Lagrange et Edwige Avice, la députée-maire de Rouen va devoir donner dans le symbolique, autant que travailler dans le dur. C’est-à-dire se mettre au turbin législatif (une loi cadre est annoncée dans le programme Hollande 2012), notamment pour rétablir un semblant de compétence et de consistance à l’un des plus petits budgets de l’Etat, malmené en outre par la valse de ses cinq prédécesseurs sous l’ère Sarkozy, qui n’ont jamais réussi à imprimer leur marque sur une politique sportive constamment trustée par l’omni-président.

Gâtée par une bonne maîtrise des dossiers (elle en assurait le suivi à l’Assemblée nationale pour le PS), cet ancien médecin du sport, notamment de l’équipe féminine de volley, ne jure que par le sport-santé et l’éducation populaire, bien qu’elle ne désire pas opposer, dans la belle rhétorique habituelle de tout responsable politique, « le sport amateur et le sport pro » (elle a appartenu au staff médical de l’équipe professionnelle rouennaise de hockey sur glace). Elle va surtout devoir apprendre à domestiquer le petit monde du foot qui attend avec appréhension les premières mesures. Petit survol des problèmes à régler.

− Boycott or not ?

La question du moment : les suites de l’affaire Ioulia Tymochenko. Faut-il que les représentants officiels de la France boycottent ou non les matchs qui vont se dérouler en Ukraine durant l’Euro ? En ce qui concerne les tricolores, le débat relève de l’urgence, et certains à l’UMP ne doivent pas trop regretter de laisser ce « bâton merdeux » à la bonne conscience de gauche. La sélection nationale va résider et jouer ses trois matchs de poule (dont l’un contre le pays hôte lui-même) dans ce pays où les hooligans se recrutent même au Parlement. Notre nouveau Président s’interroge déjà à voix haute, et pour le coup au diapason de son homologue allemande, à coups de « j’aime beaucoup le football mais ce qui se passe en Ukraine est un problème » . Seul soulagement pour Valérie Fourneyron, c’est surtout entre le quai d’Orsay et la présidence que la décision se prendra. Pendant ce temps, comme en 78 en Argentine, le foot français de son coté se demande seulement de quelle manière il va se faire manger sur le terrain.

− L’Euro 2016

Une de ses premières visites a été pour Jacques Lambert, président du comité d’organisation de l’Euro 2016. Si une grosse partie des dossiers a déjà été réglée (avec une loi ad hoc sur mesure) en amont par la précédente majorité, le cas des stades – sans oublier l’actuelle bataille autour du Parc des Princes entre la mairie de Delanoë et QSI, dont l’acquisition du PSG restera une des plus brillantes réussites de diplomatie sarkozienne – pourrait bien servir de contre-exemple justifiant enfin de légiférer sur le sujet, par exemple concernant les PPP (partenariats privé-public). Avec en soutien un premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui s’est fait connaître en tant que maire de Nantes pour avoir refusé que sa ville soit candidate pour accueillir un tel événement en temps de crise et de réformes territoriales. Enfin, c’est peu dire que le grand stade de Lille sent déjà le possible cauchemar juridique pour Martine Aubry…

− 75 %

La grande peur du foot pro. Tout le monde y est allé de sa petite larme sur l’avenir européen de nos clubs en cas d’adoption de cette mesure fiscale, qui, au passage, ne touche évidemment pas que nos millionnaires à crampons. La ministre devra donc faire avaler la pilule (si, effectivement, du coté de l’Élysée, on se décide vraiment à passer aux actes). En sa faveur, le contexte économique et social (multiplications des plans sociaux, etc.) n’octroie guère de marge de manœuvre auprès de l’opinion à ceux qui désiraient jouer la carte « les français veulent une coupe d’Europe ou non? » . Surtout quand on se fait éliminer par un sympathique club chypriote et que le championnat est remporté par son 13e budget. Rajoutons que l’expérience de la suppression du DIC devrait pousser Frédéric Thiriez à la prudence, et, connaissant ses affinités électives, il doit songer pour le moment à joindre l’utile à l’agréable en souhaitant silencieusement une victoire de la droite aux législatives.

− Les supporters ou le peuple des tribunes

La loi Loppsi 2, jolie incarnation, bien avant le virage Buisson de l’entre-deux-tours, d’une droite qui sait où taper, avait quasiment instauré une présomption de culpabilité pour les supporters. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le climat s’est plutôt tendu pour nos amis ultras cette saison, avec, en apothéose, les « incidents auxerrois » qui ont fini de jeter l’opprobre sur les vilains petits canards du foot français. D’un autre coté, Rama Yade avait commandé un « livre vert du supporterisme » , dont les propositions sont restées lettres mortes. Il faudra bien, toujours dans la perspective de l’Euro 2016, que la nouvelle ministre trouve sa voie entre ces deux écueils. Il paraît que la gauche veut renouer avec les milieux populaires.

− La symbolique de l’EDF

Comment redorer l’image de l’équipe de France, puisque, sans avoir droit d’ingérence au risque de fâcher la FIFA, le ministère accorde malgré tout délégations et prébendes ? Il faudra bien s’y coller d’une manière ou d’une autre, car nul doute que l’avenir incertain des Bleus réserve bien des surprises. Et la prise de parole de Roselyne Bachelot en Afrique du Sud ne constitue pas vraiment un précédent facile à assumer et sur lequel s’appuyer. On attend ainsi avec impatience d’entendre Valérie Fourneyron expliquer à Ribéry ou Benzema, les vertus du « service public du sport » . Quel fut donc déjà le score d’Hollande auprès des Français de l’étranger à Munich ?

− Le foot amateur

Dans son discours d’investiture, Valérie Fourneyron n’a pas manqué de souligner sa volonté de relier toutes les dimensions (éducation populaire, vie associative et sport) de son ministère. Bref, voilà une noble intention qui va directement parler aux tripes d’un foot amateur en pleine crise existentielle, qui a vu considérablement fondre ses effectifs et qui se rend bien compte que désormais les caisses publiques sont vides (ou vidées). D’autant plus que l’inventaire des terrains a démontré un manque cruel de synthétiques malgré les effets d’annonce de la FFF autour de son fond d’aide. Et comme, de la simple commune au sommet de l’État, la gauche détiendrait tous les pouvoirs, le temps de la synergie est peut-être venu, non ?

− Le remède du foot féminin

À l’heure des grands débats sur la parité, les Bleues proposent, d’une certaine façon, un parfait antidote à la morosité ambiante du foot français. La ministre des Sports Valérie Fourneyron ne s’y est pas trompée, et elle s’est précipitée pour féliciter chaleureusement l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais après sa deuxième victoire consécutive en Ligue des champions, « une des plus belles pages de l’histoire du sport féminin français » , a-t-elle assuré . Et notre nouvelle ministre se dit sûrement qu’elle a plus de chance de voir les filles décrocher une médaille aux JO de Londres que d’avoir à féliciter Laurent Blanc pour son parcours en Ukraine ; où avec un peu de chance et de courage politique, elle n’aura pas à se rendre. Et il ne serait pas étonnant qu’une loi sur l’équité des temps de diffusion télévisuel entre les deux sexes ne soit adoptée dans la foulée. Chez beIN, on sourit déjà.

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