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Les dossiers foot du prochain ministre des Sports
Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes
Qui dit remaniement, dit nouveaux ministres. Et, probablement, un changement de tête au ministère des Sports. D'autant plus que Jean Castex, désormais à la tête du gouvernement, connaît plutôt bien le sujet et les enjeux pour avoir été délégué interministériel aux JO de Paris 2024 et présidé l'Agence nationale du sport. Il y aura donc matière à animer de belles séances de travail à Matignon, notamment dans le foot. Donc voilà les dossiers qui attendent le ou la successeur de Roxana Maracineanu.
Les rapports avec le football professionnel
La période de la crise sanitaire a quelque peu tendu les relations entre l’État et le foot pro, notamment lorsque l’arrêt définitif des compétitions a été acté devant la représentation nationale par Édouard Philippe, sans passer par la case concertation. Jean-Michel Aulas a pu certes énerver par son acharnement, mais sa croisade illustrait bien un sentiment général. D’autant plus depuis que les autres championnats ont repris à l’étranger et que, chez nous, le parc à thème du Puy du Fou a pu bénéficier d’une certaine mansuétude très jupitérienne. Mais c’est surtout sur le terrain économique que les pensionnaires de Ligue 1 et Ligue 2 attendent le nouveau gouvernement, par exemple en matière de protection et d’assurance face aux droits télé. Largement soutenu durant le confinement et après (exemptions de charges, chômage partiel, prêt garanti par l’État, etc.), le foot pro espère, sans oser le dire, que l’exécutif poursuive dans ses nobles intentions. La crise économique semble menacer ses principales sources de revenus et, pour ne citer que ce sujet, l’arrivée de Mediapro suscite désormais certaines angoisses. Que ce soit sur le volet fiscal ou réglementaire (loi Évin assouplie), des réponses sont attendues par un secteur économique qui sait se montrer très colbertiste quand il le faut.
Le foot amateur en crise
Un domaine qu’il faudra surveiller. Certes, avec la création de l’Agence nationale du sport, l’État s’est encore un peu plus désengagé du volet dit « sport pour tous » pour déléguer à la « co-gestion » collectivités/mouvement sportif/privé. Sauf qu’après le Covid-19, les clubs locaux se retrouvent dans une situation encore plus périlleuse que les belles enseignes du foot pro. Or, difficile de vanter les vertus civiques et citoyennes du ballon rond tout en laissant agoniser son tissu associatif. En outre, les divers représentants des collectivités (AMF, ANDES, France Urbaine, etc.) ont déjà averti que les territoires ne pourraient affronter seuls le choc qui s’annonce dans les mois à venir, et qui va mettre sous tension toutes leurs lignes budgétaires. Que fera le ministère quand se dessinera un désert du foot français avec la disparition massive des FC et AS qui ont construit la force de notre équipe de France ? Pour le moment – à part des plateformes de crowdfunding du style #jesoutiensmonclub (plutôt un échec au passage) qui font appel à la générosité de la population –, rien de très concret à signaler, alors que les alertes des commissions spécialisées se multiplient au Sénat ou à l’Assemblée nationale.
Les violences sexuelles dans le foot
Le ministère va sûrement devoir s’immiscer dans le foot autour d’un sujet épineux : les violences sexuelles. Contrairement à l’Angleterre, ce drame n’est pas arrivé aux oreilles du grand public via le foot, mais plutôt par le patinage artistique par exemple, et pour le moment parmi les 177 agresseurs présumés identifiés, la FFF n’est pas la fédération la plus concernée, avec 2 millions de licencié(e)s et une masse énorme de bénévoles (qui vont être davantage contrôlés). Mais le foot voit régulièrement émerger de tristes histoires et surtout une multiplication d’affaires qui démontre l’ampleur du fléau et de l’aveuglement à son égard. De son côté, le foot pro français devra aussi s’interroger, en se demandant s’il a vraiment fait tout ce qui était en son pouvoir pour endiguer ou combattre ces pratiques odieuses.
Les supporters reconnus ?
Brouillées après des polémiques sur les propos homophobes dans les tribunes, les relations entre Roxana Maracineanu et les supporters ultras s’étaient progressivement détendues pour retrouver un mode plus constructif. Les travaux de l’Instance nationale du supportérisme ont permis des avancées non négligeables, notamment concernant les fumigènes. Mais des avancées restent à fixer dans la loi, avec le projet législatif « Sport et société » qui devait aboutir au second semestre. D’autant plus qu’il reste à connaître l’identité et le positionnement du futur pensionnaire de la place Beauvau, alors que les forces de l’ordre sont pour le moment sous tension. Sans oublier la pression des clubs et de la LFP qui, avec l’exemple bordelais, risquent de continuer à considérer les supporters davantage comme des fauteurs de troubles que comme des interlocuteurs légitimes au sein de la grande famille du foot.
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