- Coupe du monde 2014
- Finale
- Allemagne/Argentine (1-0)
Les dix questions qu’on se pose après la finale
Voilà, l'Allemagne a remporté dimanche à Rio sa quatrième Coupe du monde. Est-ce une victoire méritée ? Est-ce que Sabella aurait dû garder Lavezzi sur le terrain ? Messi est-il passé à côté de sa finale ? Voilà de bonnes questions, mais on a préféré s'en poser dix autres sur cette finale Allemagne-Argentine.
Faut-il envoyer les supporters argentins à Calvi on the Rocks ?
L’année prochaine, le festival Calvi on the Rocks aura lieu comme d’habitude, en Corse, en juillet avec l’ambition de demeurer « le petit festival de vacances qu’il a toujours été, cool et sophistiqué » . Ça tombe bien, les Argentins, eux, sont en vacances pour quatre ans. Véritables animateurs en chef de la Fan Fest de Copacabana avec des chants tels que « Pelé s’est dépucelé avec un enfant » ou le fameux « Brésil decime que se siente » , les hinchas de l’Albiceleste se verraient bien pourrir une autre plage avec leurs glacières en polystyrène, leurs bolas et leur sens relatif de l’hygiène. Pas sûr néanmoins que la programmation leur convienne : ils risquent en effet d’avoir du mal à plaquer les paroles de « La concha de tu madre » ( « La chatte à ta mère » , ndlr) sur un beat de Troublemakers Soundsystem. – JPS
Gonzalo Higuaín aurait-il pu casser le genou de Manuel Neuer ?
56e minute. Sur un long ballon, comme à son habitude, Manuel Neuer s’aventure à la limite de sa surface, le poing en avant pour dégager le ballon en touche. Problème, dans son élan, le genou du gardien allemand rencontre la tête et une partie du buste de Gonzalo Higuaín, légèrement en retard sur l’affaire. Bousculé, l’attaquant argentin se relève, en colère, et crie à l’injustice comme s’il avait été victime d’un remake du choc entre Schumacher et Battiston en 1982. Pauvre petite chose… Une belle façon de détourner l’attention du véritable problème : personne ne s’intéresse alors au genou du portier de la Mannschaft violemment percuté par la course incontrôlée d’Higuaín. Heureusement, Manuel Neuer n’est pas vraiment du genre à se plaindre, lui qui doit sans doute avoir du liquide de refroidissement dans ses articulations et ferait bonne figure en championnat d’Ultimate Fighting. Surtout, il aurait vraiment l’air d’un réceptionneur de volley avec une genouillère. Et ça, ce serait un comble pour un gardien de handball. – PM
Dire que l’Allemagne a accroché sa quatrième étoile à son maillot est-il déplacé ?
Les clichés ont la dent dure. Ainsi, pendant les matchs de l’Allemagne, on a vu pulluler de nombreuses références à la Seconde Guerre mondiale et au nazisme sur les réseaux sociaux. Alors, évidemment, quand Mario Götze a crucifié Sergio Romero, les mauvais esprits n’ont fait qu’un tour pour se demander si les Allemands allaient coudre une quatrième étoile jaune sur leur maillot. Des réflexions vaseuses qui ne tiennent pas debout, pour plusieurs raisons :
– déjà, ce n’est pas drôle.- ensuite, au-dessus de l’écusson de la sélection, les étoiles sont blanches et pas jaunes.
– enfin, la « blague » a déjà due être faite en 1954. Puis en 1974. Puis en 1990. Bref, la quatrième fois, c’est vraiment lourd.Sinon, autre solution pour éviter toute sorte de dérapage vaseux : remplacer les étoiles par des gommettes, des pin’s ou des badges Smiley. On verra si ça fait toujours rire les trolls du web… – PM
Comment Rihanna célébrera-t-elle les buts au Qatar ?
Certainement pas en dévoilant son soutien-gorge en cuir, comme elle l’a fait pour fêter le but de Mario Götze dimanche soir. D’une, parce que le vêtement en cuir sera définitivement interdit d’ici huit ans, et de deux, parce que les lois en vigueur dans l’émirat du golfe Persique l’interdisent formellement. De même que la prise d’alcool qui peut mener à ce genre de comportement. En 2022, la Barbadienne, qui aura 34 ans, célébrera le but en finale d’Antoine Griezmann en se levant de son siège, tout simplement. Pas une mince performance, par 42 degrés à l’ombre. – ME
Est-ce que Kramer va se souvenir qu’il a disputé une finale de Coupe du monde ?
Il ne devait pas être sur la pelouse. Suite au forfait tardif de Sami Khedira, Christoph Kramer se retrouve titulaire au coup d’envoi de la finale du Mondial. À la 16e minute, il emboutit Ezequiel Garay, et s’effondre, complètement sonné. Un quart d’heure plus tard, toujours brinquebalant et incapable de se remettre du choc, il est remplacé par André Schürrle. Si le milieu de terrain de 23 ans semble avoir, depuis, retrouvé ses esprits, les médecins redoutent qu’il puisse souffrir d’une commotion cérébrale. Auquel cas ses coéquipiers auront vite fait de lui rappeler qu’il fut l’un des grands bonshommes de cette rencontre, puisque le nouvel entrant, Schürrle, a délivré la passe décisive pour Mario Götze. Par contre, personne ne peut être sûr qu’il pourra de nouveau épeler, de tête, le nom de son club : le Borussia Mönchengladbach. – PM
Est-ce que Khedira a passé une bonne soirée quand même ?
Sami Khedira s’était préparé à cette soirée depuis quatre ans. Il avait l’invitation, le costume, l’adresse et puis au dernier moment la tuile : blessure au mollet à l’entraînement et forfait de dernière minute alors qu’il figurait sur la feuille de match comme titulaire. De quoi être dégoûté ? Un peu, mais pas trop. Sami est champion du monde et Sami est content. Sur le podium, le milieu du Real ne donnait pas l’impression de tirer la tronche. Alors plutôt que ruminer sa déception, l’Allemand a vécu le moment à fond et profité de la soirée avec ses potes. Parce qu’on n’est pas champion du monde tous les jours, parce qu’on n’a pas tous les jours l’occasion de claquer un selfie avec Angela Merkel. Une belle leçon de vie. – AP
Faut-il censurer les streakers ?
« Enfin célèbre ! » Quelques heures après avoir fait irruption sur la pelouse du Maracanã, le torse nu portant l’inscription « Natural born prankster » ( « blagueur né » ), Vitaly Zdorovetskiy, tweetait sa satisfaction, accompagnée d’un selfie pris dans les geôles du stade. Mine de rien, ce « Rémi Gaillard russo-américain » amateur de caméras cachés, venait de gagner 80 000 followers sur Twitter en dix minutes et 200 000 fans sur Facebook. Un exploit lorsque l’on sait que la réalisation télé a, comme souvent depuis quelques années, détourné les yeux de l’importun. Une censure censée décourager les streakers à la recherche de gloire éphémère, mais qui n’a donc pas lieu d’être puisque les photographes disséminés autour du terrain se sont fait un plaisir de relayer les photos de Vitaly. Plutôt que de mettre la poussière sous le tapis, on ne saurait donc trop conseiller aux organisateurs d’évènements sportifs d’adopter la technique appliquée par les stadiers néo-zélandais lors du match de rugby des All Blacks contre l’Angleterre il y a un mois. Technique dite « de la voiture bélier » . – TP
Schürrle en pleurs… Et si, en fait, les Allemands avaient un cœur ?
Si voir Neymar, Thiago Silva, James Rodríguez ou plus généralement les joueurs sud-américains en pleurs est presque entré dans les mœurs, apercevoir des larmes sur le visage de Schürrle après le coup de sifflet final de cette finale germano-argentine, ça fait quand même un truc. Car dans l’imaginaire collectif footballistique, un Allemand, ça ne pleure jamais. Ça n’a même pas d’émotion. À quoi bon, hein ? Alors voir ces perles ruisseler sur les joues de l’attaquant de Chelsea, forcément, ça remet en cause tout un système de pensée, vieux de plus de 70 ans. Sauf à considérer que le joueur des Blues n’a en fait pas supporté les effluves de la lacrymo utilisée pour disperser les supporters véhéments à la sortie du Maracanã. Ce qui, au fond, arrangerait bien des gens. Ça éviterait d’avoir à ressentir de l’affection pour ses éternels bourreaux. Putain de syndrome de Stockholm ! – MM
Les Russes oseront-ils siffler Poutine en 2018 ?
Présent au Maracanã pour assister à la finale, Vladimir Poutine a été témoin d’une scène qu’il n’a pas dû vivre depuis un certain temps. À chaque apparition de la présidente Dilma Roussef sur le grand écran, le peuple brésilien a sifflé, hué ou repris en chœur le délicat refrain « Dilma, vai tomar no cu » ( « Dilma, va te faire enculer » ). Une défiance inquiétante pour la chef de l’État à trois mois de nouvelles élections. Le grand Vlad’ devrait en tirer toutes les conclusions utiles, lui qui affrontera également le suffrage universel en 2018, année du prochain Mondial en Russie. Lorsque l’on sait que l’homme qui voulait « buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes » a obtenu 99,8% des voix en Tchétchénie lors de la dernière présidentielle, on se dit néanmoins qu’il ne devrait pas avoir besoin de quatre ans pour dissuader son peuple de faire le malin dans les stades. Une stratégie de prévention qui contiendra sans doute très peu de diplomatie et beaucoup de frappes préventives. La torcida des Pussy Riot va prendre froid. – TP
Gonzalo Higuaín a-t-il fait une Guivarc’h ?
Gonzalo Higuaín et Stéphane Guivarc’h ont plusieurs points en commun. Les deux sont nés dans le Finistère (Brest pour Gonzalo, Concarneau pour Stéphane), les deux sont attaquants et les deux ont raté une énorme occasion en première mi-temps d’une finale de Coupe du monde. Presque la même, un ballon qui revient plein axe et un duel à négocier avec le gardien. Et comme l’attaquant de l’AJA à l’époque devant Taffarel, Higuaín se précipite et tire trop vite alors qu’il aurait pu s’avancer encore un peu pour tromper Neuer. Alors oui, Gonzalo risque de longtemps ressasser la 20e minute cette finale. Malgré la victoire à la fin, Stéphane Guivarc’h avouait cette semaine à L’Équipe que sa vie n’aurait pas été la même s’il avait mis cette occasion. Higuaín peut, lui, toujours se consoler en disant qu’il n’a pas signé à Newcastle la saison prochaine et que le marché des piscines est sans doute plus porteur à Buenos Aires qu’à Concarneau. – AP
Par la rédaction de So Foot