- Matchs de légende
- Épisode 1
Les dix matchs de légende du FC Nantes
Un club se construit avec des matchs légendaires. Des victoires, mais aussi des défaites. Premier épisode de cette nouvelle rubrique, avec le top 10 des matchs de légende du FC Nantes.
10e. FC Nantes 0-1 Sedan
1er avril 2007, 30e journée de L1
Appelé à la rescousse pour sauver un FCNA en péril à l’intersaison, Fabien Barthez se brouille avec les anciens du vestiaire, dont Frédéric Da Rocha, puis fait un beau poisson d’avril à son équipe en repoussant dans ses propres filets un centre inoffensif de Ducourtioux contre Sedan, un concurrent direct pour le maintien. Avant d’être remplacé par Heurtebis et de rentrer directement au vestiaire. Les Canaris seront relégués dès la 36e journée, leurs supporters envahiront le terrain lors de la 37e à la Beaujoire, provoquant l’interruption du match contre Toulouse, et puis… Et puis plus rien.
9e. Le Havre 0-1 FC Nantes
13 mai 2000 – 34e journée de D1
À force d’enchaîner les sales résultats lors de cette saison 1999-2000, les Nantais se retrouvent dans de beaux draps à lutter pour le maintien lors du dernier match. Bonne nouvelle, ils disputent la dernière journée contre Le Havre, déjà relégué et qui n’a plus rien à jouer. Autre bonne nouvelle, Vahirua a fêté ses vingt ans la veille et a encore de l’énergie. C’est lui qui marque le seul but de cette victoire poussive, et les Canaris restent en D1 pour un point. Décidément, les Nantais aiment se faire peur en ce mois de mai 2000, puisqu’une semaine plus tôt, ils avaient remporté la Coupe de France contre une improbable équipe de Calais (alors en CFA), mais seulement 2-1 et grâce à un penalty de Sibierski à la dernière minute. Totalement schizophrène en ce début de nouveau millénaire, le FCNA relève la tête dès la saison 2000-2001 et termine champion de France, le dernier titre du club jusqu’à aujourd’hui.
8e. FC Nantes 2-0 Sochaux
1er juin 1963 – 37e journée de D2
L’AS Saint-Étienne est leader et inaccessible, le FC Nantes est deuxième et Sochaux est troisième avant le coup d’envoi de cette avant-dernière journée de la dix-septième saison nantaise en deuxième division. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, Nantes a poinçonné son premier billet pour l’élite, qu’il ne quittera plus pendant 44 saisons. L’histoire retiendra surtout qu’un international militaire de vingt-cinq ans nommé Jean-Claude Suaudeau était sur le terrain, et que Jean Guillot, premier buteur de la soirée, déclarera après la victoire : « Nantes, ce soir-là, c’était Rio de Janeiro. » Deux ans plus tard, le FCN décroche son premier titre de champion de D1. L’année suivante, le deuxième. Et caetera.
7e. PSG 3-0 FC Nantes
12 juin 1993, finale de Coupe de France
Parce qu’un petit tour par les tréfonds de l’enfer rend le paradis encore plus savoureux. Le FCN 95 atteint la mi-temps sur un 0-0 miraculeux en finale de Coupe de France contre le PSG de Weah, Ginola et Le Guen. La deuxième période sera un peu plus rugueuse : Karembeu devient fou après une faute dans la surface sur Fournier et est à deux doigts de cogner l’arbitre, Rémy Harel. Alors que Nantes est maintenant mené 3-0 à l’heure de jeu, ce dernier expulse Zoran Vulic uniquement parce que celui-ci a une plus belle moustache que lui puis, pour venger ses potes, Jean-Louis Lima met un coup de serpe à la cheville de Colleter. Trois expulsés, trois buts encaissés, mais dans les esprits, le PSG à domicile a été avantagé. La vengeance se mangera glacée.
6e. FC Nantes 4-1 Auxerre
16 juin 1979 – Finale de Coupe de France
Enfin, Nantes soulève sa première Coupe de France. Après quatre titres de champions de France et trois finales de coupes perdues, les Canaris mettent enfin la main sur le trophée. Et pourtant, la finale a failli mal tourner pour les hommes de Jean Vincent. Face aux Auxerrois tout droit sortis de D2, Nantes se contente d’un 1-1 dans le temps réglementaire, puis va arracher sa Coupe 4-1 en prolongation dans un Parc des Princes en fusion. Éric Pécout s’envoie un triplé, le premier de l’histoire en finale de Coupe de France, et Nantes peut reprendre sa marche en avant. Les Nantais remportent un nouveau titre de champion en 1980, à une époque où ils font peur au foot français, comme le montre ce record incroyable qui tient toujours : entre mai 1976 et avril 1981, les Nantais sont restés invaincus à domicile, enchaînant 92 matchs sans perdre à Marcel Saupin.
5e. Sochaux 1-1 (5 tab 4) FC Nantes
17 avril 2004 – Finale de Coupe de la Ligue
C’est un mois d’avril excitant qui attend le FC Nantes. Dix jours avant une demie de Coupe de France à la Beaujoire contre le PSG, les Canaris ont une finale de Coupe « machin » à remporter contre le Sochaux de Guy Lacombe. « C’est la finale au cours de laquelle nous avons eu le plus d’occasions, revient Da Rocha dans les colonnes de Ouest-France. J’en ai une énorme en toute fin de match. J’anticipe un ballon dévié que je reprends au deuxième poteau dans un angle fermé. Je mets tout ce que j’ai dans la frappe et Richert la détourne du ventre. J’aurais sans doute dû mettre un plat du pied… Cette action, je me la suis passée cent fois dans ma tête. » C’est pourtant une autre action qui hantera les esprits jaune et vert. Allant jusqu’aux tirs au but, la finale gagne ses lettres de noblesse par une tentative de Panenka manquée de Mickaël Landreau, expert en folies dans l’exercice, deux ans après son coup décalé face à Ronaldinho. Sochaux soulève le trophée. Nantes, qui ne sait gagner ses finales que contre des adversaires de division inférieure, ne le sait pas encore, mais ce sera sa dernière occasion de remporter un titre.
4e. FC Nantes 2-1 FC Valence
9 avril 1980 – Demi-finale aller C2
La voici, la première épopée européenne des Canaris. Dans un final four de Coupe des coupes bien achalandé (Arsenal-Juventus de l’autre côté), Nantes reçoit à Saupin le Valence de Mario Kempes, meilleur joueur et buteur du Mondial 78. En première période, les hommes de Jean Vincent asphyxient les Valenciens et profitent d’un csc pour ouvrir la marque. La seconde période part sur les mêmes bases, les Canaris passant à un poteau, de Rampillon, de doubler la mise. Sauf que sur la contre-attaque, l’inévitable Kempes réussit, en angle fermé, à doucher tout un stade. Les Nantais parviennent à reprendre l’avantage après un petit festival de Max Bossis sur le côté, qui délivre un centre sur la tête de Baronchelli. Un 2-1 pas cher payé finalement. Au match retour, à Mestalla, Nantes prendra une claque – un trop sévère 4-0 –, mais retrouvera quand même ses esprits pour enlever la D1 en fin de saison, la cinquième sur son palmarès.
3e. PSG 0-3 FC Nantes
11 janvier 1995 – D1
Nantes tient la tête de la D1 depuis août et un match contre le PSG – déjà – grâce à la seule méthode Coué qui vaille sur terre. Les deux clubs se retrouvent au Parc en janvier. Le PSG veut absolument trois des sept points le séparant de Nantes, toujours leader invincible, et sort les dents. Trop. Cartons jaune pour Ginola et Guérin dans les huit premières minutes. « Les Parisiens ne pouvaient pas nous blairer, résume Ouédec. Colleter voulait choper Pedros, mais ça allait beaucoup trop vite. » Les deux pieds décollés de Bravo – quoi qu’en dise Luis dans un débriefing de qualité sur Téléfoot – chopent quand même N’Doram et laissent Paris à dix dès la 23e. Le PSG ne s’en remettra jamais, touché avant la mi-temps sur un appel-contre appel d’école de Loko, et coulé ensuite par deux buts du « Sorcier » tchadien, dont un lob d’esthète qu’il qualifie lui-même de « plus beau but de (s)a carrière » . Paris perdra alors Colleter (finalement exclu à la 79e) et Nantes Casagrande (poignet fracturé par le tank Weah). Le suppléant Loussouarn se blessera à son tour quelques jours plus tard, laissant sa place à l’entraîneur des gardiens, Jean-Louis Garcia, pour un quart de C3 cauchemardesque à Leverkusen (5-1). Mais la D1 n’échappera pas aux Canaris. La 7e de leur histoire.
2e. FC Nantes 4-0 Bordeaux
15 janvier 1983 – 21e journée de D1
À l’été 1982, profitant de ses vacances en Espagne pour aller voir quelques matchs de Coupe du monde, Jean-Claude Suaudeau, tout juste nommé au poste d’entraîneur du FC Nantes, a une illumination : il veut faire jouer son équipe comme le Brésil de Zico, Sócrates et Falcao. Facile à dire ? Facile à faire. Alors que le FC Nantes a foiré sa saison précédente (à l’époque, cela signifiait finir sixième de D1), il termine champion 83 avec dix points d’avance sur Bordeaux et un Halilhodžić à 27 buts. La preuve éclatante du niveau de cette équipe que Coco considère comme la meilleure qu’il ait jamais entraînée est apportée contre le grand rival bordelais avec une victoire, déjà, tout en passes et en contre-attaques éclair. Quelques semaines plus tard, les Nantais mettront d’ailleurs la même pilule aux mêmes Girondins en quart de finale de Coupe.
1er. FC Nantes 3-2 Juventus
17 avril 1996 – Demi-finale retour de Ligue des champions
Après le titre fantastique de 1995, les Nantais ont un peu de mal à retrouver leur rythme de croisière en championnat. Lors de la saison 1995-1996, les Canaris rament en D1, et se font sortir très tôt dans les coupes nationales. Mais pour se rattraper, ils s’offrent une grande aventure en Ligue des champions. Après une phase de poules terminée à la deuxième place derrière le Panathinaïkos, Nantes tamponne le Spartak Moscou puis se retrouve en demi-finale face à la Juve. Du costaud. Et l’affrontement commence mal, avec un 2-0 encaissé à l’aller à Turin qui condamne presque définitivement les Jaune et Vert. Mais pour l’honneur, à la Beaujoire, les soldats de Suaudeau arracheront une victoire de gala 3-2, avec des buts de Capron (qui marque un de ses deux seuls buts en plus de 150 matchs avec Nantes), N’Doram et Franck Renou. Ou quand élimination rime avec émotion.
Par Alexandre Doskov, Ronan Boscher et Thomas Pitrel