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Les dix dates de Rudi Garcia à la Roma
Pile deux saisons et demie : voilà le temps qu'aura tenu Rudi Garcia à la tête de la Roma. Après une première saison aboutie, la suite de l'aventure du Français a été beaucoup plus compliquée. Au final, son bilan s'affiche donc logiquement en demi-teinte.
12 juin 2013 : La signature du guitariste
« Au lendemain » de la piteuse défaite en finale de Coupe d’Italie face à la Lazio, les dirigeants de la Roma font un choix osé. En effet, c’est l’entraîneur français Rudi Garcia qui est choisi – par défaut, après les refus de Mazzarri et Allegri ? – pour prendre la succession d’Aurelio Andreazzoli qui assurait, lui, l’intérim depuis le licenciement de Zdeněk Zeman. En rassemblement avec la Nazionale pour préparer la Coupe des confédérations, Daniele de Rossi se précipite sur le web pour en savoir plus sur son nouveau coach. Quelle surprise alors pour le Capitano Futuro quand il tombe sur une vidéo de Garcia qui joue de la guitare. Pis, De Rossi est tellement dubitatif qu’il n’hésite même pas à se plaindre auprès de son compagnon de chambrée, un certain Andrea Pirlo : « Putain, regarde qui on a pris ! » On a connu plus enthousiaste.
22 septembre 2013 : L’église au centre du village
Si Rudi Garcia, faute de renommée internationale, est donc loin de susciter l’enthousiasme à son arrivée, ses débuts à la tête de la Roma sont pourtant parfaits. Les Giallorossi ont réalisé un superbe mercato (avec les recrutements de Benatia, Strootman, Ljajić, Gervinho, Maicon ou encore De Sanctis) et débutent le championnat par une incroyable série de 10 victoires consécutives. Surtout, ils ont pris une petite revanche sur la Lazio (2-0, buts de Balzaretti et Ljajić) dès la quatrième journée. Garcia sort alors sa première punchline en Italie : « On a remis l’église au centre du village » , se réjouit-il en expliquant bien qu’il s’agit d’une expression française. Les tifosi romanisti sont sous le charme. Toutefois, la Roma va caler derrière et ne parviendra pas à suivre le rythme infernal de la Juve qui empochera la bagatelle de 102 points lors de cette saison 2013/2014.
21 janvier 2014 : La Juve sortie en Coupe d’Italie
Torpillée en championnat une quinzaine de jours plus tôt au Juventus Stadium (défaite 3-0, expulsions de De Rossi et Castán), la Roma a déjà quasiment abandonné tout espoir de Scudetto. Les Giallorossi ont toutefois l’occasion de prendre leur revanche sur la Vieille Dame en quarts de finale de Coupe d’Italie, et ils ne vont pas la laisser passer. Grâce à un but en fin de match de Gervinho, la Roma s’impose et peut se targuer d’avoir les moyens de faire jeu égal avec la Juve. C’est toutefois oublier que Conte a largement fait tourner, contrairement à Garcia qui a aligné son onze type. La Roma sera d’ailleurs éliminée en demi-finales par le Napoli.
5 octobre 2014 : Le violoniste entre en piste
Après avoir empoché 85 points pour sa première saison, la Roma de Garcia débute à nouveau parfaitement, avec 5 victoires en autant de matchs avant de se rendre au Juventus Stadium lors de la sixième journée. La suite est depuis passée à la postérité. Au terme d’un match électrique, c’est la Juve qui s’impose 3 buts à 2, avec notamment deux penalties contestés et contestables, mais pas forcément accordés à tort pour autant. Rudi Garcia a, lui, passé la majorité de la rencontre en tribunes après avoir mimé un violoniste. Surtout, malgré la défaite, l’entraîneur français se laisse aller à des prédictions totalement farfelues en conférence de presse : « Ce soir, j’ai compris qu’on était meilleurs et qu’on allait gagner le Scudetto. On le prouvera sur le terrain. » Une arrogance qui lui coûtera cher.
21 octobre 2014 : Une claque du Bayern
Une quinzaine de jours plus tard, Rudi Garcia aborde la réception du Bayern Munich en Ligue des champions avec le même état d’esprit : « Ils ont une grande équipe, mais nous avons aussi des joueurs forts et intelligents. Et puis nous serons 70 000, l’Olimpico sera bouillant. » Problème, la Roma va être complètement dépassée par les Bavarois, et c’est un euphémisme. Puisque les hommes de Pep Guardiola donnent une vraie leçon à ceux de Garcia en s’imposant 7 buts à 1. Rudi Garcia a beau assumer ses fautes, la Roma ne sera pas capable d’aller ensuite chercher sa qualification. Après un nul « coupable » sur la pelouse du CSKA Moscou, les Giallorossi s’inclineront lors du choc décisif face à Manchester City.
19 mars 2015 : Pas mieux en Ligue Europa
Complètement lâchée en championnat après un début d’année civile 2015 calamiteux (2 victoires pour 8 nuls et 1 défaite du 6 janvier au 16 mars), la Roma a une chance de se racheter avec la Ligue Europa. Après avoir été chercher un bon 1-1 à l’Artemio Franchi à l’aller, les Giallorossi sont en bonne position pour écarter la Fio et se qualifier en quarts de finale. Seulement, ils vont se faire désosser en à peine 20 minutes par les Florentins (0-3). 70 minutes plus tard et une bronca mémorable du stadio Olimpico qui demande une confrontation avec ses joueurs, Garcia risque déjà sa place. Logiquement sa bonne première saison lui permet quand même de rester sereinement installé sur le banc romain.
25 mai 2015 : Un derby de Rome et un ticket en Ligue des champions
Lors de l’avant-dernière journée, Rudi Garcia joue sa tête pour la saison suivante. Pour cause, le derby de Rome est au programme et une place directe en Ligue des champions est en jeu. En effet, seul un petit point sépare la Roma (deuxième au classement) de la Lazio (troisième), avant le coup d’envoi. Avec un Napoli également à l’affût à la quatrième place. Toutefois, ce sont bien les Giallorossi qui s’imposent grâce à un but de la tête de Mapou Yanga-Mbiwa. Improbable. La Roma est qualifiée en Ligue des champions, Garcia gagne le droit de rester et reconnaît même ses erreurs de communication en mentionnant « une divinité punitive » .
30 août 2015 : La Roma prend enfin le meilleur en championnat sur la Juve
Nouvelle saison, nouvelle Roma, nouveau Garcia. Les Giallorossi reçoivent leurs copains bianconeri dès la deuxième journée. Une programmation qui va réussir à la Roma, qui met à profit le manque de certitude de la « nouvelle » Juve. Grâce à un coup franc de Pjanić et au premier but en Italie de Džeko, la Louve s’impose enfin en championnat face à la Vieille Dame et peut revendiquer sereinement ses ambitions de Scudetto. Mieux, Rudi Garcia fait cette fois profil bas et réclame à ses hommes de la modestie. Au soir de la dixième journée, la Roma est d’ailleurs en tête et s’affiche clairement comme un des favoris au titre.
24 novembre 2015 : Une claque du Barça
« Tendre l’autre joue. » Le conseil est biblique, mais il s’applique très mal au sport. À peine un an après la gifle reçue de la part du Bayern, la Roma va néanmoins le mettre en application. D’ailleurs, Garcia s’est encore laissé déborder par son excitation en conférence de presse : « Nous ne partons pas battus d’avance. Il n’existe pas d’équipe invincible. C’est la beauté du football : quand un résultat semble déjà écrit, il peut y avoir une surprise. » Raté. La Roma se fait encore balayer, 6 à 1 cette fois. Pas franchement déboussolé, Garcia souligne la force de frappe du Barça et assure que cette lourde défaite n’aura pas d’incidence psychologique sur les siens.
16 décembre 2015 : Lo Spezial One
Il s’est, malheureusement pour lui et la Roma, trompé. Depuis son effondrement sur la pelouse du Camp Nou, la Louve ne s’est effectivement imposée qu’une seule fois en six matchs en championnat (pour 4 nuls et 1 défaite). En Ligue des champions, elle s’est qualifiée miraculeusement en étant bousculée à domicile par le modeste Bate Borisov. Enfin, toujours à l’Olimpico, la Roma s’est fait sortir en Coupe d’Italie par La Spezia, une équipe de milieu de tableau de Serie B. Un bide qui aurait déjà dû coûter sa place à Garcia. Il tiendra un mois de plus, mais finira par logiquement payer le manque de réaction de ses hommes.
Bonus. 9 mars 2014 : La blessure de Kevin Strootman
Que serait-il advenu de Rudi Garcia si Kevin Strootman ne s’était pas blessé sur la pelouse du Napoli un soir de mars 2014 ? Très impressionnant lors de ses six premiers mois à la Roma, le milieu hollandais était l’une des pièces maîtresses du système de Rudi Garcia. Seulement, il n’est jamais parvenu à se relever de sa grave blessure au genou. Même si cela n’explique pas tout, son absence mérite d’être citée quand on dresse le bilan de Garcia à la Roma.
Par Eric Marinelli