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Les dessous du « vrai-faux » retour de Lionel Messi au Barça
Mercredi soir, la terre a tremblé. Lionel Messi a dit non au Barça pour rejoindre l’Inter Miami. Ce retournement de situation marque l’ultime chapitre d’une télénovela de six mois… Entre histoires d’argent, d’influence politique, mais, surtout, de cœur.
« Le président Joan Laporta a compris et respecté la décision prise par Messi de vouloir évoluer dans un championnat moins exigeant et moins médiatique, ce qui engendrera moins de pression sur le joueur que lors des dernières saisons. » C’est par ces mots acides que le Barça a décidé de réagir mercredi soir au choix de Lionel Messi de rejoindre l’Inter Miami. Promise au Barça depuis de longs mois et l’élimination du PSG en Ligue des champions, la Pulga a pourtant décidé, à 35 ans, de découvrir l’Eldorado américain. Mais que s’est-il passé pour que le champion du monde opte pour l’exotisme américain plutôt qu’un retour dans son club de cœur ?
Un divorce douloureux
Le 8 août 2021, après de longues semaines d’incertitude, Lionel Messi quitte le Barça en larmes et seul, face aux centaines de journalistes venus garnir la salle de presse du Camp Nou. Ce divorce, inévitable tant les finances du Barça étaient alors exsangues, laisse des traces. L’Argentin rebondit à Paris, mais ses premiers mois sont ternes. Comme si, au fond de lui-même, quelque chose s’était fracturé en cet après-midi d’août. « C’étaient deux années où je n’étais pas heureux, je n’aimais pas ça. Et cela affectait ma vie de famille, je ratais beaucoup de la vie de mes enfants à l’école. À Barcelone, j’allais les chercher, ici, je l’ai beaucoup moins fait, je partageais moins d’activités avec eux. » Pendant deux ans, l’Argentin remue son spleen dans la ville Lumière et se rend, dès qu’il le peut, dans sa maison de Castelldefels. Malgré tout, l’idée de prolonger au PSG lui a longtemps traversé l’esprit, avant que sa victoire à la Coupe du monde ne remette tout en question. Le Barça, via son directeur du football Mateu Alemany et son entraîneur Xavi, a toujours gardé un contact permanent avec le joueur et commence à le sonder pour un éventuel retour. La tentation est forte pour le joueur, mais les Catalans sont toujours sous le coup des contraintes du fair-play financier de la Liga.
Un père voulant l’argent, et une épouse les palmiers
D’un autre côté, deux concurrents sérieux font leur apparition : l’Inter Miami de David Beckham et Al-Hilal. Si la Pulga n’a jamais réellement souhaité rejoindre l’Arabie saoudite, malgré l’insistance de son père et agent Jorge Messi, et le fort attrait financier qu’elle possédait, l’Inter Miami suscite l’intérêt de sa femme, Antonella, désireuse de changer définitivement d’air. C’est alors que le dossier connaît son premier rebondissement. Dans son interview donnée à Sport et au Mundo Deportivo, Messi a déclaré qu’« il y a sûrement des gens qui ne veulent pas que je revienne, tout comme ils voulaient que je parte quand je devais partir, comme beaucoup de gens que je connais veulent que je revienne et ils l’ont exprimé et l’ont fait public, mais il y a certainement des gens de l’administration qui ne veulent pas que je revienne, et ils pensent que mon retour n’est pas bon pour le club ».
Le 2 mai dernier, Mateu Alemany, en désaccord avec le recrutement de Messi au vu des finances du club, décide de démissionner et de s’en aller à Aston Villa. Si le directeur du football barcelonais fera finalement marche arrière, ce départ avorté envoie des premiers signaux négatifs au clan Messi. Alemany gardera tout de même son rôle de décideur dans le dossier, le tout sous les ordres de Joan Laporta qui fait du retour de l’Argentin sa priorité absolue en vue de sa réélection à la présidence du club. Messi envisage dès lors d’étudier réellement d’autres propositions. Jorge Messi se permet même d’accepter une offre d’Al-Hilal de plus d’1,2 milliard sur trois ans. Le Barça, quant à lui, demeure bloqué par le fair-play financier et ne peut pas transmettre d’offre. Un plan de viabilité est proposé à la Liga qui tarde à l’accepter, en raison du conflit opposant Laporta et Javier Tebas, le président de l’instance espagnole. Finalement, Messi a décidé, la semaine passée, d’envoyer son père à Barcelone pour régler le problème, synonyme de début de la commedia dell’arte.
Je t’aime, moi non plus
Jorge Messi finit par convaincre Tebas d’accepter le plan de viabilité du Barça, sur un modèle de 1 pour 2,5 (lors d’une vente de joueur, le Barça ne peut réinjecter que la somme divisée par 2,5) et déclare, lundi, au sortir d’une réunion avec Joan Laporta, que « Leo veut revenir à Barcelone, (…) j’aimerais que ça se fasse. (…) Oui, j’ai confiance dans le retour de Leo ». Pourtant, durant cette réunion, Jorge Messi venait annoncer à Laporta que son fils avait accepté une offre de Miami, faute de garanties sur son enregistrement et ne voulant pas revivre la même situation que deux ans auparavant. Pourtant, selon nos informations, le Barça était en bonne voie de boucler les ventes de Ferran Torres, Franck Kessié et Ansu Fati avant le 1er juillet, date effective où Messi devenait libre de tout contrat. Ces ventes auraient permis aux Blaugrana de réunir les 25M€ nécessaires pour faire revenir l’Argentin, et signer d’autres joueurs. Oui, quelque chose s’est bien cassé le 8 août 2021 : la confiance de Messi envers le club qui l’a fait légende et, avec elle, une part de notre football.
Par Emmanuel Hoarau