Les derniers jours de Rafael Benitez ?

Ok, le titre est sûrement exagéré. Il n’empêche, rarement une équipe de top niveau européen n’aura autant paru en fin de cycle. Face aux Lyonnais mardi soir, Les Reds ont concédé ni plus ni moins que leur quatrième défaite consécutive. A ce niveau-là, c’est tout simplement énorme. Fait nouveau, les hommes de Benitez sont également à la peine sur le plan européen, autrefois l’arbre qui cachait la forêt. Par la forêt, comprendre leur incapacité à se mêler sérieusement à la lutte pour le trône de Premiership, la saison dernière exceptée. Honnêtement, à mi parcours, leurs chances de les voir sortir vivants du groupe E de Ligue des Champions sont assez modestes, d’autant qu’ils ont déjà joué deux fois sur trois à la maison. Et dire que dimanche, c’est le triple champion en titre mancunien qui débarque à Anfield. Une défaite face aux Red Devils et les locaux pourront faire une croix définitive sur le titre, après seulement dix journées de championnat.

Du coup, Rafa Benitez se retrouve dans le viseur de pas mal de monde. A commencer par les deux copropriétaires du club, les américains George Gillett et Tom Hicks. Interrogé sur le sort de l’espagnol après la défaite face aux coéquipiers de Sydney Govou, le premier a déclaré être « extraordinairement satisfait du travail de Benitez » . Louche. D’autant qu’il ne s’était pas privé quelques semaines plus tôt pour critiquer sa politique de transfert et lui lancer un dernier défi en guise d’ultimatum : ramener le titre à Anfield. Pour le manager espagnol plus que quiconque, le match face à MU est capital. Une défaite et son avenir sur les bords de la Mersey pourrait s’inscrire en pointillé. Aujourd’hui, la prolongation de contrat de cinq ans qu’il a signé en mars dernier est son meilleur atout. Plus qu’une preuve de confiance, il s’agit pour l’ancien boss de Valence d’une sorte de garantie quant on sait ce que peut coûter un licenciement outre-Manche, compte tenu des difficultés financières des deux Yankees-il n’y a qu’à voir le manque d’activité de Liverpool sur le marché des transferts pour s’en apercevoir. Paraîtrait même que les duettistes chercheraient à vendre leur joujou. Peuvent-ils décemment provoquer une nouvelle crise en mettant Benitez à la porte ? Peu probable, mais il faut toujours se méfier des surprises que réservent des américains.

Les fans, agacés de ne plus détenir seuls le record de championnats depuis que MU a obtenu son 18ème sacre en mai dernier, commencent peu à peu à remettre en doute les choix du mage espagnol. Est-il vraiment l’homme de la situation, ce que la deuxième place acquise l’an dernier laissait supposer ? Parce qu’on peut pointer du doigt le manque de liquidités de Liverpool, Benitez a l’équipe qu’il voulait. L’excuse qu’il pouvait tenir lors de ses deux premières saisons chez les Reds ne tient plus. Les Riera, Aurelio, Lucas Leiva, Reina, il les a choisis. Comme il a choisi de se séparer de Robbie Keane à l’hiver dernier, après six mois d’adaptation difficiles. Et force est de constater que hormis deux ou trois stars, Liverpool n’a pas grand chose. Mardi soir, l’attaque des Reds était emmenée par Benayoun, Ngog et Kuyt (bon Kuyt ok). Un potentiel offensif qui pourrait plaire à Sochaux (bon, on exagère un peu hein), mais qui fait désordre chez une escouade désirant squatter le dernier carré de C1.

A la décharge du natif de Madrid, Steven Gerrard est blessé. Parce qu’on peut mettre en avant l’importance clef de Mascherano dans le système de Benitez, les faits sont là : Liverpool n’est pas la même équipe selon qu’elle joue avec ou sans son capitaine. Mais quand une équipe dépend à ce point d’un seul joueur, n’est ce pas aussi le signe que l’entraîneur a fauté ? Steven Gerrard d’ores et déjà forfait pour le match de dimanche, Liverpool se retrouve on ne peut plus dos au mur. Finalement, le choc face à MU arrive à point nommé pour savoir vraiment ce que Benitez a dans le ventre.