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Les démons du Bridge

Par Maxime Brigand
4 minutes
Les démons du Bridge

Fauché en ouverture par Burnley samedi (2-3), Chelsea a entamé sa saison comme Antonio Conte le pressentait. S'il ne faut pas tirer de conclusions après seulement un match, les prochaines semaines devraient être agitées.

Il y a d’abord, ces chiffres qui ne cessent de défiler. Jamais dans l’histoire de la Premier League Chelsea n’avait été mené de trois buts à la mi-temps d’un match joué à Stamford Bridge. Mieux, jamais un champion en titre n’en avait encaissé autant sur un match d’ouverture. Pire, pour la première fois depuis 1968, les deux derniers champion d’Angleterre, Leicester et Chelsea, auront donc chuté dès la rentrée. Si aucune institution n’a conservé son titre depuis Manchester United en 2009, si l’on pouvait s’inquiéter au sujet des Blues après une pré-saison difficile à lire, personne ne pouvait s’attendre à voir l’histoire s’écrire à ce point ce samedi 12 août 2017. Oui, Chelsea a chuté face à Burnley (2-3), mais a aussi fait un peu plus que ça : il a réveillé de vieux démons. Il ne faut, bien sûr, tirer aucune conclusion après un seul match de championnat, mais certaines questions peuvent déjà être posées. Pour ça, il faut d’abord revenir quelques années en arrière. En août 2015, plus exactement, soit quelques mois à peine après avoir soulevé la cinquième couronne nationale de l’histoire du club avec José Mourinho aux commandes. Accrochés d’entrée par Swansea (2-2), les Blues vont ensuite vivre une fin d’été complexe avec une gifle reçue à Manchester face à City (0-3) et deux autres défaites consécutives face à Crystal Palace (1-2) et Everton (1-3). Après la déroute du 29 août face aux Eagles, Mourinho se présente alors en conférence de presse et affirme avoir donné ses priorités à ses dirigeants pour la saison suivante le 21 avril précédent. Quelques semaines plus tard, après une nouveau crochet reçu à domicile face à Southampton, le Portugais durcit le ton : « Chacun doit maintenant assumer ses responsabilités. » Cet été, après l’obtention d’un titre sans partage au bout de la première saison de l’ère Conte, les dirigeants des Blues ont certainement repensé à tout ça au moment de faire le point avec l’entraîneur italien. Résultat, le salaire d’Antonio Conte a été augmenté, mais son contrat, qui expire en 2019, n’a pas été prolongé comme prévu. Ce détail a chatouillé l’ancien sélectionneur de la Squadra Azzurra, lui qui n’avait pas vraiment besoin de ça pour afficher son spleen.

Effectif poids plume

Pour plusieurs raisons, mais une principale : le recrutement. Lui souhaitait Romelu Lukaku, il a finalement récupéré Álvaro Morata. Plus important, Antonio Conte assume désormais publiquement depuis de nombreuses semaines « la légèreté » de son effectif au moment de s’attaquer à la conservation d’un titre et ce alors que l’effet de surprise du système à trois défenseurs, qui s’est progressivement généralisé, est passé. Voilà dans quel état Chelsea débarquait samedi au Bridge au moment de se frotter à Burnley, un peu moins d’une semaine après la défaite face à Arsenal lors du Community Shield. S’inquiéter était donc presque naturel et le visage de Conte, dépassant d’un survêtement inhabituel, n’était pas le plus rassurant. Avoir peur ne lui ressemble pas, mais il fallait ensuite jeter un coup d’œil à la feuille de match : Morata, que Conte ne juge pas encore prêt pour débuter, sur le banc ; Batshuayi titulaire avec le jeune Jérémie Boga ; des cadres (Hazard, Pedro, Moses) absents… Puis, on a vu. Chelsea a plongé comme rarement en première période, bien aidé par le craquage rapide de Gary Cahill, expulsé après treize petites minutes. Résultat, Antonio Conte a bougé ses pions, a fait entrer le très bon Andreas Christensen, mais a surtout vu ses hommes s’effondrer comme lors d’une vulgaire soirée Domino Day : 0-3 en 43 minutes. Que retenir finalement ? La sale journée de Michy Batshuayi ? La bonne rentrée de Morata, buteur sur l’une de ses premières occasions avant d’empêcher Christensen de réduire de nouveau la marque ? Les quelques sourires que Willian a apportés ? L’excellente prestation des hommes de Sean Dyche ? La meilleure seconde période des Blues ? Un peu de tout ça, mais parce qu’il accorde avant tout une importance à l’ensemble, Conte a désormais offert une preuve visible à ses dirigeants que son effectif est pour le moment trop juste en profondeur, lui qui a été obligé de coucher un banc digne d’un tour de League Cup samedi. La saison ne fait que commencer, mais se jouera cette fois tous les trois jours. Cela ne peut être un détail.

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