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Les délices de Capoue
Dans le box des déçus, Rio Mavuba et Florent Balmont peuvent légitimement râler. Jamais aussi forts dans un club, jamais aussi réguliers aussi haut, ils ont peut-être laissé passer leur unique chance de jouer un jour une grande compétition. Car rien ne laisse présager qu'ils en auront à nouveau l'occasion. Autre déçu légitime, Étienne Capoue peut, lui, voir venir. Après quatre saisons à trimballer sa grande tige devant la défense toulousaine, le Niortais s'apprête à faire le grand saut vers un top club européen. Le futur lui appartient.
« Rio Mavuba et Étienne Capoue sont deux excellents joueurs, qui ont peut-être les capacités pour figurer chez les Bleus. Mais il y a la notion de groupe qui intervient. L’heure n’est plus à des essais » , affirmait le sélectionneur de l’équipe de France dans L’Équipe le 10 mai dernier. La phrase pourrait faire sourire Mamadou Sakho. Ou pas. « Tigrou », prié de profiter de vacances rallongées, peut en effet rire jaune. Yanga-Mbiwa, qui n’a jamais porté le maillot bleu, a été appelé. Lui. A sa place. Étienne Capoue aussi faisait partie des candidats légitimes au rôle d’acteur surprise du bouclage final, car, fin mars, Laurent Blanc laissait encore planer le doute : « À son meilleur niveau, je ne suis pas loin de penser qu’il est le meilleur en Ligue 1. Il peut être une surprise, même si à ce poste, il y a du monde. » Évoqué, valorisé donc. Alors qu’Alou Diarra a vécu une sale saison dans une équipe qui n’a connu que trois mois potables, que Yann M’Vila n’a pas réitéré en club sa saison précédente, Étienne Capoue a de son côté marché sur l’eau, portant un Téfécé régulier qui a bien tourné toute l’année, avant de lâcher dans les derniers instants. Mais n’a pas été retenu. Note pour plus tard.
« Le plus grand joueur passé au TFC »
Depuis 2007 qu’il étrenne le maillot violet et blanc et trimballe son allure nonchalante, Capoue entretient son profil atypique. Ou synthétique : quand le commun des milieux défensifs joue la tête dans la guidon, le grand Étienne joue le buste droit, la tête levée. Longiligne mais puissant, il sait et peut tout faire : jeu court, jeu long, jeu de tête ; le joueur a la panoplie du milieu défensif futuriste dans ses bagages. Dur et doux à la fois. Avec la touche de style qui revient aux faux lents. Une sorte d’Alou Diarra avec le jeu long de Bodmer et une capacité à piger en défense centrale. Capoue a donc tout pour lui. La patience aussi. A Toulouse, il a pris le temps. Si, à ses débuts, son indiscipline et sa capacité à choisir ses matchs pouvaient lui être reprochées, plus personne ne trouve aujourd’hui à redire.
Et le joueur en a encore dans les chaussettes. Sa marge de progression est énorme, si l’on écoute celui qui lui a fait confiance au plus haut niveau : « Cela va faire vingt ans que je suis au TFC, et je pense que c’est le plus grand joueur passé au club. Et il lui reste encore une grande marge de progression. » Casanova est un homme austère, avare en punchlines et sorties médiatiques marquantes. Pourtant, concernant son poulain, l’homme change immédiatement de champ lexical et se lâche : « Même si on me donnait les joueurs qui sont actuellement au milieu en équipe de France avec beaucoup d’argent, je ne les échangerais pas contre Capoue. » En fait, ce qu’il manque maintenant à Capoue pour passer le cap, c’est peut-être les grands matchs à répétition, une pression constante et un contexte moins confortable.
Un départ imminent
Après déjà 139 rencontres en Ligue 1 à seulement 23 ans, et fort d’une place dans l’équipe-type du championnat 2011-2012, son futur proche devrait s’écrire ailleurs qu’à Toulouse. On ne compte plus les clubs qui ont envoyé au Stadium des émissaires pour le regarder évoluer : le FC Barcelone, l’Inter Milan, Schalke 04, Tottenham, l’AS Roma, Arsenal, le FC Séville, le FC Valence ou l’Atlético Madrid pour ne citer qu’eux. Le journal catalan Mundo Deportivo évoque un vif intérêt du Barça pour remplacer Keita en back-up de Busquets. Lui se sent prêt pour l’étape suivante : « Je ne me fixe pas de limites. Je sens que je peux faire une grande carrière » , précise celui qui a également avoué récemment sur RMC : « Je pense que c’est le moment pour moi de partir de Toulouse. » Jusqu’à présent, le plan de carrière est maîtrisé. La formation et la post-formation digérées sans fausse note, l’heure est au passage au niveau supérieur. Et à la tunique bleue.
Par Antoine Mestres