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Les déboires de la jeunesse dorée

Par Alexandre Doskov
Les déboires de la jeunesse dorée

Un frisson, un fantasme, une pépite. Voilà ce qu'avait récupéré le Milan AC en signant Alexandre Pato en 2008. À Chelsea, ce même Pato arrive avec l'étiquette de joueur sur le retour, à qui on réserve un rôle de doublure. À l'époque, sa précocité insolente avait été récompensée par le trophée du Golden Boy, une palme qui a plus souvent récompensé les pétards mouillés que les futurs Ballon d'or.

Comme d’habitude, on dirait qu’il s’en fout. Planté en tenue d’entraînement au beau milieu de la pelouse d’Old Trafford , Anthony Martial soulève négligemment son nouveau jouet. Un trophée un peu cheap, éhontément pompé sur le Ballon d’or, que l’ancien Monégasque présente au public mancunien en tentant de lever un coin de lèvre dans un semblant de sourire. Ce samedi 19 décembre, une semaine avant l’arrivée tapageuse de Santa Claus dans les cheminées, Martial vient de recevoir son premier cadeau en remportant l’élection du Golden Boy 2015, prix couronnant depuis 2003 le meilleur joueur d’Europe de moins de 21 ans, décerné par le quotidien italien Tuttosport, qui organise un vote avec des journalistes de grands médias du Vieux Continent. Un Ballon d’or pour minots en somme, que le nouveau pote de Martial, Wayne Rooney, avait lui aussi reçu en 2004. Mais malgré la présence des deux lauréats sur le terrain ce jour-là, Man U y était allé de sa défaite qui fait tache face à Norwich, même si Martial avait fêté son nouveau statut en inscrivant l’unique but des Diables rouges. Après le match, même nonchalance de la part du natif de Massy, avec ce simple message posté sur son Instagram : « Déçu d’avoir perdu aujourd’hui, nous devons gagner le prochain match… Et merci beaucoup pour ce trophée. » De la sobriété et peu d’engouement donc. En même temps, l’étiquette Golden boy a régulièrement porté la poisse à ceux qui l’ont portée avant lui.

Le fantôme d’Anderson

Les premières lignes du palmarès ont pourtant de la gueule. Wayne Rooney, Messi, Cesc Fàbregas par-ci, Agüero par-là… Les journalistes qui votaient au milieu des années 2000 ne se plantaient pas, et avaient le nez creux. Jusqu’à la grande série de craquages initiée en 2008 avec la victoire d’Anderson, folie à 32 millions de Manchester United, qui éblouissait alors la planète ballon rond du haut de ses 20 ans. Le Brésilien, qui a quitté l’Europe l’année dernière pour retourner jouer au pays alors qu’il n’a que 27 ans, reste d’ailleurs le mètre étalon de la pépite ratée, comme le prouvent certains articles dans la presse anglaise après le titre de Martial : « Anthony Martial remporte le Golden Boy, les fans de United prient pour qu’il ne soit pas le nouvel Anderson » , ou encore « Bonne nouvelle pour Manchester United, Martial a remporté le prestigieux trophée. Mauvaise nouvelle, Anderson l’avait gagné aussi » . L’année suivante, c’est Alexandre Pato qui met le grappin sur le prix, en montant sur la première marche de ce podium aujourd’hui surréaliste où l’on retrouve Stevan Jovetić et Bokan Krkić, arrivés deuxièmes et troisièmes du vote. Nouveau cru raté en 2010, avec le triomphe de Balotelli. Pourtant, lorsque Mario Götze reçoit la couronne de lauriers en 2011, il n’hésite pas à s’enflammer dans les colonnes du Tuttosport : « Je suis trop excité depuis des jours. Dire que je suis heureux, c’est trop faible. C’est un grand honneur, surtout quand on voit le palmarès de cette récompense.(…)J’aspire à devenir un ensemble de Messi et de Cristiano Ronaldo. » Rien que ça. On est en tout cas très loin de la discrétion affichée par Anthony Martial.

Le pari

À leur décharge, les jurés ont une mission délicate. Car vouloir dénicher le meilleur jeunot de l’année, c’est risquer de céder à une hype ou bien de dégoter le pétard mouillé dont les inspecteurs des travaux finis se moqueront quelques années plus tard. Et chaque palmarès de récompense type « meilleur jeune » offre son lot de lignes anthologiques. Chaque Rookie of the year en NBA n’est pas amené à devenir MVP – salut Emeka Okafor, quoi de neuf ? -, le César du meilleur espoir n’est pas une assurance tous risques – mais qui es-tu, Pierre Deladonchamps ? -, et les Victoires de la musique nous avaient vendu Jeanne Cherhal comme la révélation de l’année il y a dix ans. Mais comme son glorieux grand frère le Ballon d’or, le trophée du Golden boy souffre d’une sévère tendance à privilégier les joueurs offensifs ou à la mode. En scrutant tous les podiums depuis la création du trophée en 2003, nous ne trouvons la trace que de deux défenseurs et deux gardiens de but, troisièmes à chaque fois. Comparativement, le trophée Bravo, plus confidentiel mais plus ancien, qui récompense aussi le meilleur joueur de moins de 21 ans, avait sacré Maldini, Buffon, Casillas ou Sergio Busquets. Mais les trois derniers millésimes du Golden boy, Pogba-Sterling-Martial, indiquent que les gars de chez Tuttosport ne comptent pas changer de politique : des gros noms, des gros clubs, et du spectaculaire. Et tant pis pour les futurs Anderson. Dans son interview d’après sacre à Tuttosport, Martial avait d’ailleurs déclaré : « Enfant, le premier maillot que j’ai eu était celui d’Anderson. » Dommage, il parlait de celui de Sonny…

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