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Les Crocos nîmois ont la méga dalle !
Condamnés à huit points de pénalité avant que la saison ne débute, dernier et largué à l’issue de la phase aller, tout le monde voyait les Crocos nîmois déjà condamnés à la descente en National, eux compris. Deux victoires en 2016 plus tard, les voilà qui ont quitté la place de lanterne rouge de L2 et qui se mettent à croire à un maintien possible. Il faut dire que le club gardois a l’expérience des missions impossibles…
Alors ça, ce serait l’exploit de la saison dans le football français. Plus fort que le SCO d’Angers qui s’accroche encore et toujours au podium de la Ligue 1, plus fou que le Gazélec bien parti pour déjouer les pronostics en se maintenant dans l’élite, l’hypothèse d’un Nîmes Olympique qui réussirait à ne pas tomber en National a quelque chose d’insensé. Ne serait-ce que l’envisager à l’orée de la 22e journée de L2, c’est déjà costaud. Car les Gardois ont débuté la saison avec une pénalité de huit points à combler et un budget riquiqui à surveiller. Autant disputer le cent mètres face à Usain Bolt avec des starting-blocks reculés et des chaussures défoncées… Déjà, au printemps dernier, il s’en était fallu de peu que le club ne soit relégué directement en troisième division, conséquence de l’affaire des matchs présumés truqués à la fin de la saison 2013/2014. La LFP avait souhaité dans un premier temps débarrasser le monde du foot pro du Nîmes Olympiques, décision finalement rejetée en appel par la commission supérieure d’appel de la FFF. Au lieu d’une rétrogradation sèche, une pénalité de huit points était actée, ce qui revenait en gros à reporter d’un an la relégation. En effet, pour une équipe déjà habituée les saisons précédentes à sauver difficilement sa peau (et même, a priori, à devoir tricher pour y parvenir), comment croire qu’elle allait y arriver cette fois avec l’équivalent de deux victoires et deux nuls à récupérer sur la concurrence ? Pour les Crocos, c’est comme si le maintien ne se jouait plus à 42 points, mais à cinquante. Une mission de l’impossible à mener dans un contexte de pré-saison tendu, avec un ancien président, Jean-Marc Conrad, suspendu de toutes fonctions officielles dans le foot pendant sept ans, et un nouveau, Christian Perdrier, mécontent que son club ne soit pas purement et simplement blanchi de cette histoire de corruption et de tentatives de corruption. Difficile d’attirer des recrues, difficile de constituer un effectif compétitif et croyant l’exploit du maintien possible…
Zéro point au soir de la dixième journée
D’ailleurs, en été comme durant cet automne, il n’y a d’abord pas eu de miracle ni même d’espoir de miracle. Au mercato tout d’abord, le seul fait rassurant a été de réussir à conserver le vétéran Toifilou Maoulida. Pour le reste, il a fallu bricoler. S’agissant des premières journées, ce fut forcément laborieux : une première victoire seulement lors de la neuvième journée (sur le terrain de Metz 2-1), la pénalité de huit points comblée à l’issue de la dixième journée… Pendant ce temps, les concurrents pour le maintien avaient déjà depuis longtemps commencé à engranger de précieux points. Il fallait même se résoudre en novembre à changer d’entraîneur en remplaçant José Pasqualetti par Bernard Blaquart. Jusqu’à la trêve hivernale, l’opération sauvetage paraissait encore impossible pour les Crocos, toujours largement derniers du championnat, largués avec neuf points, à dix longueurs du premier non-relégable, Valenciennes. Comment y croire encore avec un tel bilan comptable ? En faisant justement en sorte de l’oublier, comme l’expliquait Bernard Blaquart début janvier dans une interview accordée à Objectif Gard : « Fixons-nous des objectifs à court terme. Il faut être réaliste, aujourd’hui si on fait le même parcours que Clermont-Ferrand qui a fini troisième sur les matchs allers, ce n’est pas suffisant pour se maintenir. Après si dans trois mois on est encore vivant, on verra bien. Mais aujourd’hui, parler de maintien, je bannis simplement ce mot parce que c’est un objectif beaucoup trop loin et utopique. » Blaquart ajoutait ceci, en motif d’espoir au moment d’entamer la phase retour : « C’est un groupe avec lequel il est très agréable de travailler. Ils ne trichent pas. »
Un effectif de locaux… et Maoulida en joker
Et c’est ainsi que le miracle est en train de se dessiner en ce début 2016, avec deux victoires probantes de suite obtenues à domicile : d’abord 2-0 face à Brest, puis 6-2 face à Clermont le week-end dernier. Pas les plus accessibles des adversaires en plus, les Bretons visant toujours plus ou moins le haut de tableau et les Auvergnats disposant d’une attaque impressionnante. Mais les deux ont été balayés par cette équipe nîmoise animée par l’envie de croire en l’impossible. Elle est majoritairement constituée de joueurs formés au club (le gardien Michel, Valls, Ripart, le dernier arrivé Paquiez…) et de transfuges de clubs voisins (l’ex-Marseillais Azouni, l’ex-Istréen Barrillon, l’ex d’Arles Savanier, l’ex du Pontet Marin, le prêté de Montpellier Mounié, auteur d’un triplé face à Clermont…). Et puis bien sûr, il y a encore ce bon vieux Maoulida, capitaine de vestiaire et devenu joker de luxe, encore capable de quelques coups d’éclat, comme d’aller chercher le point du nul le 11 décembre au Havre, en signant un doublé en fin de match pour permettre à sa formation de revenir à 2-2. Depuis le succès aux Costières du week-end dernier, Nîmes a cédé sa place de lanterne rouge au Paris FC et n’a plus que six points de retard sur le premier non-relégable, Créteil (avec une meilleure différence de buts). Blaquart prédisait que le mois de janvier pouvait être décisif, avec trois matchs sur quatre à disputer à la maison. C’est déjà à cette époque que les Nîmois avaient mis le coup d’accélérateur nécessaire pour s’éloigner de la zone rouge la saison passée. Mais pour la vraie saison de référence dont il faut que le groupe actuel s’inspire, il faut remonter à 2008/2009 : alors que Robert Malm et sa bande n’avaient récolté que deux victoires sur l’ensemble de la phase aller, ils avaient réussi à accrocher le maintien de justesse en ne concédant qu’une seule défaite sur les onze dernières journées. Rien ne fait plus peur à ces Crocos morts de faim, pas même le leader nancéien qui les reçoit ce soir.
Par Régis Delanoë