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Notre Hall of Fame de l’équipe de France
Lancé en grande pompe dimanche, le Hall of Fame de l’équipe de France a été critiqué pour être réservé uniquement aux joueurs ayant plus de 100 sélections. Si cette hérésie est en passe d’être rectifiée, voici nos propositions de critères pour cette lubie américanisée.

Sorti du chapeau par la Fédération française de football dimanche dernier avant le quart de finale retour de la Ligue des nations France-Croatie (2-0, 5-4 TAB), le Hall of Fame de l’équipe de France a fait naître, outre son côté très NBA, de nombreux débats depuis. Si, globalement, l’idée est appréciée, voire saluée, l’unique critère des 100 capes minimum a fait grincer des dents. La Fédé va donc revoir sa copie pour intégrer d’autres gros noms aux côtés de Hugo Lloris, Lilian Thuram, Olivier Giroud, Marcel Desailly, Zinédine Zidane, Patrick Vieira et Didier Deschamps. Mais vu que l’on est sympa, voici nos propositions de critères.
→ Pour un but qui en vaut 1000
Tout le monde ne peut pas se targuer d’avoir claqué 57, 51 ou encore 31 pions comme Olivier Giroud, Thierry Henry et Zinédine Zidane. Mais d’autres joueurs qui ont porté la tunique tricolore ont marqué des buts déterminants dans l’histoire de l’équipe de France. C’est le cas de David Trezeguet, dont le compteur des sélections ne dépasse pas les 71. Remplaçant jusqu’à la 76e minute, il inscrit le but en or en finale de l’Euro 2000 en transperçant les cages de Francesco Toldo d’une sublime reprise à 103e minute, permettant aux Bleus de devenir la première nation couronnée championne d’Europe deux ans après avoir été sacrée championne du monde. Dans la même veine, celui de Laurent Blanc face au Paraguay lors de la prolongation du 8e de finale de la Coupe du monde 1998 a d’une certaine manière changé le destin de la nation. À l’instar de la reprise folle de Benjamin Pavard face à l’Argentine en 2018, la réalisation du défenseur central, sur une remise de… Trezeguet, pour s’extirper du piège tendu par cette nation surprise du Mondial, est un vrai tournant dans le tournoi. Trois autres dernières mentions honorables, l’immense Alain Giresse pour son but face à l’Allemagne en 1982, celui de Lucien Laurent, connu pour être l’auteur de la première réalisation de l’histoire de la CDM en 1930, lors d’une rencontre face au Mexique. Enfin, Just Fontaine (21 capes) et ses 13 buts (oui, ils méritent tous de figurer ici) lors de la Coupe du monde 1958, lui permettant d’être le seul à avoir réalisé cette prouesse encore aujourd’hui.
→ Pour leur Ballon d’or
Entrez ici messieurs Raymond Kopa, Michel Platini, Jean-Pierre Papin et Karim Benzema.
→ Pour avoir donné son corps à la nation
Quand certains prennent la lumière en marquant, d’autres se sont sacrifiés d’une certaine manière pour l’EDF. Comment ne pas penser à Patrick Battiston qui s’est fait littéralement dégommer par le gardien Harald Schumacher lors de la demi-finale cauchemardesque du Mondial 1982, perdue contre la RFA à Séville (3-3, 4-5 TAB). S’il n’y a pas eu d’images, Samuel Umtiti a vu sa santé être sacrément amochée lors de la campagne de Russie en 2018. Le partenaire de Raphaël Varane – autre grand sacrifié – a joué avec son genou gauche complètement strappé durant tout le mois de compétition. Sans surprise, il ne s’en est jamais remis.
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→ Pour la prose
Dans le grand livre de l’histoire des Bleus, chacun apporte sa pierre à l’édifice à sa manière. Par exemple, le grand Éric Cantona, qui n’a jamais remporté de titre majeur avec les Bleus (enfin si mais de beach soccer en 2005), a toujours su utiliser la poésie pour exprimer le fil de sa pensée. Alors qu’il n’est pas sélectionné par Henri Michel pour un match amical face à la Tchécoslovaquie en 1988, le tout jeune joueur de l’OM traite publiquement ce dernier de « sac à merde ». Dix mois de suspension. Dans le même style littéraire, Nicolas Anelka à la mi-temps du match France-Mexique lors de la cataclysmique Coupe du monde 2010 s’est pris le bec avec le sélectionneur Raymond Domenech et lui aurait assené quelques noms d’oiseau. Depuis, le principal intéressé a donné sa version des faits : « Je n’ai aucune rancœur, juste un sourire en coin, car le faux est voué à disparaître. Lorsqu’on dit la vérité, on dort bien. Et je dors très bien. » Dans un registre bien différent, Franck Ribéry a également su mettre des mots sur ses émotions en conférence de presse avec son fameux « j’espère que la roue tourne va vite tourner ». Autres amis de la langue, Jean-Michel Larqué et Bixente Lizarazu peuvent aussi avoir droit aux honneurs pour avoir, après une belle carrière, accompagné les Bleus au micro de TF1.
→ Pour la parité
Si l’on fait un Hall of Fame, alors pourquoi ne pas inclure les grandes joueuses de notre histoire ? Déjà, le premier nom à cocher dans ce Hall of Femme serait sans doute celui de la légendaire Marinette Pichon. Dans les années 1990-2000, elle a d’abord ouvert la voie aux femmes dans le monde très masculin du ballon rond. Véritable pionnière, elle a été la première Française à signer un contrat professionnel, aux États-Unis en 2002, avec Philadelphia Charge. Si vous ne connaissez pas assez bien son parcours exceptionnel, foncez rattraper le biopic Marinette ! Difficile de ne pas évoquer également Eugénie Le Sommer, qui détient le record de sélections (199) et celui de buts marqués (94 buts), les patronnes de la défense Wendie Renard, Sonia Bompastor ou encore Laura George, sans oublier les grandes Gaëtane Thiney, Camille Abilly et Amandine Henry.
→ Pour l’engagement
On ne parle pas là de tacle appuyés ou de récupération, même si cela permettrait de faire une place à Marius Trésor, Jean Tigana ou Claude Makélélé, mais plutôt de la faculté à porter un discours ou de s’impliquer dans les débats de société. L’attitude de Dominique Rocheteau face à la dictature de Videla, au moment de la Coupe du monde 1978, est à ce titre exemplaire. Que dire d’Étienne Mattler, défenseur légendaire du FC Sochaux-Montbéliard aux 46 sélections qui deviendra pendant la Seconde Guerre mondiale une figure de la Résistance. Mention spéciale également à Christian Karembeu pour la défense du peuple kanak Avec leur prise de position face au Rassemblement national en juin dernier, Jules Koundé et Marcus Thuram (pour rejoindre le papa) pourront y postuler à la fin de leur carrière. Pour avoir enduré pendant plus de 20 ans les moqueries d’être un 9 champion du monde qui n’a pas marqué en Coupe du monde, Stéphane Guivarc’h est cordialement invité. Et allez, amenez l’acteur Frank Lebœuf, parce qu’il faut en avoir du cran pour participer aux émissions Koh-Lanta et Danse avec les stars.
→ Pour le travail invisible
Parmi les coiffeurs, certains ont joué un rôle plus prépondérant que d’autres dans les grandes compétitions internationales. On est obligé dans ce papier de parler du coup de folie d’Adil Rami avec l’extincteur en Russie lors du Mondial 2018. Mais également de remercier Paul Pogba pour ses pas de danse endiablés avant la demi-finale de l’Euro 2016 face à l’Allemagne. Mention spéciale aussi à Ousmane Dembélé, aka « El trafico », et ses parties avec Winchester sur Football Manager dans l’avion mais aussi l’illustre Fabien Barthez. Outre sa pause pipi en plein match et le bisou porte-bonheur qu’il recevait de la part de Laurent Blanc sur le front avant chaque match en 1998, le portier de l’EDF était surtout connu pour sa décontraction légendaire. Avant la plus grande rencontre de sa vie, la finale de la Coupe du monde face au Brésil, le « Divin Chauve » simule à quelques minutes du coup d’envoi une grave blessure au genou lors de l’échauffement à la suite d’un choc avec Philippe Bergerôo, l’entraîneur des gardiens de sélection, avant de se marrer et de dire : « Reviens Philippe, je déconne. On va la gagner, cette Coupe du monde. »
Emiliano Martínez prend les insultes des Parisiens comme un avantage pour son équipePar Thomas Morlec