- Foot et santé
Les crampons made in China sont-ils dangereux ?
Des habitants du Nord auraient été victimes de sérieuses blessures aux pieds après avoir porté des chaussures fabriquées en Chine. La question est donc légitime : les footballeurs doivent-ils avoir peur des crampons venant du géant asiatique ?
Les images qui font l’actualité dans la région de Valenciennes sont peu ragoûtantes. Elles montrent des pieds en mauvais état, d’une couleur rougeâtre anormale, hyper gonflés et ponctués de blessures étranges. Ulcères, brûlures de deuxième ou troisième degré, démangeaisons, inflammations, plaques, douleurs… Une femme, citée par 20 Minutes, a même écopé d’un arrêt de travail. Mais qui sont donc les méchants fautifs dans cette histoire ? Des chaussures made in China, tout simplement. Pour les victimes qui regrettent d’en avoir porté, pas de doute : ce sont ces redoutables souliers achetés peu avant qui sont à l’origine de tous leurs tristes maux. « Le lien de causalité entre l’ulcère au pied et le port de nos chaussures ne peut, à ce jour, pas être prouvé » , leur répond Chaussea, l’entreprise pointée du doigt d’où sortent les chaussures. En 2014, un petit bonhomme de six ans avait déjà connu une mésaventure similaire. En 2009, un Niçois avait carrément envisagé une amputation. Si ces cas sont rares, ils sont suffisamment nombreux pour s’interroger sur la dangerosité des chaussures fabriquées en Chine. Qui incluent évidemment les chaussures de football.
#PetiteForet Un ulcère au pied à cause – encore! – de chaussures chinoises, achetées chez Chaussea https://t.co/5YmvAB0KQZ pic.twitter.com/HeuXIb7rws
— VDNValenciennes (@VDNValenciennes) 19 juillet 2017
Alors, faut-il faire attention et choisir par exemple des produits français pour des considérations de santé ? Non, selon Corentin Monnier. Pour le podologue de Saint-Malo, la marginalité des problèmes de ce genre montre qu’il n’y a absolument pas lieu de redouter les crampons chinois : « Déjà, il faut savoir que les chaussures de foot sont quasiment toutes faites au Cambodge, au Vietnam, en Thaïlande et donc en Chine. D’autres viennent d’Europe, comme les Kopa Mundial et les Kaiser 5 (Adidas) qui viennent d’Allemagne, mais ça reste une minorité. Or, il n’y a pas eu de souci particulier jusqu’à aujourd’hui. Donc normalement, on peut faire confiance à ce genre de produits. Les problèmes évoqués restent assez ciblés sur les chaussures de la vie de tous les jours, qui ne sont effectivement pas de grande qualité… » Mais les crampons asiatiques sont-ils fabriqués d’une manière différente de leurs confrères nés dans un autre pays ? « Il y a parfois un peu plus de matières synthétiques, oui. Et certains en sont allergiques, répond le podologue. Pour ces personnes-là, il peut y avoir des rougeurs, des plaques et des gonflements qui apparaissent. »
Dans le Nord, c’est le formol, un gaz irritant utilisé pour la bonne conservation des chaussures, qui a la gueule du coupable idéal. Cela dit, que quelqu’un souffre jusqu’à l’ulcère dans cette situation étonne beaucoup le spécialiste du pied, rassurant : « Pas d’inquiétude. Franchement, qu’un joueur chope un ulcère à cause de ses pompes, c’est impossible. Car avant que l’ulcère ne se pointe, le pied gonfle, il y a des grattements et surtout beaucoup de douleurs. Donc le joueur va le sentir et changer rapidement de chaussures, je le garantis. À moins qu’il soit diabétique et qu’il ait une absence de sensibilité au pied. Mais il n’y a pas beaucoup de footballeurs diabétiques, si ? » Voilà ce que les journalistes de ce site d’informations parodiques auraient dû demander à Arda Turan.
En réalité, le footballeur (qu’il soit professionnel ou du dimanche) ne doit pas regarder en priorité la provenance de ses chaussures pour se sentir bien dans ses crampons, mais d’autres aspects plus spécifiques. « Ce qui peut être embêtant, avec certaines Nike notamment, c’est la position des crampons. Parfois, il y a un crampon qui est placé juste en dessous du gros orteil, à proximité d’une zone très propice aux ampoules. Du coup, les ampoules sont très fréquentes à ce niveau » , avertit Corentin Monnier, qui travaille régulièrement avec des sportifs de haut niveau. Et qui adresse un dernier conseil : « Moi, j’ai tendance à privilégier les crampons fers ou moulés aux lamelles. Parce que porter des chaussures à lamelles, ce n’est pas l’idéal pour les appuis et ça peut provoquer quelques soucis musculaires à long terme. Mais c’est un détail. » Ce qui l’est moins en revanche, c’est que celui qui fabrique les crampons made in China gagne bien souvent environ 170 euros mensuels. S’il doit y avoir une raison de boycotter les chaussures chinoises, elle se trouve davantage ici.
Par Florian Cadu
Propos de CM recueillis par FC