ACTU MERCATO
Les coulisses du transfert de Dani Alves
Ça y est, le PSG a frappé son premier gros coup sur le mercato. En grillant la concurrence sur le dossier Dani Alves, Antero Henrique a fait ses preuves. Comment s'y est-il pris ? Que prépare-t-il pour la suite ? Éléments de réponse.
Installé dans son bureau cossu du Parc des Princes, Antero Henrique sue à grosses gouttes. Est-ce dû au mur fraîchement tapissé de poils de loup ibérique ? Personne ne le sait. Fébrile, il sort son Bic Phone serti de rubis du tiroir de son bureau et envoie un texto à Maxwell Scherrer : « Escritorio, 5 min, ok ? :) » De toute évidence, cet homme ne maîtrise pas la fabuleuse invention qu’est l’emoji. N’empêche, cinq minutes plus tard, et pas une seconde de plus, on frappe à sa porte. C’est Maxwell, beau comme un camion, dans un costume bien mieux taillé que le sien.
« Assieds-toi, je t’en prie.
– Oui, chef ?
– Bon, Maxou, t’as l’air sympa et on va être amené à bosser ensemble, donc je vais pas te raconter des crackinetch’, mon poto. À Porto, je servais juste à compter les gros billets de Pinto, mon gars sûr de sûr. Le foot, je m’en carre le coquelicot, j’y connais rien. Donc faut que tu m’aides.
– Mais… je ne comprends pas…
– Bah écoute, c’est simple, Porto a gagné quelque chose ces dernières années ? Bah non, parce que James, Hulk, Falcao et tout le bordel, c’est pas moi, c’est Loulou. Et je ne te parle pas du mec qui voulait poignarder des boulards avec de la charcuterie, paix à son âme, mais de Loulou le Geekos, de Lille, là.
– Luis Campos ?
– Ouais, un malade celui-là. Une fois, je l’ai surpris en train de couiner dans son bureau. Il venait de gagner la Ligue des champions avec Le Poiré-sur-Vie sur Football Manager. Je suis entré, il s’est embrassé le poing et m’a demandé si j’en voulais. Bref, on n’est pas bien, là ! Maxou, faut que tu trouves une idée.
– Mais, chef… Je tombe des nues, je ne sais pas quoi vous dire… »
Énervé, Antero se lève, se place près du tableau Veleda, feutre en main.
« Bah je ne sais pas non plus, moi. On va brainstormer, c’est pas comme ça qu’ils disent ? Il t’a dit quoi, Nasser ?
– Il m’a dit que pour promouvoir le nouveau maillot jaune, ce serait bien de ramener un Brésilien qui a du caractère et qui ne voulait plus revivre de remontada, mais soulever la Coupe. Et que si c’était possible, il fallait ramener un joueur emblématique, qui plairait au Parc. Puis il m’a dit de vous faire confiance, et il a terminé par un « Profite ! » en anglais. C’est tout. »
Agité, comme tout directeur créatif de start-up qui se respecte, Henrique note une liste de mots clés au tableau. Brésilien, Énervé, Remontada, Coupe, Héros, Icône, Confiance, Henrique, Enjoy.
« Bon, c’est cool tout ça. Réfléchis là-dessus et tu me mets une note vocale. Réunion terminée. J’ai golf, moi. Et after-work au Wanderlust. »
Choqué, Maxwell obéit. Alors que le soleil commence à se coucher, les bureaux sont vides. Vraiment vides ? Non, car comme tous les soirs depuis juin 2003, Luis Fernandez, qui n’a visiblement toujours pas digéré son éviction, se grime en femme de ménage pour s’infiltrer au Parc des Princes. Telle une Madame Doubtfire hispano-française. Señora Dudafuego, donc. Alerté par un bruit alors qu’il frotte le tableau, Luis se planque sous un siège, puis s’échappe discrètement. Seul problème majeur, dans sa fuite, Señora Dudafuego a laissé toutes les majuscules des mots-clés inscrits par Henrique un peu plus tôt. Le lendemain matin, Nasser frappe à la porte de son nouveau directeur sportif. Absent, car trop occupé à se remettre de sa soirée au Rex Club, ce dernier ne répond pas. Nasser entre et, ravi, voit ces lettres inscrites au feutre rouge, en majuscule, sur le petit tableau : B-E-R-C-H-I-C-H-E. Se disant que son nouvel employé a dû travailler tard dans la nuit, Nasser décide de lui faire un joli cadeau d’arrivée, et de prendre lui-même le dossier en main. 15 heures. Alors qu’Henrique débarque, la gueule enfarinée, au Parc des Princes, Nasser accourt vers lui, radieux : « Surpriiiiiiise !!! Tu devais être en rendez-vous, alors je l’ai signé à ta place ! » , tout en lui tendant son portable sur lequel Henrique, soudainement affolé, voit apparaître un triste montage photoshop : « Berchiche représente Paris » . Souriant, Henrique prétexte un Skype avec Cristiano Ronaldo pour s’effacer, puis court vers son bureau, où il s’enferme et ressort son téléphone. « Max, escritorio, agoraaaaaaa, :) » . Cinq minutes plus tard, et pas une seconde de plus, on frappe à sa porte.
« Roooh mon Maxou, déjà, paye ton Nurofen parce que là je suis dans le mal. Bon, ensuite, on est dans le purin, mon gros. Parce que là, je sais pas d’où ça sort, mais Nasser nous a pris un mec.
– Ah oui, mais c’est une bonne nouvelle, non ? Comment s’appelle-t-il ?
– YURI BERCHICHE… Non, mais c’est quoi ce bordel ? Un astronaute accro au thé à la menthe ?
– Calmez-vous, chef…
– Mec, il faut agir. Là j’ai un triplex au Troca, c’est parfait pour les after. Et je te le dis direct, je ne vais pas le lâcher, mon cabanon.
– Mais que peut-on faire, maître ?
– Bah je sais pas… Attends, t’es arrivé comment toi ?
– Leonardo m’avait mis une grosse banane en me disant qu’on allait ramener la Ligue des champions en deux ans… Et deux minutes après avoir signé, il me demandait le 06 de Zlatan, ce requin…
– Putain, mais pas con, ça ! J’ai croisé Dani Alves à sept heures du mat’ en train de bouffer des œufs brouillés au Crillon. Ah je peux te le dire, le Dani, c’est un bon. Il m’a même proposé de partir en jet à Mykonos pour relâcher un peu la pression…
– Mais… Où voulez-vous en venir, chef ?
– Bah on va mettre le paquet sur lui, mon poteau !
– Mais il a quasiment conclu avec City, non ?
– Et alors ? On en parle à Nasser, qui en parle à l’émir, qui appelle son cousin, et hop, disquetch’ ! Ensuite, j’ai plus qu’à balancer un MMS à Pep pour qu’il philosophe dans son coin, un coup de fil au Parisien pour qu’ils en mettent partout, et on privatise le Barrio Latino pour fêter ça.
– C’est tout ?
– Bah non, caralho ! Ce n’est que le début ! Dès qu’il est bourré, tu lui grattes le 06 de Neymar… »
NB : Ceci est peut-être une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait peut-être fortuite.
Par Paul Piquard