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Les clés tactiques de PSG – Chelsea
Pour l'histoire, ce duel PSG-Chelsea est celui de l'ambition aussi inconsciente qu'infinie des Parisiens face au statut paradoxal d'« outsider double champion d'Europe » des Blues. Il est aussi le défi de Laurent Blanc, celui qui apprend, face à José Mourinho, celui qui sait. Enfin, sur le terrain, ce match opposera deux types de football opposés : la possession de balle contre la contre-attaque rapide, trois milieux centraux contre trois milieux offensifs, une défense conquérante contre un bloc bas. En clair, une équipe qui aime jouer avec le ballon, et une autre qui préfère le voler.
L’épreuve de philo
Depuis son arrivée, et même plus tôt dans le costume de sélectionneur de l’équipe de France, Laurent Blanc a toujours parlé de sa « philosophie à respecter » . Un 4-3-3 construit pour prendre l’initiative, garder le ballon et user l’adversaire. Et ça marche : cette saison, le PSG répète ses gammes en attendant de se mesurer à plus gros. José Mourinho aussi a évoqué « la stabilité du jeu parisien » . Chelsea n’ayant pas les armes pour lui voler l’initiative comme pourraient le faire le Bayern ou le Barça, le PSG aura a priori le luxe de philosopher en paix.
Il s’agit donc d’un vrai test pour l’essence du jeu parisien, qui va devoir démontrer deux choses : transformer possession en occasions face à l’une des défenses les plus expérimentées d’Europe, et ne pas se faire piéger en contre face à l’une des attaques les plus rapides de la compétition. Et ce n’est pas un petit piège : avec la polyvalence des Ramires, David Luiz, Willian et l’entrée en jeu possible d’Obi Mikel, cette formation de Chelsea sait se refermer comme aucune autre en Europe cette saison. Enfin, sur le banc, le test est immense pour Laurent Blanc, dont la gestion des imprévus, des tournants et des changements, sera particulièrement observée.
Comment le PSG peut-il conserver sa philosophie sans se mettre en danger ?
En quelques mois, José Mourinho a une nouvelle fois bâti une formation intelligente, basée sur un travail sans ballon extraordinaire et des joueurs au profil de contre-attaquants. D’une part, les Blues ont les débordements fabuleux de Hazard, le volume de jeu de Willian, la rigueur étonnante d’Oscar et la polyvalence des Schürrle, Ramires ou encore David Luiz. D’autre part, même en l’absence d’Eto’o, José peut compter sur l’expérience et le savoir-faire exceptionnel d’Ivanović et Terry, pour ne citer qu’eux. Dit simplement, cela donne une équipe qui défend dur et qui attaque vite. Comment empêcher les Blues de transformer leurs récupérations en situations dangereuses ? Et comment ralentir cette ligne de trois milieux offensifs ?
La prévention, d’abord. D’une, le PSG doit limiter les pertes de balle sur les ailes dans les zones de Hazard et Willian, et dans les pieds de Lampard. De deux, pour ne pas subir les bombardements ennemis, le meilleur moyen est de pousser les ailiers adverses à défendre le plus proche possible de leurs propres cages. Van der Wiel et Maxwell sauront-ils conquérir leur couloir ? L’aide de Cavani et Lucas (ou Lavezzi) sera cruciale. La réaction, ensuite. Les pertes de balle étant inévitables, il s’agit de trouver une manière de réagir correctement. Le plus dangereux étant de donner de l’espace aux coureurs londoniens, il s’agit en premier lieu les limiter en resserrant les lignes, avec deux ingrédients : une défense très haute et un pressing agressif sur les milieux, pour qu’ils n’aient pas le temps de se retourner. Dans ce registre, Thiago Silva est peut-être le meilleur au monde, mais la concentration d’Alex pour éviter toute situation de sprint embarrassant sera capitale. Dans un second temps, l’usage des fautes tactiques est primordial. Blanc peut compter sur l’expert Thiago Motta, lui qui avait fait dérailler les attaquants londoniens en 2010, au point d’exclure Drogba.
Le PSG doit-il craindre le pressing de Chelsea ?
Il y a dix jours, Chelsea envoyait un signal très fort avec un set servi à Arsenal. À Stamford Bridge, 20 minutes de pressing insoutenable et d’erreurs provoquées avaient suffi. Est-ce que cela peut marcher contre le PSG ? A priori, non. Ce pressing est d’abord un défi pour Chelsea. D’une part, l’effectif parisien est mieux armé que celui des Gunners. Motta n’est pas qu’un Arteta, Silva est autrement plus à l’aise avec la possession que Koscielny et Mertesacker, et enfin, Hazard sera-t-il capable de faire un pressing suffisamment intense face à l’insolent Verratti ? Face à cette interrogation, Mourinho pourrait demander à Willian d’occuper le côté gauche et au Belge d’aller se placer à droite, voire en pointe, avec toujours l’option de faire jouer Ramires en ailier droit.
D’autre part, le PSG sait facilement mettre en place des situations de supériorité numérique non seulement au milieu de terrain, mais partout sur le terrain, à l’aide des décrochages d’Ibra, des mouvements de Lucas, de la sérénité de Maxwell, tout en restant dangereux grâce aux appels de Cavani. La rigueur d’Oscar et le travail de Willian pourraient « compliquer la vie » de Motta et Silva, comme l’a dit Mourinho, mais il faudrait que les Blues parviennent à presser bien au-delà de la relance parisienne pour que le PSG soit vraiment bousculé. Ainsi, Mourinho pourrait ne pas ordonner de tel pressing à l’aller, et forcer les Parisiens à se découvrir en se gardant une chance d’aller marquer un but à l’extérieur en contre ou sur coup de pied arrêté…
Ibrahimović, Cavani, Hazard et… Javier Pastore ?
Les grands matchs de C1 appartiennent aux étoiles, ces joueurs capables de faire sauter tout plan de jeu par leur talent. Ibra, Cavani, Hazard. Peu importe l’adversaire, ces joueurs savent faire la différence et dépasser le cadre du système de jeu et des consignes. Lampard aussi, à l’émission des coups de pied arrêtés, ainsi qu’Ivanović, à leur réception, peuvent entrer dans cette catégorie. Du côté parisien, il faut ajouter un homme dont on attend pourtant beaucoup moins : Javier Pastore. Et s’il était temps de voir l’Argentin non pas comme un problème insoluble, mais une arme supplémentaire et unique ?
Si l’Argentin ne sera définitivement jamais la star de ce PSG, s’il ne sera peut-être jamais fait pour aller marquer une tête décisive à Évian en plein mois de décembre, le fait est qu’aucun autre créateur francielien n’a plus d’idées que le numéro 27. Quand le système, la rigueur et le travail, ne suffiront plus au PSG, quand Lavezzi et Lucas auront « fait le tour » , il faudra un éclair de génie, une pensée imprévisible, un petit bout d’extérieur du pied que l’on n’attendait pas. L’an passé, si la saison du Flaco avait débuté en janvier, elle avait finalement abouti sur deux performances de champion à Valence et à Barcelone. Et si cela devenait une habitude ?
Par Markus Kaufmann
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