- Finale Ligue des champions
- Bayern Munich/Borussia Dortmund
Les clés tactiques de la finale de la Ligue des champions
Après « 2010 et Diego Milito » et « 2012 et Didier Drogba », le Bayern Munich a une troisième opportunité en quatre ans pour revenir là où il pense appartenir : sur le toit du monde. Après avoir déshydraté la Juve 4-0 et humilié le Barça 7-0, les Munichois s'attaquent au concept « 2013 et Lewandowski » avec un dangereux costume de favori. Passage en revue des options tactiques des deux jolies allemandes.
La finale de la Ligue des champions a lieu longtemps après les derniers matchs à enjeu de la saison. La préparation est plus longue, les cerveaux chauffent, l’attente est insoutenable, et surtout, on a le temps de travailler. Pour arriver physiquement en grande forme, pour être tactiquement préparé à tous les scénarios, et même pour s’entraîner aux tirs au but, comme l’a affirmé Heynckes. Alors quand la finale oppose deux clubs du même championnat, les chances de voir une équipe surprendre largement l’autre sont plutôt minces. Dans ce sens, cette finale germanique ressemblera certainement à un combat imaginaire entre les deux Klitschko, c’est-à-dire un duel fait de nerfs et d’émotions.
Finale, pression, détails, numéros 9 et Manuel Neuer
Il y a trois ans presque jour pour jour, Diego Milito et Júlio César dégoûtaient Van Gaal. L’an passé, c’était au tour de Drogba et Čech de donner une leçon de caractère à l’équipe construite par Beckenbauer et Hoeness. Là où les collectifs s’annulent, là où la pression écrase le jeu, les finales deviennent l’affaire des buteurs et des gardiens. L’an passé, Neuer aurait pu sortir la tête de Drogba. Il était dessus. Puisque cela fait exactement neuf mois qu’il attend que sa saison commence vraiment, le peuple munichois compte sur lui pour sortir un match de champion, enfin. Pas évident, donc, alors qu’en face Weidenfeller n’a qu’à continuer sur sa lancée et ses duels gagnés à Madrid. C’est une histoire de sang-froid. De manière générale, le Bayern semble arriver plus tendu. Pas de célébration en cas de victoire, la finale de la Coupe à jouer la semaine prochaine, l’obsession d’un Triplé historique…
Au contraire, entre les joueurs blessés (Piszczek opéré cet été, Hummels et sa cheville) et les vendus (départ de Götze, Lewandowski ?), le Borussia jouera ce qui pourrait devenir une sorte d’ultime bataille, à la Chelsea 2012. Schéma classique : l’obsession des uns, le rêve des autres. Qui dit finale, dit détails. Psychologiques, tactiques, physiques, peu importe. Sebastian Kehl le sait : « Le match va se jouer à rien. » Notamment, Jupp Heynckes sera très attentif à ses changements. L’an passé à l’Allianz Arena, Di Matteo lui avait donné une jolie leçon. Après le but de Müller à la 83e, Di Matteo avait fait rentrer Torres à la 84e. Trois minutes plus tard, Heynckes faisait sortir Müller pour Van Buyten. Quelques instants après, Torres obtenait brillamment un corner. Et Drogba venait catapulter sa tête au-dessus d’une défense perdue, où Van Buyten courrait comme un poulet à la recherche d’un joueur à marquer. 1-1 et deux prolongations à jouer, avec Van Buyten en plus et Müller en moins…
Le Bayern doit écrire le scénario
Avant même de parler de systèmes, de duels et de rapports de force, cette finale sera une question d’intentions. Puisque le Bayern est indiscutablement plus fort, la balle est dans son camp. D’après Jupp Heynckes : « si notre collectif répond présent, si nous jouons en bloc, alors nous gagnerons » . Typiquement, si je fais les choses bien de mon côté, je n’ai pas à m’inquiéter. Et c’est là que se situe le danger : le Bayern peut faire un grand match et perdre. Lors de ses deux finales perdues, l’équipe adverse avait écrit le scénario parfait, et le Bayern avait bien joué, mais en suivant le schéma imposé par l’adversaire. Les chefs d’œuvre d’attaque rapide du trident Milito-Eto’o-Sneijder, la victoire au courage sur trois tirs cadrés de Di Matteo…
À l’Allianz Arena, le Bayern pensait faire le match parfait. À la mi-temps, Heynckes avait déjà tiré 13 fois aux buts et comptait 60% de possession. Pour finir par tirer 35 fois et perdre à la maison. S’il a retenu la leçon, le Bayern ne doit pas venir à Londres pour jouer, mais pour marquer des buts. Tout est une question d’initiative. Sur le terrain, cela peut se concrétiser par une agression constante de la surface de Dortmund dès les premières minutes, une énorme présence physique dans les premiers duels, et surtout une grande prise de risque dans les appels. L’enjeu du favori est là : mettre mal à l’aise l’adversaire avant qu’il ne te fasse douter.
Un duel de titans : Gündoğan contre Schweinsteiger
Malgré les deux 4-2-3-1, les deux formations s’équilibrent différemment : si le Bayern fonctionnera comme une machine à quatre bras devant (Ribéry, Robben, Müller et Mandžukić), le Borussia dépendra bien plus des mouvements de Lewandowski. Si Klopp opte pour le jeu long pour éviter les récupérations de Ribéry et Schweinsteiger, les duels gagnés par le 9 seront cruciaux. Si le Borussia parvient à se faufiler sur les côtés, il comptera sur ses décrochages pour libérer de l’espace à ses ailiers dans le dos des latéraux bavarois. On imagine mal Dortmund exister sans un bon Robert. Mais en dehors de cette différence, chaque camp sait très bien où il peut faire mal. Au pressing, les deux doublettes (Lewandowski-Reus et Mandžukić-Müller) tenteront d’entrée de jeu de faire douter la « confiance technique » de Van Buyten (ou Boateng), Dante, Hummels et Subotić, ce qui pourrait déjà déboucher sur un déséquilibre.
Ensuite, si les deux paires de latéraux ont déjà démontré qu’ils savaient aider à la relance, le profil particulièrement défensif des ailiers (Ribéry et Kuba) limitera la fluidité de jeu sur les couloirs. Ainsi, on regardera tout particulièrement les mouvements de Gündoğan et Schweinsteiger. L’enjeu est le même de chaque côté : étouffer une équipe adverse qui a toujours su respirer plus qu’il n’en faut lors de chacune de ses confrontations. Les deux néo-concurrents en sélection vont donc se livrer une bataille démesurée où le plus intelligent vaincra. Aider la relance, aider la couverture de Martinez et Bender face à Reus et Müller, aider les latéraux face aux pénétrations des ailiers, mais aussi armer les offensives, gérer la possession, et pourquoi pas proposer un gros pied à l’entrée de la surface. Après tout, ça n’est qu’un match de Bundesliga.
Par Markus Kaufmann
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