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Les clés tactiques de France-Allemagne

Par Markus Kaufmann
Les clés tactiques de France-Allemagne

Un énième combat franco-allemand. Historiquement, de ce côté du Rhin, on a toujours aimé opposer une France pleine de vigueur à une Allemagne faite de discipline. La force naturelle des uns, le sérieux des autres. Ce n'est pas mentir de dire que cette perception du duel mettait plutôt en valeur le romantisme des Bleus. Mais cette fois-ci, les deux armées ont échangé leurs rôles. Alors que la Mannschaft a jusque-là alterné entre le football classique allemand et une pâle copie d'un certain jeu ibérique, quel visage proposera la formation de Löw ?

L’Allemande talentueuse contre le travailleur français ?

Cette Allemagne, c’est indéniablement celle du talent. Le visage de 2010, c’était Mesut Özil, passé de jeune espoir méconnu à nouvelle vedette du Real Madrid. Un pied gauche de sorcier, une vision de génie, et un sacré style. En 2014, la vedette est Thomas Müller. Enfin au centre du jeu, tout le temps, partout. Autrefois intimidante, l’Allemagne est devenue créatrice, et donc séduisante. Même son gardien est devenu aussi imposant qu’innovant, après une performance extraordinaire en huitième qui restera dans les annales. Özil, Götze, Müller, Schürrle, (Reus) : la Mannschaft est faite de joueurs rapides et déséquilibrants. Au point de vouloir en faire trop ?

En face, ces Bleus ne sont plus ceux de Zidane. Cette France, ce n’est pas n’importe laquelle : c’est celle de Didier Deschamps ! Et les valeurs qui vont avec : travail, équilibre, cohésion. Ces Bleus ne feront pas d’enchaînements spectaculaires pour le plaisir. Ils font ce qu’ils ont à faire, comme un groupe marqué par la détermination du revanchard qui n’a pas envie de laisser passer sa seconde chance. C’est Évra le combattant, passé par Monza et monté jusqu’au brassard de Manchester United avec moins de potentiel que Coentrão. C’est Valbuena le survivant, longtemps obligé de rouler par terre pour venir écouter les conversations de la table des bons joueurs, et aujourd’hui assis confortablement en première table. C’est Matuidi, l’expert du « contrôle-passe » devenu joueur frisson absolu. C’est Cabaye et Debuchy, les petits gars du Nord. Finalement, seuls Pogba, Varane et Benzema sortent vraiment de cette logique de revanche. Mais alors, des deux équipes, laquelle est la plus sûre de ses idées ?

Du désir d’universalité du football allemand

La domination du football espagnol, symbolisée par l’universalisation du FC Barcelone autour d’un slogan pourtant local, « Més que un club » , est parvenue à aller au-delà de la caractéristique locale et singulière du football. L’Inter de 2010 et le Chelsea de 2012, c’étaient les méchants contre le reste du monde. Le pouvoir de séduction était tel que le Barça ne semblait plus jouer pour les siens, mais pour le football en général. Une sorte d’œuvre universelle, qui a, semble-t-il, séduit les Allemands. La Mannschaft s’est mise à faire du toque, à mettre en valeur Özil plutôt que Khedira, et le Bayern a engagé Pep Guardiola. Après une campagne européenne exceptionnelle, le club bavarois avait atteint « son » sommet : la mise à mort spectaculaire du club catalan (7-0 !). Car « son » sommet, ce n’était pas une quatrième C1 ! C’était la place du Barça. Le succès universel. Comme le Real Madrid, la Mannschaft joue en blanc. Comme le Real Madrid, la Mannschaft veut tout : gagner tous les trophées, acheter tous les joueurs, vendre tous les produits dérivés. Alors que la Mannschaft semblait avoir trouvé un équilibre entre la possession et le football direct – à l’époque, il ne lui manquait que l’expérience (ou un grand sélectionneur) – elle a versé dans l’excès de la recherche du « beau » .

Or, le football est par essence division. Un « fan » ne s’extasie pas devant la performance d’un adversaire de son équipe. Il n’admire pas, mais il supporte, préfère, aime et déteste. Alors, après avoir supplié Mourinho d’imposer un football de toque et de possession, le Real a finalement gagné avec le pragmatisme de Carlo Ancelotti, et son football direct et décomplexé. Avec les succès du Barça, on a associé ces mouvements pour les englober sous l’expression « du jeu » . Mais non, jouer, c’est donner un plan de jeu clair et en adéquation avec les profils de ses joueurs et ses adversaires, peu importent la couleur et l’odeur de ce plan. Ainsi, la question est de savoir quel plan aura Löw ce vendredi : la possession pour séduire, ou un plan pour gagner ?

Schweinsteiger ou Schweinsteigos ?

Contre le Portugal, Löw a fait jouer un football merveilleusement intelligent. Le premier quart d’heure aura suffi. Un bloc bas, piégeant systématiquement des Portugais incapables de défendre autrement que tous derrière le ballon. Une victoire tactique, à l’allemande, qui exaltait les qualités de contre de Müller, Özil ou même Khedira, positionné en relayeur. Contre le Ghana, l’Allemagne a peut-être vu les limites de ce plan de jeu. Face à une équipe intelligemment mise en place, le talent ne suffit pas. Alors, Löw est revenu à ce qu’il croit être le système qui donne le plus de garanties pour être le plus fort : la possession. Contre les États-Unis, dans l’un des matchs les plus pénibles de cette compétition (merci la tempête, aussi), l’Allemagne a fait tourner. On a revu un Bastian Schweinsteiger forcé de faire du Xavi bas de gamme – du Schweinsteigos – alors que le meilleur Schweinsteiger est capable d’atteindre des sommets dans la spontanéité de sa lecture du jeu, son volume de jeu légendaire révélé par Van Gaal et la pureté de son jeu long. Chaque entraîneur veut mener l’autre sur le terrain qui lui plaît le plus. Löw croit-il suffisamment que le football de possession est celui de ses hommes pour les convaincre qu’ils pourront battre une équipe de France à l’aise en contre ? En face, Deschamps devra-t-il accepter de laisser la Mannschaft faire le jeu ?

Les choix de Deschamps

Abandonnée par le reste des unités de l’équipe, la défense allemande est loin de ce que le pays de Lothar Matthäus et Franz Beckenbauer a pu produire. L’Algérie a fait le pari du contre et de la mise en place de duels individuels proches du but adverse, et cela n’est pas passé loin. Pour se donner plus de chances de réussite, les Français pourront compter sur leur milieu de terrain. Si le trio Cabaye-Matuidi-Pogba parvient à prendre l’ascendant sur les protections de la défense de Löw – à base de duels gagnés et de projections rapides vers l’avant – la France aura fait un grand pas vers la victoire. Contrairement à son match contre le Nigeria, Cabaye devra absolument prendre le jeu à son compte et jouer le rôle de la rampe de lancement dont les attaques bleues auront besoin. Deschamps a forcément pensé à la verticalité et la versatilité de Sissoko, mais le match de Pogba contre le Nigeria, et sa capacité à conserver le ballon, pèseront dans la balance.

Devant, dans l’optique où la France devra jouer vite et créer du mouvement, il semble probable que DD fera le choix de Griezmann aux côtés de Benzema. Et au poste de 6, si jamais les Bleus parvenaient à prendre l’avantage, il ne serait pas étonnant de voir Schneiderlin apporter son impact et surtout sa lecture du jeu, dans une situation où la France devra commettre peu d’erreurs et garder le ballon sous la pression. Peu importe le plan allemand, a priori, Deschamps n’agressera pas la possession allemande, dont la « lenteur » est suffisante pour garantir de nombreuses récupérations. En revanche, l’objectif des Bleus sera de limiter l’impact de Müller (de même que Schürrle) autour de la surface : pour une charnière française quelque peu lourde, museler un joueur ne donnant aucun repère sera un vrai défi. Mais plus l’Allemagne multipliera les manœuvres, plus celles-ci deviendront lisibles pour le bloc bleu.

À visiter :

Le site Faute Tactique

Le blog Faute Tactique sur SoFoot.com

Ilenikhena, le cauchemar du Barça

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