- Ligue des champions – Quart de finale retour – Chelsea/PSG
Les clés tactiques de Chelsea-PSG
Après le but coup de poing de Lavezzi, l'erreur de Thiago Silva, le CSC de David Luiz et l'invention de Javier Pastore, c'est la pause. À la mi-temps, un score de 3-1 n'est jamais définitif, encore moins à Stamford Bridge. Les supporters font le voyage, les joueurs se concentrent et les entraîneurs ajustent leur tactique…
C’était le 14 mars 2012, il y a un peu plus de deux ans. Après s’être incliné 3-1 au San Paolo, ce qui provoqua la fin de l’ère Villas-Boas, le Chelsea de Di Matteo avait renversé le Napoli à Stamford Bridge. Drogba, Terry, Lampard, puis Ivanović en prolongation. La victoire des cadres. Le match s’était joué sur des détails : les occasions manquées de Cavani et Lavezzi, la blessure de Christian Maggio, un corner, un penalty. Mourinho le sait, malgré le 1-3, le choc de ce soir n’a pas à être rationnel : « Mes raisons d’y croire ? Les raisons ne sont pas importantes, la conviction est importante. »
Quel plan pour Chelsea ?
José Mourinho croit en Dieu, mais pas suffisamment pour le laisser décider du sort de ce match. La « conviction » , c’est pour la forme. Le Portugais sait que jouer ce PSG avec deux buts de retard est un vrai défi : le PSG sait mieux tenir le ballon, le PSG sait faire mal en contre et le PSG est fort sur coups de pied arrêtés. Mais José sait aussi que Sirigu n’a jamais vraiment été testé à ce niveau, que Jallet peut être mis en difficulté et que Matuidi, Motta, Alex, Rabiot et Cavani sont sous la menace d’une suspension. Aussi, il sait que ce PSG n’a jamais eu à gérer une telle situation. Les vingt premières et les vingt dernières minutes peuvent devenir un enfer pour les Parisiens, et Mourinho va tout faire pour créer une atmosphère compliquée : pousser Cavani et Lavezzi à gâcher leurs occasions, pousser Sirigu à faire une mauvaise sortie, Jallet à ne pas voir un décalage, et Verratti à perdre des ballons, entre autres…
Tactiquement, ce match va prendre deux dimensions pour Chelsea. La première est défensive. Chelsea ne peut pas laisser le PSG gagner ce match. C’est la partie la plus difficile : à l’aller, les Blues n’ont pas trouvé de solution pour contenir les assauts parisiens. Pour ce qui est du pressing, la vie des Londoniens sera pénible sans Ramires, et on peut douter des capacités de Lampard et David Luiz à fatiguer les Parisiens durant 90 minutes, d’où une possible surprise. Puisqu’il aura besoin d’un Hazard et d’un Oscar bien plus libres qu’à l’aller, Mourinho pourrait leur offrir plus de protection : Obi Mikel pourrait former un milieu à trois, et pourquoi pas une surprise Ashley Cole au milieu pour mieux couvrir les montées d’Ivanović à l’aide des permutations d’Azpi ? La seconde dimension est celle de l’intelligence dans le jeu, la patience, la lucidité. Pour se rapprocher des cages de Sirigu, Chelsea va attaquer intelligemment : provoquer des fautes proches de la surface adverse, gagner péniblement des corners, prendre des risques sur les transmissions de Lampard vers ses ailiers. Pour cela, Mourinho aurait grandement eu besoin de son Drogba, qui avait porté à lui tout seul l’attaque bleue contre Naples. Cette fois, un numéro 9 semble donc indispensable.
Gagner le ballon, avec Lucas, Pastore ou Cabaye ?
Mais s’il en faut peu aux Blues pour marquer, il leur faut quand même le ballon. Après Arsenal-Bayern en huitièmes de finale cette saison (0-2), Pep Guardiola avait insisté sur la difficulté de tenir la possession de balle : « Ce soir, on a encore vu que cela dépendait de la possession. On aurait dû plus se battre lors des dix premières minutes. C’est une question de personnalité. Il faut vouloir le ballon. » C’est cette envie et cette personnalité qui avaient manqué au PSG de la 5e à la 30e minute au Parc : le PSG avait abandonné le contrôle du match en perdant la possession. Après un premier but marqué, les Parisiens avaient aussi perdu l’obligation de dominer. Et ce soir, ils ne l’auront pas non plus. Et pourtant, pour se donner toutes les chances de voir le dernier carré, Blanc veut gagner le ballon : « Nous ne sommes pas venus ici pour subir le jeu et cela sera certainement la clé du match. »
Avant l’aller, on se demandait comment le PSG pouvait conserver sa philosophie sans se mettre en danger face aux contres assassins des Blues. Ce soir, il s’agit plutôt de savoir si le PSG peut faire le jeu dans une atmosphère hostile et réussir, à coups de longues périodes de conservation de balle (dans son propre camp), à abattre les espoirs des Anglais. Une défense basse, des ailiers pour écarter et beaucoup de passes, c’était justement l’arme de Mourinho en 2010 pour battre les Blues d’Ancelotti avec l’Inter à Stamford Bridge. L’interrogation repose donc plutôt sur le choix des hommes, entre les mouvements de Pastore dans l’axe et les courses de Lucas, mais aussi l’option Cabaye. La polyvalence du Français peut être cruciale : non seulement il permettrait de donner plus de densité au milieu parisien, mais il offrirait aussi une assurance si jamais Chelsea parvenait à imposer un rythme fou à la rencontre. Les interceptions, les longs ballons et le jeu de Premier League de Cabaye seraient alors une arme supplémentaire. Une arme que Blanc a peut-être regrettée lors de la première mi-temps du match aller.
Les conséquences de l’absence de Zlatan
La blessure de Zlatan a trois conséquences tactiques. D’une, l’axe parisien est quelque peu abandonné. Le triangle Motta-Verratti-Matuidi penche à gauche, et Ibra aime venir chercher le ballon pour compenser cette absence, et le faire gicler sur l’aile. Le Suédois sait porter les attaques, mais il fait surtout la différence dans leur élaboration. Zlatan à gauche avec Maxwell et Matuidi, Zlatan à droite pour un exercice de conservation de balle improvisé avec Verratti. Sans son attaquant mobile et adroit, le PSG perd une façon de faire courir les Blues, de perturber leurs lignes défensives et d’amener la possession dans le camp adverse. D’où la possibilité de l’option Pastore, qui s’est toujours libéré en l’absence du Suédois, et qui sait servir Cavani. De deux, Blanc perd les replis défensifs de l’Uruguayen sur le côté droit, d’où la pertinence de l’option Lucas, ou le repositionnement du Pocho à droite. Enfin, tout Paris attend Edi Cavani : non seulement sa finition, mais aussi sa capacité à faire remonter le bloc. En vrai numéro 9.
Par Markus Kaufmann
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