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  • Débat à la présidentielle

Les clés du premier débat

Par Maxime Brigand et Alexandre Doskov
6 minutes
Les clés du premier débat

Les couteaux sont aiguisés, les munitions en place, les costumes serrés et les hommes prêts à dégainer. Lundi soir se tiendra sur TF1 le premier débat sur la route de la présidentielle entre le cinq majeur avant deux prochaines prestations qui réuniront cette fois la totalité des onze candidats. Voilà les clés de la baston.

Peut-on gagner sans vestiaire ?

Victoire obligatoire. Face à ses supporters, Benoît Hamon a adopté dimanche à Bercy la technique de la chemise craquée. Peu importent les gouttes, rien à battre des fuyards, le technicien de Saint-Renan est clair dans ses idées : « Il n’y a pas de bonne attaque sans une solide défense. Au football comme en politique, il faut savoir assurer ses bases arrière. » Alors, le voilà dans un costume qui jongle entre Pablo Correa et Pascal Dupraz. Avec un gardien en bois et sans vestiaire, ce sera une question de tripes et d’hommes. Une fois les gants enfilés, Hamon a donc cogné contre « le parti de l’argent » avant de faucher en pleine course « le vote utile » . Être avec lui, ce sera pour des convictions et non par défaut alors « ceux qui ont quitté le navire dès le premier zéphyr » peuvent plonger dans les jupes de Macron, il s’en fiche. Sa philosophie à lui, c’est l’honneur et l’équilibre dans le jeu malgré un projet de grand rêveur, et il est prêt à défendre son plan d’attaque jusqu’à la dernière minute. Quitte à tomber avec le sourire. Mourir avec ses idées, un bel hommage rendu à Jean-Marc Furlan. Une bonne surprise peut toujours arriver.


Peut-on s’imposer sans plan de jeu ?

Emmanuel Macron est dans son match, clairement. Depuis le début de la campagne, il a pris le jeu en main et file tête baissée vers le but. Oui, mais tant qu’il y avait peu de défenseurs pour venir le tacler, ça allait. Maintenant que ses adversaires sont bien en place et ont taillé leurs crampons en pointe pour lui démolir les jambes, la fin de la partie s’annonce plus compliquée. Et pour continuer à y croire, le natif d’Amiens va devoir proposer un plan de jeu solide, lui à qui on a si longtemps reproché de n’avoir aucun programme en stock. Philosophie de jeu fondée sur la souplesse et l’adaptation, liberté d’entreprendre pour ses joueurs et punitions pour les feignants qui ne voudraient pas courir, à lui d’exposer clairement ses idées sur sa petite ardoise de coach. Bonne nouvelle, il s’en était plutôt bien sorti dimanche soir sur son grand tableau de professeur face à des enfants.


La meilleure défense, c’est l’attaque

S’il s’est qualifié pour la phase finale, le prince de la Sarthe sait qu’il le doit à « une méthode qui gagne » à l’approche des rencontres qui comptent. Alors, pourquoi changer ? Lors des derniers jours, François Fillon a bûché dans son tipi, l’arc déjà bandé en pensant aux artilleurs qui l’attendent pour parler costumes et affaires. Lui veut parler projet et c’est finalement là-dessus que se joue une élection avant tout, non ? Résultat, L’Express a évoqué dans la journée de lundi un exercice de doublure où Valérie Boyer a enfilé le masque de Marine Le Pen, Luc Chatel celui d’Emmanuel Macron et Serge Grouard le rôle de Jean-Luc Mélenchon. Benoît Hamon ? Pas peur, trop maigre. Son entourage dit qu’il « mange des fiches » , très bien. El Local est donc prêt. Sa meilleure défense sera l’attaque, un truc plus simple qu’un dab devant des gosses. Le drakkar est armé, place à la joute avec un point rouge placé sur le marcheur blanc.


Ne pas trop jouer sur les ailes

Quand on est un joueur de couloir habitué à animer l’aile droite ou l’aile gauche du terrain, rester dans sa zone de confort et bouffer la ligne plus que de raison est tentant. Mais ce soir, ces deux ailiers insatiables que sont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon vont devoir repiquer de temps à autre. S’ils se montrent trop accros à leurs ailes respectives, c’est le carton rouge qui les attend. Car si l’avantage de leur position est de récupérer tous les ballons qui ont été perdus par les autres joueurs de champ, l’inconvénient, c’est que ce ne sont pas les joueurs les plus fédérateurs. Et pour finir Ballon d’or, il faudra qu’ils prouvent qu’ils peuvent plaire au grand public, donc jouer parfois un peu plus au centre. Quant à Hamon et Fillon, parfois coincés dans les embouteillages dans le champ, ils sont tentés d’emprunter les couloirs, mais leurs fans ne leur pardonneraient pas une dérive trop marquée. Une équation infernale à résoudre avant d’arriver devant le gardien de but, le terrible Gilles Bouleau, qui boxera du poing toute frappe approximative.


Doit-on jouer ou non les compétitions européennes ?

Cette question divise la France depuis trop longtemps. Quand une équipe choisit de n’en avoir rien à carrer de la Ligue Europa, on dit qu’elle est un boulet, et qu’elle fait perdre à la France sa place au classement UEFA, qui est bien plus important que celui des IDH par pays ou que ceux sur le respect des droits de l’homme. Quant aux équipes en question, elles se contentent d’expliquer que l’Europe leur bouffe du temps et de l’énergie, et qu’elles préfèrent se concentrer sur leur situation nationale. À quoi bon se coltiner des soirées au fin fond de la Bulgarie quand on n’arrive même pas à mettre les affaires en ordre chez soi ? Le débat brûle toujours, et nos amis candidats n’ont pas fini de s’écharper autour de la question, entre ceux qui veulent que la musique de la Ligue des champions résonne un peu plus fort, et ceux qui pensent que l’Hexagoal est ce que l’homme a fait de plus beau artistiquement depuis la Renaissance.


Se méfier de Capucine Anav

Bientôt 26 piges, une gueule de poupée, un sourire Colgate, la voilà maintenant dans la peau d’une titulaire en puissance. Son inspiration tactique est le triangle doré Auteuil-Neuilly-Passy, mais Capucine Anav veut maintenant filer quelques crochets. Au départ, la bouffonnerie télévisuelle était pour elle un moyen de « faire le vide dans [sa] tête et de [se] dire qu’il y a plus bête » qu’elle, comme la princesse l’a expliqué récemment à Libération. Aujourd’hui, c’est son gagne-pain avec une recette simple : jouer la greluche qui n’en serait pas vraiment une et s’en servir pour pouvoir taper demain plus haut. Honnête. Reste que lundi soir, celle qui s’est surtout fait connaître pour avoir squatté un temps le yacht de Richard Attias dans les bras de Louis Sarkozy va se retrouver avec un sifflet au bec. Face à elle, Nicolas Dupont-Aignan, le coach de Debout la France qui a décidé de se barrer, le torse bombé, du JT de TF1 samedi soir. La raison ? Sa non-invitation à un Maillon faible revisité entre les musclés de la course à la présidentielle, un cinq majeur que l’on connaît tous. Position défendable, méthode discutable, mais, au moins, ça fait parler de lui et c’est le principal sur une route pour le trône où le buzz a pris le pas sur les idées. Alors, sur le plateau de Touche pas à mon poste !, le petit Nicolas jouera quinze minutes en solitaire face aux grelots de Cyril Hanouna. Et ça, c’est mieux qu’une soirée chiante de plus de trois heures entre les balles.

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