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- J11- Juventus-Naples
Les clés de Juventus-Naples
À quatre petits points de la Vieille Dame au classement, Naples veut imiter les deux clubs de Milan en défaisant la Juve cette saison. Mais pour cela, il lui faudra bousculer le scénario d'une confrontation qui a souvent tourné à l'avantage des Bianconeri ces dernières années.
La solidité de la défense napolitaine
Dix buts encaissés lors des six derniers matchs. Les chiffres sont impitoyables quand il s’agit d’évaluer la cohésion défensive des Partenopei, qui semble globalement s’effriter depuis la fin du mois de septembre. Une fragilité qui leur a valu notamment d’enchaîner trois défaites, face à l’Atalanta et la Roma en Serie A, puis contre Beşiktaş en C1. La faute à la blessure de certains joueurs cadres, comme Albiol, qui traîne un souci musculaire depuis quelques semaines, et bien sûr Milik, dont l’indisponibilité prolongée déséquilibre le bloc équipe napolitain, en attendant que Sarri parvienne à trouver une solution alternative satisfaisante pour compenser son absence. Mais le destin n’est pas le seul coupable, puisque les individualités napolitaines sont également un ton en dessous depuis quelques rencontres : Kalidou Koulibaly, auteur d’une perte de balle fatale contre la Roma le 15 octobre dernier, dégage moins de sérénité, tandis que le marquage des latéraux, Ghoulam et Hysaj, s’est fait plus lâche sur les ailes. Des insuffisances qui ne pardonneront pas face à la Juve. S’il veulent faire tomber la Vieille Dame, les hommes de Sarri vont devoir se remobiliser derrière.
La Juve va enfin devoir gagner un gros match cette saison
Dominatrice, sans pitié, hégémonique… Autant de superlatifs qu’on a régulièrement associés à la Juventus ces dernières années. Seulement, même pour les Bianconeri, le football reste un éternel recommencement. Et cette saison, la Juve a connu un paquet de coups de moins bien. Surtout lors des matchs de prestige et à enjeux. La Vieille Dame a ainsi salement morflé face à l’Inter le 18 septembre dernier, accusant dès la quatrième journée sa première défaite en Serie A, avant de tomber une nouvelle fois face au Milan la semaine dernière, sur une frappe stratosphérique de Manuel Locatelli. En Ligue des champions, les Bianconeri ont aussi galéré face au blockhaus que leur a opposé le FC Séville de Jorge Sampaoli (0-0), puis sont passés à deux doigts de l’abîme face à Lyon, sauvés par un Buffon impérial et un Cuadrado décisif (0-1). Massimiliano Allegri le sait, tout ça fait franchement désordre pour un club qui affiche sa volonté de vouloir remonter sur le toit de l’Europe. Et nécessite de changer dès ce soir, face à Naples.
Sans Milik, Naples est contraint de réorganiser son attaque
Depuis le 9 octobre dernier, Maurizio Sarri est confronté à une équation qui semble jusqu’ici insoluble. Arkadiusz Milik, son mètre 89, ses sept buts en neuf matchs et sa finition de serial killer polonais, s’est salement pété les croisés. Du coup, l’entraîneur napolitain a bricolé devant en alignant Manolo Gabbiadini en pointe, dont la technique ciselée ne fait plus débat et qui s’était satisfait jusqu’ici d’un statut de remplaçant de luxe. Malheureusement, le petit Manolo, dont les qualités sont clairement plus proches de celles d’un neuf et demi que d’une pointe de surface, n’a pas franchement convaincu : l’Italien est sorti sous les sifflets du San Paolo lors de la défaite napolitaine face à la Roma (1-3) avant d’aligner une nouvelle prestation décevante en C1 contre le Beşiktaş, où il ne s’est illustré qu’en inscrivant un penalty. Frustré, il a fini par péter un câble face à Crotone en récoltant un rouge dès la trentième minute pour un mauvais geste qui lui a valu deux matchs de suspension. Le week-end dernier, face à Empoli, Sarri a donc aligné Dries Mertens dans un rôle de faux neuf. Pour un bilan pas dégueulasse : le mini Belge a galopé comme un dératé sur tout le front de l’attaque, combinant incessamment avec Insigne et Callejón et y est finalement allé de son but. De quoi probablement inciter Sarri à miser sur la même recette contre la Vieille Dame ce samedi. Même si, face au trio Chiellini-Bonucci-Barzagli, le défi sera forcément d’une tout autre ampleur.
Naples face à l’inévitable complexe turinois
Depuis que la Juve impose sa domination sans partage sur la Serie A, c’est toujours la même histoire. Le Napoli s’affirme comme l’un des principaux outsiders des Bianconeri en début de saison. Puis craque invariablement sur la longueur, le plus souvent en ayant au passage rendu les armes face à la Vieille Dame. Les statistiques sont sans pitié pour les Partenopei : en dix confrontations avec la Juve en Serie A depuis la saison 2011-2012, ils se sont imposés seulement à deux reprises. Une misère. Pourtant, l’année dernière, un vent de fraîcheur a longtemps soufflé sur le San Paolo : fin septembre 2015, Insigne et Higuaín explosaient avec délice le vieux complexe napolitain face aux Turinois en plantant deux merveilles dans les filets de Gigi Buffon. Et Naples, sur la lancée de son exploit, reste leader de la Serie A pendant quatre mois. Avant de s’effondrer en perdant le match du titre contre la Vieille Dame le 13 février dernier. Face à la Juve, l’infériorité de Naples n’est donc pas seulement technique, mais aussi mentale. Maurizio Sarri devra donc inévitablement trouver les bons mots pour que ses joueurs puissent enfin jouer libérés face aux Turinois.
Gonzalo Higuaín
À Naples, Gonzalo Higuaín est considéré par les tifosi comme l’un des plus grands traîtres de l’histoire contemporaine du Napoli. À Turin, l’Argentin est vu comme le cinquième élément, le chaînon manquant, le buteur qui manquait depuis longtemps à la Vieille Dame pour enfin affirmer ses ambitions au plus haut niveau européen. Au milieu de tout ça, Pipita s’est borné à envoyer pépère un message aux tifosi napolitains sur Instagram. Puis s’est mis à faire ce qu’il sait faire de mieux : marquer des buts. Six en Serie A, un en Ligue des champions pour le moment. Pas mal du tout, même si Gonzalo est encore loin du rythme du feu de Dieu qu’il s’était imposé avec les Partenopei la saison dernière. Reste qu’il semble avoir plutôt bien intégré son transfert à Turin. Ce qui ne le rend pas infaillible pour autant : l’Argentin n’a plus planté depuis quatre matchs toutes compétitions confondues avec la Vieille Dame et devra une nouvelle fois se passer de son compère d’attaque favori, Paulo Dybala, absent pour blessure. Une période de disette que ses ex-coéquipiers, qui disent ne pas lui en vouloir, auront néanmoins à cœur de prolonger. D’autant plus que, malgré les dires de ses hommes, Maurizio Sarri a admis à demi-mot en conférence de presse que la blessure liée au départ de l’ex-idole du San Paolo n’était pas encore tout à fait refermée : « Samedi, je le saluerai comme un père saluerait son fils qui l’a mis en colère. » Reste à savoir lequel tiendra tête à l’autre.
Par Adrien Candau