- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande
Les clés de France-Islande
La serrure islandaise n'a toujours pas sauté, et les Français vont peut-être devoir y mettre la pince monseigneur. Une mission difficile mais pas impossible, à condition d'identifier les vrais points vitaux de cette rencontre. Tour d'horizon, avec cet état des lieux qui nous emmène du banc de touche aux tribunes, en passant par la poche à cartons de l'arbitre.
Éteindre le volcan islandais
Les blagues les meilleures sont les plus courtes. Plus jeunes, quand nos parents organisaient un dîner, on aimait tous veiller un peu plus tard que d’habitude. Rester à la table des grands, et se prendre pour l’un des leurs. On devient la mascotte, attachante et touchante, on amuse la galerie, mais arrive le moment où il faut aller au lit et laisser les adultes entre eux. Aujourd’hui, la France entière prie pour que la cloche sonne enfin pour les Islandais. Car si la cote de popularité des Vikings est au plus haut, elle risque de prendre un sacré coup s’ils dégagent les Bleus de leur propre Euro. Si battre les Anglais aurait été beau, noble, prestigieux, jouissif, vaincre sèchement les Islandais permettrait de montrer que les Français ne plaisantent pas, et qu’ils ne sont plus là pour les belles histoires, mais pour la gagne. Deschamps style.
Le repositionnement de Griezmann en 9 et demi
Dans le 4-3-3 de Deschamps, Griezmann n’occupe pas le même poste que dans le système de l’Atlético. La ligne d’attaque française reste malgré tout performante, mais se priver de l’efficacité diabolique de Griezmann quand il est plus dans l’axe, c’est tout de même dommage. « L’axe, c’est là où j’ai joué toute l’année et où j’ai mes repères » , confiait-il d’ailleurs après son doublé face à l’Irlande. Un exploit en grande partie rendu possible par son repositionnement en deuxième période, quand il avait épaulé Olivier Giroud, en ayant le droit de jouer les électrons libres et de rendre fou les défenseurs irlandais. Ce dimanche soir, Didier Deschamps pourrait bien se laisser tenter dès le début du match. « Je sais qu’il est très bon à ce poste, je ne suis pas tombé de l’arbre » , avait indiqué le sélectionneur, qui aura besoin d’une efficacité offensive maximale pour venir à bout de la défense oppressante des Islandais.
Les remplaçants de Kanté et de Rami
Coupables de trop aimer les biscottes, N’Golo Kanté et Adil Rami vont observer le match au premier rang, depuis le banc de touche. Alors qui pour les remplacer ? Contre l’Irlande, Deschamps avait rangé son Kanté au placard dès la fin de la première mi-temps pour faire entrer Coman. Derrière, un grand ménage de printemps avait suivi avec un chamboulement tactique salvateur. Deschamps est-il parti pour proposer le même format au milieu et en attaque ce dimanche soir ? Concernant la défense, le sélectionneur a parfaitement joué son rôle de coffre-fort en ne révélant rien en conférence de presse. À cette question en forme d’introduction au débat « Quelles sont les qualités d’Umtiti et comment se sent-il dans le groupe ? » , DD s’est amusé à répondre « Je te donne celles de Mangala aussi ou tu t’en fous ? » Secret et imperturbable.
Profiter de la rugosité des Islandais
L’Islande a énormément de qualités, mais pas celle d’être imprévisible. Son organisation et son système de jeu sont peu complexes à déchiffrer, et surtout elle a présenté le même 11 de départ à chaque match depuis le début de l’Euro. Un effectif fiable et qui a fait ses preuves, mais le jeu rugueux et viril des Islandais commence à avoir des conséquences. Face à l’Angleterre, c’étaient sept Islandais qui jouaient avec un carton jaune au-dessus de la tête. Avec leur baraka, ils avaient réussi à s’en sortir face aux Anglais en chopant deux nouveaux jaunes, mais récoltés par Aron Gunnarsson et Gylfi Sigurðsson, qui ne risquaient rien. Leur bonne étoile les a aussi aidés à n’encaisser qu’un seul des trois penaltys qu’ils ont provoqués jusqu’à maintenant. L’Islande est donc passée entre les mailles du filet, mais s’il est un moment où elle craque et où son trop plein d’ardeur doit lui être fatal, autant que ça soit contre la France.
Contrer ce « hou ! » qui fait peur en tribunes
Au diable les chants travaillés des Anglais, les fumigènes des Croates, les remix de Gala, les chorégraphies de supporters trop compliquées. Les Islandais arrivent à se faire remarquer avec un bruit simple comme bonjour, un simple « HOU ! » hurlé en tapant dans les mains. Multipliez la scène par quelques milliers d’Islandais déchaînés, et le Stade de France pourrait vite ressembler à un gros drakkar. Et au milieu de cette horde, un invité de luxe, le tout nouveau président de l’Islande en personne, Guðni Jóhannesson, qui a déclaré : « Pourquoi j’irai dans un salon VIP pour boire du champagne quand on peut faire ça partout dans le monde ? Je serai dans la tribune au milieu des supporters et je porterai mon maillot de l’Islande. » Élu il y a tout juste une semaine, il s’agira de son premier voyage en tant que chef d’État. La diplomatie, l’accueil républicain, tout ça, c’est bien beau, mais, ce dimanche soir, les supporters des Bleus seraient bien inspirés de bizuter ce président-hooligan en couvrant le son de son « Hou ! »
Par Alexandre Doskov