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Les clés de France-Albanie
Cette fois, il faut prendre conscience que l'Euro a bien commencé. Dans la continuité de ses matchs de préparation, l'équipe de France a affiché plusieurs lacunes en ouverture contre la Roumanie : dans la relance, l'animation, l'équilibre et les transitions. L'Albanie, privée de Cana suspendu, doit être un moyen de retourner le bordel.
Dépasser l’angoisse
C’était le premier test, le premier vrai coup de pression. Il ne faut pas se le cacher : contre la Roumanie vendredi dernier, la France n’est pas passée loin de glisser d’entrée dans son championnat d’Europe. Ce match était le premier révélateur depuis presque deux ans, la première rencontre officielle depuis juillet 2014 alors, comme Didier Deschamps l’a confié après la rencontre, « certains se sont mis trop de pression » . L’angoisse est humaine, mais il faut maintenant la dépasser. Contre l’Albanie et la Suisse, cela devrait suffire, mais contre les « grandes nations » non. La Roumanie et son pressing constant ont replacé la France face à ses lacunes, et l’exploit individuel ne peut être une voie de sortie viable. Les Bleus doivent maintenant vivre leur aventure et ne pas la subir. Le 10 juillet est à ce prix, et il faut lancer la machine pour, cette fois, vraiment écraser l’Albanie. Cette équipe de France en est capable et n’a qu’un objectif à court terme : la première place du groupe pour ne pas se manger l’Allemagne ou la Pologne en huitièmes, et l’Espagne ou la Croatie en quarts de finale.
Régler le souci de relance
Les derniers matchs amicaux avaient déjà craché la première faiblesse du jeu français : la relance. Lors du premier match de préparation, le Cameroun avait débarqué à Nantes avec un 4-4-2 à plat, des lignes resserrées et un schéma similaire à ce que la France allait manger au premier tour. Problème, contre la Roumanie, rien n’a changé : les défenseurs ont refusé de garder le ballon, l’ont perdu trop rapidement et ont laissé Pogba et Payet à leurs exploits individuels. Dans leur registre, les deux joueurs s’en sont plutôt bien sortis au stade de France, mais le manque d’implication de la ligne défensive dans le jeu n’est pas jouable dans la durée. Face aux Roumains, les latéraux et Adil Rami ont constamment balancé le ballon sans chercher à poser le jeu. Pour le moment, Kanté comble les manques (101 ballons touchés, 92% de passes réussies), mais il n’a que deux jambes.
Un nouveau système pour plus de folie ?
Il reste une incertitude : avec quel système de jeu Didier Deschamps va-t-il avancer contre l’Albanie ? Lors de l’entraînement de lundi, le sélectionneur a essayé deux options : un 4-3-3 identique à celui aligné contre la Roumanie puis un 4-2-3-1 avec Kanté et Matuidi à la récupération et une ligne de trois Martial-Payet-Coman en soutien d’Olivier Giroud. Les raisons de cette incertitude restent les doutes de Deschamps autour de Paul Pogba et la volonté de faire souffler Antoine Griezmann après une saison longue et difficile (62 matchs avant l’Euro). Contre la Roumanie, l’attaquant de l’Atlético, en position de deuxième attaquant, n’a pas été décisif, mais a réussi à se montrer par moments (3 tirs). Cette performance est à relativiser, car depuis plusieurs semaines, le rôle de leader technique a été récupéré par Payet, et Griezmann n’a plus à décrocher autant pour venir gratter les ballons au milieu. La prise de profondeur de l’ancien joueur de la Real Sociedad était donc une option logique. Problème : sa liberté viendra d’une bonne relance.
Pogba, c’est quoi le problème ?
Depuis quelques jours, Paul Pogba est la cible publique numéro un. En conférence de presse, Deschamps affirme qu’il « peut mieux faire » . Sur ce point, c’est certain. Reste qu’on se trompe de problème. Aujourd’hui, les observateurs frappent sur des cibles désignées (Griezmann, Pogba) et refusent de regarder les limites collectives évidentes de cette équipe de France. Il n’y a aujourd’hui pas de problème Pogba, mais un souci global d’animation et de transition. Contre la Roumanie, Pogba a été sacrifié et Deschamps a préféré laisser sur la pelouse un Blaise Matuidi assez déconnecté du jeu français à un moment où le Turinois aurait pu jouir de davantage de libertés. Le Parisien s’est souvent montré absent, et sa présence sur le terrain est en soi un point d’interrogation. Une nouvelle à laquelle devra répondre rapidement la Dèche, alors que Matuidi a appelé le groupe « à montrer de la personnalité » à Marseille ce soir.
Pour l’Albanie, comment jouer sans Cana ?
Le souvenir est encore vif : il y a un an, la France tombait en Albanie (0-1) et enchaînait une deuxième défaite consécutive après un revers contre la Belgique à domicile (3-4). Bon, les enjeux sont aujourd’hui différents et le tableau aussi. Face à la Suisse samedi (0-1), la sélection emmenée par Gianni de Biasi a montré du cœur mais des limites, jouant paradoxalement mieux une fois à dix. Car l’Albanie a surtout perdu son capitaine Lorik Cana et devrait le remplacer par le défenseur de Frosinone, Arlind Ajeti. C’est l’inconnue de l’équation albanaise à l’approche de sa deuxième sortie. Avant le match contre la Suisse, Gianni De Biasi avait insisté sur l’importance de « mieux débuter que l’adversaire » . Et l’Albanie a une nouvelle fois craqué d’entrée sur une sortie moufflesque de Berisha. En préparation contre le Qatar (3-1) et l’Ukraine (1-3), les Kuq e Zinjtë avaient déjà encaissé un but en début de match. Cette fois, cela pourrait se transformer en vague incontrôlable.
Par Maxime Brigand