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Les clés d’Angleterre-Pays de Galles
C'est peut-être l'un des matchs les plus attendus de l'Euro. Non pas que l'Angleterre et le pays de Galles soient parmi les grands favoris du tournoi, mais que leur affrontement augure une atmosphère particulière. Un vrai derby britannique en plein championnat d'Europe qui dépasse la simple opposition Gareth Bale contre la perfide Albion.
Gareth Bale, l’unique
Tout supporter de l’Angleterre croisé dans un train ou dans un bar à proximité d’un stade vous le dira : « Le Pays de Galles, c’est juste un joueur. » Gareth Bale, a priori le seul – n’en déplaise à Aaron Ramsey – que les Trois Lions intégreraient dans leur onze sans discuter. Parce qu’il a un talent supérieur. Et l’intelligence de nier l’évidence quand on lui demande combien de joueurs anglais auraient leur place dans la sélection galloise : « Aucun ». À le croire, si le pays de Galles s’impose jeudi, ce sera grâce au mental, pas grâce à lui, car son équipe surpasse les hommes de Roy Hodgson dans ce domaine : « Je n’ai pas dit qu’il n’avait pas de fierté ou de passion. D’après moi, on en a plus. On a un esprit d’équipe énorme, le meilleur que je n’ai jamais vu. »
Toujours est-il que les Anglais risquent de le craindre lui, plus que le collectif gallois. Un espace ou un coup de pied arrêté concédé trop près des buts de Joe Hart, et le joueur du Real Madrid pourrait faire la différence. Surtout qu’il a de quoi être motivé pour briller dans le derby face aux Anglais : déjà champion d’Europe des clubs avec son club, il peut devenir un candidat très sérieux pour le prochain Ballon d’or s’il porte le pays de Galles jusqu’aux quarts de finale de l’Euro.
La défense anglaise Smalling/Cahill tiendra-t-elle la route ?
Pour l’ancienne gloire du foot gallois Dean Saunders, qui s’est exprimé pour 888Sport, le pays de Galles « va devoir résister à une grosse pression à certains moments », mais il est persuadé que la bande à Chris Coleman peut « faire mal avec quelques attaques individuelles » en contre. Car l’ancien attaquant reconverti entraîneur voit dans la charnière Chris Smalling/Gary Cahill le point faible du onze anglais. D’autant selon lui que les latéraux anglais aiment monter aux avant-postes et délaisser leurs centraux. Qui ont le tort de ne pas « se couvrir mutuellement, il n’y a pas coopération entre eux ». Ou alors aucun patron affirmé, et donc personne pour imposer sa vision à l’autre. Pendant ce temps, John Stones attend son heure sur le banc.
Les individualités anglaises supérieures… vraiment ?
On oppose volontiers la qualité des individualités anglaises – Alli, Kane, Rooney, Hart – au collectif et à la force morale des Gallois. Le Daily Mail s’est donc amusé à comparer les deux onze et – avec un léger parti pris – en a déduit que la différence de qualité individuelle n’était pas forcément aussi grande entre les deux nations britanniques. Avec pour argument massue le statut de joueurs confirmés de Premier League pour plusieurs cadres gallois comme Ashley Williams et Neil Taylor (Swansea), Wayne Hennessey (Crystal Palace), Joe Allen (Liverpool) et bien sûr Aaron Ramsey (Arsenal).
Dans ce collectif, Gareth Bale n’est donc pas un sauveur de la nation, mais un facteur X qui peut se reposer sur ses partenaires. Quant aux Anglais, ils doivent compter sur quelques « leaders » techniques encore un peu verts comme Delle Alli, Harry Kane ou surtout Raheem Sterling. Qui n’ont pas encore montré qu’ils pouvaient exprimer leur potentiel dans une phase finale internationale.
Un match de Premier League
Véritable derby du Royaume-Uni, « bataille de Grande-Bretagne », l’opposition de jeudi à Lens pourrait avoir des allures de match de Premier League selon Eric Dier, buteur face à la Russie samedi. « Je crois que cela ressemblera un peu moins à un match international et un peu plus à un match anglais, surtout au vu des joueurs impliqués. » De quoi attendre du kick and rush et une bataille physique ? Plutôt un football offensif et spectaculaire, « différent de tous les autres matchs que vous avez vu dans le tournoi, ce sera bien pour les spectateurs ». Par conférence de presse interposée, on a pour le moment eu le droit a des échanges d’amabilités entre Bale qualifiant les Anglais « d’ennemis », Roy Hodgson qualifiant les propos de l’ailier madrilène « d’irrespectueux », et Jack Wilshere concluant d’un laconique : « Ils ne nous aiment pas, nous non plus on ne les aime pas. » Depuis la victoire du pays de Galles contre la Slovaquie, suivie du nul entre l’Angleterre et la Russie, nombre de supporters étrangers s’amusent à dire que les Gallois sont désormais la meilleure équipe britannique. En cas de résultat positif des hommes de Coleman jeudi, l’affirmation ne sera plus du tout incongrue.
Par Nicolas Jucha