- Euro 2016
- Quarts
- Allemagne-Italie
Les clés d’Allemagne-Italie
Certains considèrent l’affiche comme une finale avant l’heure. Les deux nations ayant fait la plus grosse impression depuis le début de l’Euro s’affrontent pour une place dans le dernier carré, avec un avantage psychologique côté italien, un statut de favori dans le camp allemand, des défenses impressionnantes et des coachs imprévisibles. À ne louper sous aucun prétexte.
La bête noire italienne
Zéro : c’est le nombre de victoire de l’Allemagne (époque Allemagne de l’Ouest comprise) sur l’Italie dans les compétitions majeures. Les deux dernières confrontations dans un tournoi international ? Deux défaites de la Mannschaft. L’Euro 2012 d’abord, avec un succès 2-1 de la Squadra Azzurra en demi-finale, signé Mario Balotelli (doublé). En 2006 ensuite, et une raclée 2-0 en demies du Mondial qui se déroulait chez Mme Merkel. Et le bilan toutes compétitions confondues ? 15-8 pour les mangeurs de spaghettis (dix nuls). Autant dire que dans les têtes transalpines, on est plutôt sereins. D’autant que l’Italie est une équipe de tournoi. Aujourd’hui, elle paraît plus que jamais capable de faire, contre toute attente, un coup en 90 minutes ou plus, que l’adversaire s’appelle Allemagne, France ou Argentine. Elle l’a d’ailleurs déjà réalisé deux fois dans cet Euro. Être mené face à cette team pardonne rarement.
Allemagne, confiance absolue
Sauf que de l’autre côté, l’optimisme est également de mise. « Évidemment, il y a ce passé : on n’a jamais gagné dans un tournoi contre les Italiens, a déclaré Joachim Löw. Mais nous n’avons pas de traumatisme, car c’est une autre équipe et d’autres circonstances. On a confiance dans notre potentiel et si on arrive à l’exploiter, on a de bonnes chances de gagner ce match. » Car l’Allemagne peut elle-aussi regarder son rétroviseur : non seulement elle est le quart-de-finaliste qui a eu le moins de mal à se hisser à ce stade du tournoi (jamais menée, trois succès tranquilles dont une victoire 3-0 en huitièmes), mais elle a également toujours remporté ses quarts de finale dans un championnat d’Europe (5/5). Bon courage aux parieurs.
Müller doit se montrer décisif
Reste que si la Mannschaft se balade depuis le 10 juin, elle n’a jamais eu affaire à un poids lourd du continent. Si, pour l’instant, les buts et les passes décisives de Thomas Müller ne manquent pas, l’influence directe du Munichois (qui n’a toujours pas marqué dans un Euro) pourrait bien faire basculer la partie. Souvent présent dans les grands rendez-vous, le vrai Müller refera-t-il surface au meilleur des moments ? C’est en tout cas le genre d’éléments offensifs que déteste la rigueur italienne : un électron libre dont on ne connaît pas exactement le poste ou le rôle et dont on ne peut pas anticiper les gestes ou la réflexion. Comment le brider ? Voilà l’une des grandes interrogations qui fera à coup sûr la différence. Dans un sens ou dans l’autre, suivant la présence d’une réponse valable.
Des défenses en béton armé
Allemagne-Italie, c’est justement une battle de défenses, puisque le duel oppose les deux meilleures au monde, qui adoptent un style complètement différent. D’un côté, un bloc turinois expérimenté, mort de faim et discipliné comme jamais, composé d’une charnière à trois Barzagli-Bonucci-Chiellini protégeant le dernier rempart de 38 ans, Gianluigi Buffon. Un quator prêt à souffrir pendant de longues minutes sans rompre et qui n’a pas encore encaissé de but quand il était au complet. De l’autre, deux arrières centraux solides disposés de manière plus classique, constitués d’un Jérôme Boateng quarterback aérien et d’un Matts Hummels élégant relanceur. Sans oublier l’option sécurité Manuel Neuer, dont la participation au jeu et le placement permet à ses hommes de devant d’évoluer très haut et de toucher un maximum de ballons. Un triangle qui n’a pris aucun goal dans la compétition. À coup sûr, la défense qui se montrera la plus intraitable fera gagner les siens.
Les sélectionneurs vont-ils récidiver ?
Deux hommes, deux tempéraments, deux comportements. Si l’on peut dire sans trop se tromper qu’Antonio Conte va passer le match à s’exploser la voix en marchant l’équivalent d’un marathon pendant que Joachim Löw affichera sa mine mi-calme, mi-angoissée, on ne peut pas prévoir les gestes qui feront le tour des émissions sportives le lendemain. Après les fesses, les testicules et les aisselles, à quel endroit Löw va-t-il placer ses doigts pour humer une nouvelle odeur délicate, facteur indispensable pour combattre son stress ? Et comment son homologue va-t-il extérioriser son émotion dans une partie sous haute tension ? Pas la peine d’envisager des tirs au but, ils n’y survivraient pas.
Par Florian Cadu