- International
- CM 2018
- Qualifs AmSud
Les cinq secrets du Venezuela
Le Venezuela ne devrait pas voir la Russie en 2018. La faute à une campagne d’éliminatoires catastrophique et une grosse crise institutionnelle au sein de la Fédération. Mais une belle génération arrive. Présentation.
Le quotidien est morose au Venezuela. Une crise étatique, une Fédération de football en perpétuelle reconstruction, et un football local qui souffre. Le sélectionneur, Rafael Dudamel a même été mis en cause dans une affaire de violence envers un membre de son staff. Une patate qui a laissé quelques traces sur l’œil de sa victime, tout de même.
Rafael Dudamel, DT de Venezuela, denunciado por agresion en Montevideo. Habria tenido una pelea en un hotel. pic.twitter.com/eAy3U23WsE
— Federico Portas (@P0RTA5FEDERIC0) 23 septembre 2016
Pire, la Vinotinto, seule équipe sud-américaine à ne s’être jamais qualifiée pour une Coupe du monde, ne devrait pas se pointer pour celle de 2018 en Russie. Le Venezuela est dernier de la zone, avec deux petits points. Pourtant, quelques motifs d’espoir existent pour le football national. Les voici.
Wilker Ángel, 23 ans, défenseur central, Terek Grozny
Parler de Wilker Ángel du côté de Táchira, au Venezuela, c’est comme parler du fils qui s’en est allé trop vite. Le défenseur central, qui a joué de 2010 à 2015 au Deportivo Táchira, y a laissé une trace indélébile. Celle d’un titre obtenu à la 93e minute d’un Clásico contre le Caracas FC grâce à un coup de crâne venu d’ailleurs.
Depuis, et alors que certains clubs sud-américains se bousculaient pour le recruter, Wilker Ángel a signé en Russie, au Terek Grozny, où sa formation au poste d’avant-centre lui sert toujours à planter quelques buts. Le grand gaillard, parfois fragile à la relance, mais toujours très agressif au marquage, pourrait ne pas faire long feu en Russie, puisqu’au mercato dernier, il a refusé des offres venues d’Espagne et d’Italie. En sélection, Ángel forme la charnière centrale avec Vizcarrondo. Cet été, il a disputé les quatre matchs de la Copa América Centenario où le Venezuela a été éliminé par l’Argentine en quarts de finale après un bon parcours en phase de groupes.
Adalberto Peñaranda, 19 ans, attaquant, Udinese
Outre l’un des plus grands espoirs du football vénézuélien, Peñaranda est aussi l’un des joueurs les plus prometteurs de l’empire Pozzo. Depuis 2015, l’attaquant a enchaîné une signature à l’Udinese, un prêt à Grenade, un transfert pour 10 millions d’euros à Watford, et enfin un retour pour une pige à l’Udinese. Pas vraiment le temps de s’installer pour le jeune formé à La Guaira. Pourtant, partout où il passe, Peñaranda impressionne. À Grenade, il a battu un record qui appartenait à Leo Messi. Celui du plus jeune étranger à marquer un doublé en Liga. Tiré par les cheveux certes – qu’il s’est aujourd’hui teint comme le quintuple Ballon d’or argentin –, mais cela reste une belle marque. À dix-neuf ans, il est déjà titulaire avec la Vinotinto. Son ancien entraîneur au Deportivo La Guaira peint le portrait de son protégé : « Il peut jouer devant ou sur les côtés. Mais il est plus intéressant sur l’aile. Il n’a pas le physique pour jouer dos au but, et sur un côté, il a la vitesse et la qualité technique nécessaire pour s’imposer en Europe. S’il maintient les pieds sur terre, s’il bosse comme il le fait aujourd’hui, s’il apprend à gérer son talent et à le mettre au service du collectif, il peut faire partie des meilleurs joueurs du monde. »
Juan Pablo Añor, 22 ans, milieu de terrain, Málaga
À Málaga depuis ses quinze ans, Juan Pablo Añor, dit Juanpi, s’impose enfin en Liga. Sous les ordres de Juande Ramos, le milieu de terrain vénézuélien semble trouver ses marques dans un football où son style de jeu paraît parfaitement adapté. Le petit gaucher – que la presse espagnole ne peut s’empêcher de comparer à Messi – est enfin utilisé à son poste à Málaga, en numéro dix, derrière le buteur. Et si le début de saison de Málaga est laborieux, Añor représente une belle lueur d’espoir du côté de la Rosaleda. Dans une interview pour Marca, Juanpi a évoqué son rôle en sélection : « Grâce au nouveau staff, on a changé de mentalité. L’entraîneur nous répète qu’on doit se concentrer sur nos matchs et oublier ce qu’il se passe avec la Fédération. Contre l’Argentine (match nul 2-2, avec un but exceptionnel d’Añor, ndlr), on a laissé échapper la victoire. L’équipe est bien, même si la qualification pour le Mondial paraît compliquée. »
On n’a pas le droit de passer à côté de sa carrière avec un tel surnom et une telle patte gauche.
Rómulo Otero, 23 ans, milieu de terrain, Atlético Mineiro
Vous avez déjà marqué un coup franc exceptionnel avant de signer un autographe à un supporter descendu sur le terrain, tout ça avec le maillot de votre patrie sur le dos ? Rómulo Otero l’a fait. Et ce, face au Chili, lors d’une défaite du Venezuela (1-4), pour le compte de la sixième journée des éliminatoires de la zone Amsud. Après une saison à Huachipato au Chili, Otero est parti depuis cet été former une des lignes d’attaque les plus sexy d’Amérique du Sud, à l’Atlético Mineiro, avec Robinho, Clayton et Lucas Pratto. Le milieu vénézuélien à la grosse frappe clame haut et fort, dans Marca, qu’il « rêve de jouer en Europe » . Il est l’heure de l’entendre.
Yeferson Soteldo, 19 ans, attaquant, Zamora
Le 19 août dernier, Zamora et Barcelona se disputaient une place au second tour de la Copa Sudamericana. Une série qui se décide aux tirs au but. Et c’est un gamin de dix-neuf ans, du haut de son mètre soixante, qui va marquer le penalty décisif. D’une panenka, évidemment.
Golazo de soteldo ahpic.twitter.com/fRa0ETK561
— Aura Alexandra (@AuraAlexandraa) 19 août 2016
Et ce n’est pas le premier coup d’éclat de Yeferson Soteldo. Le jeune buteur vénézuélien, professionnel depuis ses seize piges, est déjà international. Bon dribbleur, puissant malgré sa petite taille, Soteldo, porté par son style de jeu de potrero que l’Amérique du Sud aime tant, attire déjà les yeux de quelques recruteurs. Après deux titres de champion avec Zamora, il est peut-être temps d’aller respirer un autre air.
Par Ruben Curiel