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Les cinq recettes du titre du Barça
De retour aux commandes domestiques, le Barça met fin à une parenthèse d'une saison. Après un début de saison poussif à défaut d'avoir été raté, les Blaugrana ont su se ressaisir pour finir en boulet de canon. En voici les principales raisons.
L’altruisme de ses individualités
Pour beaucoup, ce millésime barcelonais se résume à la folle entente de ses trois individualités. À dire vrai, Neymar, Suárez et Messi ont, après la période d’acclimatation de l’Uruguayen, écrasé de leurs talents les quelques poches de résistance de la Liga. Leur bilan comptable relève de l’incroyable. À eux trois, ils totalisent la bagatelle de 78 pions et de 36 passes décisives en championnat – un total qui gonfle à 114 buts toutes compétitions confondues. Tandis que Messi se taille la part du lion (40 réalisations et 19 caviars), le Brésilien répond par le troisième meilleur registre d’Espagne (22 et 6) et l’Uruguayen par le statut de meilleure recrue du Royaume (16 et 11). Plus que ces chiffres à rendre insomniaques les fans de statistiques, leur entente se mue en alchimie, chaque ballon étant transformé en or. Un constat que partage Ángel Cappa : « Ce sont de véritables phénomènes. Suárez s’est intégré merveilleusement, Messi est de nouveau capable de faire ce qu’il veut et Neymar est un joueur qui, par moment, peut sembler mal jouer, mais qui voyage toujours avec le danger dans ses pieds. »
Les revenants Piqué et Alves
Plus qu’une attaque dont tout un chacun attendait monts et merveilles, l’inconnu du début d’exercice azulgrana résidait dans sa défense. Frivole lors de l’époque du Tata Martino, elle était devenue le gros point faible du Camp Nou. Víctor Valdés parti vers des cieux pluvieux, l’inconnue quant au niveau de son successeur a rapidement été levée par un Claudio Bravo en lice pour le trophée Zamora. « Je pense que c’est également grâce au travail défensif et à la sécurité des portiers et des défenseurs que les attaquants peuvent profiter de beaucoup d’options de but » : si Gerard Piqué peut aujourd’hui se permettre une telle sortie médiatique, c’est bien grâce à un retour au premier plan. À l’instar de son comparse du flan droit, alias Dani Alves, le central blaugrana a retrouvé une solidité perdue. Abonné au banc de touche lors des prémices de la saison, il a su se botter le cul et revenir à son meilleur niveau. Autrement dit, celui d’un des meilleurs centraux au monde. Pour Dani Alves, la donne est similaire. Maillon faible de l’arrière-garde, il a retrouvé un statut plus en conformité avec ses velléités salariales. Ne reste désormais plus qu’à le prolonger.
La fraîcheur des rotations
L’image avait offert du grain à moudre. Messi et Neymar, côte à côte sous la guérite, assistant au naufrage du FCB, coulé par une Real Sociedad en réussite. À ce cliché avaient succédé des débats à n’en plus finir et, surtout, une engueulade entre Lucho et la Pulga ainsi que le limogeage de Zubizarreta, alors directeur sportif. Du pain béni pour une presse peu encline à accorder à Luis Enrique le crédit de la fraîcheur des Blaugrana. Car, s’il y a bien un point sur lequel le FC Barcelone s’est montré au-dessus de ses concurrents locaux, c’est sur le plan physique. Adepte des rotations à tout-va en début de campagne, l’Asturien a offert à son groupe une fin de saison en boulet de canon et sans pépin. Mis à part un Vermaelen arrivé cramé, le reste de l’effectif blaugrana n’a pas connu la moindre blessure musculaire – seul Busquets étant sur le flan suite à une vilaine entorse. Alors rendons grâce à Luis Enrique qui, dès le début de saison, assumait sa ligne directrice : « Je sais que quand nous encaissons un but ou nous perdons un match, c’est la faute des rotations. Mais je vais continuer à le faire parce que je crois que c’est juste et le meilleur pour l’équipe. »
La versatilité de Lucho
« Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. » Ce dicton populaire, Luis Enrique l’a adopté à sa sauce. Sans jamais évoquer en public l’engueulade dont il a été le protagoniste avec sa majesté argentine le 6 janvier dernier, le coach barcelonais a pris sur lui. De nombreuses rumeurs promettaient même un départ du quadruple Ballon d’or en cas de continuité de l’Asturien… Bref, du grand n’importe quoi. En endossant son bleu de chauffe, Lucho a bien compris que le Barça version Cruijff de Guardiola était révolu. Il a su délaisser la mainmise du jeu blaugrana à son trio rebaptisé MSN. Ce que confirme Leo Messi : « Luis et Ney sont les meilleurs du monde et cela facilite les choses. Le Mister nous donne la liberté de bouger où nous voulons. Personnellement, j’ai la liberté de jouer sur un côté ou au centre pour prêter main forte dans l’axe et pour aider à la possession. Cela dépend de comment se déroule le match. » Les nostalgiques du tiki-taka parlent de traîtrise, d’autres de pragmatisme. Une chose est certaine, cette versatilité a permis à ce Barça d’être champion. Et de rêver de triplé.
La chance du champion
Les aficionados de Lionel Messi parlent d’un Pichichi tronqué. Car, si Cristiano Ronaldo truste la première place du classement des buteurs, c’est bien grâce à sa dizaine de penaltys inscrite en Liga. Justement, cet exercice des onze mètres a été le facteur réussite des Blaugrana dans leur quête du championnat. Ainsi, lors de la réception de Valence, les hommes de Luis Enrique ont pu se gausser du raté de Daniel Parejo, alors que le petit avantage acquis des pieds de Luis Suárez était remis en cause. Ce même penalty, Cristiano Ronaldo l’a lui aussi raté dans son duel face aux Chés. Un raté qui, avec le recul du match nul concédé, apparaît comme l’un des tournants de l’échec merengue et du sacre catalan. Il est question de chance, pas de hasard, hein. Ces petits détails, bien souvent décisifs dans l’obtention des titres, sont aujourd’hui au rendez-vous alors qu’ils ont manqué lors de l’exercice passé. Comme cette tête de Jérémy Mathieu face au Celta de Vigo, ce succès en forme de léger hold-up lors du second Clásico de la saison… Les manitas et les sets sont eux à classer au rang de victoires « normales » . La force du champion.
Par Robin Delorme, à Madrid