- Ballon d’or France Football 2016
Les cinq oubliés du Ballon d’or
Les trente candidats à la présidentielle annuelle du football sont tombés. Et si Cristiano Ronaldo est en pilotage automatique vers le titre et qu'il court tout droit vers un quatrième sacre, la liste des nommés est parsemée de quelques surprises, notamment chez les absents.
Karim Benzema
La France entière a passé l’année 2016 à sortir son lance-pierre contre Karim Benzema, et il faut dire que l’attaquant du Real avait donné de la matière à ses haters. Le feuilleton avec Valbuena, ses interminables rebondissements pendant la préparation à l’Euro, les embrouilles avec les patrons du foot français, les amis infréquentables, les clips de Booba, les photos provoc sur Instagram… Mais avant d’être une machine à agacer le public, Karim Benzema est avant tout un footballeur qui a réalisé une année 2016 pleine et remarquable. Et juste avant de louper l’Euro, il avait clôturé une saison à 24 buts en Liga, en empochant au passage une deuxième Ligue des champions en trois ans. Ne pas voir la Benz’ parmi les 30, quand De Bruyne ou encore Aubameyang ont été conviés à la fête, est donc surprenant.
Leonardo Bonucci
Que doit faire Bonucci pour intégrer le club des nommés ? Faire une année 2016 où il remporte un cinquième titre d’Italie d’affilée, et où il emmène une Italie que l’on disait à la ramasse en quart de finale de l’Euro, pour ne perdre qu’aux tirs au but contre les Allemands ne suffit apparemment pas. Assurer de janvier à décembre, être impérial, affoler la planète football et alimenter des rumeurs de transferts à plus de 60 millions d’euros non plus.
En fait, vu la répartition par poste des joueurs sélectionnés dans les trente, Leonardo Bonucci semble avoir une seule vraie solution pour avoir sa place au soleil : jouer à un poste offensif. Et en plus, cette année, les organisateurs ont presque fait un effort en invitant un peu plus de gardiens et de défenseurs qu’en 2015.
Sergio Busquets
La malédiction continue pour Sergio Busquets, une nouvelle fois squizzé par les grands manitous du Ballon d’or. Presque une décennie passée au Barça, six titres de champion d’Espagne, quatre Coupes du Roi, trois Ligues des champions, et une seule malheureuse nomination pour la grande cérémonie de l’Oscar du meilleur footballeur. C’était en 2012, année où il avait remporté l’Euro avec la Roja, et il était arrivé 20e sur 23 du vote avec un score NicolasDupontAignesque, 0,20% des voix. Cette année, Busquets a encore abattu un boulot de costaud, et le Mundo Deportivo, proche des Blaugrana, a immédiatement réagi à son absence dans la liste de 2016 en publiant une véritable plaidoirie : « Il n’est pas récompensé à un poste où son niveau en fait un des meilleurs, si ce n’est le meilleur. Il va devoir continuer d’espérer une reconnaissance. Il a passé huit saisons complètes dans l’équipe première du Barça, mais aucune d’entre elles n’a suffi pour en faire un potentiel Ballon d’or. Une injustice vu son rendement. » Au fond, les journalistes du Mundo Deportivo sont de vrais lanceurs d’alerte.
Jérôme Boateng
En avril dernier, il a été élu meilleur joueur de la saison du championnat d’Allemagne, assez largement, devant Thomas Müller et Lewandowski. Ensuite, il est allé en demi-finales de l’Euro, en terminant dans l’équipe type de la compétition. Depuis la rentrée, il a tranquillement repris la tête de la BuLi avec le Bayern, en s’amusant à faire partie de la meilleure défense du championnat jusqu’à maintenant quatre buts encaissés en huit journées. Mais il faut croire que c’est du pipi de chat, du moins dans la tête de ceux qui ont préparé les cartons d’invitation.
Il y a dix jours, dans le journal allemand Bild, Boateng revenait sur la difficulté pour un défenseur de remporter le Ballon d’or : « Ça fait dix ans que Fabio Cannavaro l’a remporté, c’est vraiment difficile en étant un défenseur. Vous devez gagner la Coupe du monde, être dans l’équipe idéale et marquer des buts. » Il a appris hier qu’il ne participerait même pas au concours, voilà qui résout le problème.
Éder
Comment le Ballon d’or a-t-il osé oublier Éder ? Un homme qui a marqué pour sa première titularisation avec Lille face à Rennes en février, dans l’enfer du stade Pierre-Mauroy. Qui a terrassé à lui tout seul le FC Nantes en avril, avec un doublé et une passe décisive, dans ce Colisée qu’est la Beaujoire. Un type qui a offert à Lille sa dernière victoire de la saison, lors de l’ultime journée, en marquant l’unique but du match dans la fournaise de Geoffroy-Guichard. Et qui, accessoirement, a fait gagner l’Euro à son pays. Contre qui déjà ? Ah, oui. La France. Et depuis la fin du partenariat entre le Ballon d’or et la FIFA, qui a récupéré l’organisation de l’événement ? Ah, oui. France Football. Troll ultime pour Éder : même Rui Patrício fait partie de la liste des vingt-trois.
Par Alexandre Doskov