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Les cinq ingrédients de la saison
Des douze recrues de l'AJ Auxerre à Lens qui va encore rater la montée, du Paris FC en mode Danemark 92 aux « gardiens de merde » de Pablo Correa, en passant par le capitaine du Costa Concordia et une palanquée de jeunes talents : la Ligue 2 sera belle cette saison. Pourquoi ? La preuve par cinq.
Lens, cette fois la Ligue 1 ?
La Ligue 1 se faisait une joie de retrouver Félix Bollaert. Avec la Meinau en bonus, l’élite du football français aurait pu se targuer de compter deux très beaux publics dans ses rangs pour la prochaine saison. Mais voilà, Emmanuel Bourgaud en a décidé autrement et sa frappe croisée à la 95e de la dernière journée de Ligue 2 a envoyé Amiens directement en Ligue 1 et Troyes en barrages, tandis que le RC Lens doit se retaper une année dans l’antichambre. Et ce soir-là, Bollaert a pleuré. Alors comment se relever après un tel scénario et une telle désillusion ? Déjà en gardant le meilleur joueur de la saison passée, John Bostock. Ensuite, en faisant venir directement la Ligue 1 à Lens. Quoi de mieux alors que d’attirer l’immense Clément Chantôme et ses 240 matches dans l’élite ? Lens conserve cette année l’ossature de son équipe-type – Bourigeaud excepté – mais enregistre treize départs et quatre arrivées. Dont trois inconnus au bataillon. Encore moins rassurant, le bilan des matchs amicaux, décevants au possible avec un seul but marqué dans le jeu. Comme chaque année, ils font pourtant partis des favoris d’entame d’exercice. Parce que c’est Lens. Parce que c’est un public. Parce qu’ils ont pas mal d’argent, aussi. Voilà maintenant deux ans que le Racing pose un lapin à son amoureuse préférée, attention à ce que cela ne devienne pas une habitude : la belle pourrait se lasser.
Francis Gillot, make Auxerre great again
Pourquoi rédiger, quand la situation a déjà été parfaitement décrite par Francis Gillot lui-même ? En quelques phrases lâchées à France Football le 25 juillet dernier, le nouvel entraîneur d’Auxerre exprimait toute la complexité de sa situation. « Je serais déçu de ne pas jouer le haut du tableau, dit-il. Il y a de l’attente, mais on ne passe pas comme ça d’un club qui était presque en National, il y a quelques mois à la Ligue 1. Il faut travailler, avoir de la réussite et un peu de chance. » Dix-septième la saison dernière à cinq petits points du barrage pour une place en National, l’AJA souffrirait presque désormais de bipolarité. D’un côté, une campagne de matchs amicaux à conjuguer au plus-que-parfait, de l’autre, un passé composé de déceptions récentes qui dégage le club de tout impératif. En effet, comment demander autre chose qu’un maintien ? Les Bourguignons sont pourtant allés coller un 9-0 au Paris FC, forts de leurs douze recrues. DOUZE recrues. Comme les hommes en colère, comme les salopards de Robert Aldricht, comme les travaux d’Hercule. Ou comme les apôtres. C’est au choix.
Ces mecs qui vont nous faire frissonner
Comme si la Ligue 2 avait des airs de Dragon Ball Z. Pour comprendre la métaphore, il convient de regarder du côté de Sochaux et du Havre, recruteurs des petits clones juniors d’Alexandre « Cell » Lacazette, aujourd’hui sous sa forme finale. Prêtés par l’OL, Aldo Kalulu et Jean-Philippe Mateta feront assurément trembler quelques défenses, et ne devraient pas terminer loin des dix buts à la fin de la saison. Pour les contrer, un portier se détache : Paul Bernardoni. À vingt berges, le gamin débarque tout juste en prêt de Bordeaux dans les cages du Clermont Foot FC et a tout le potentiel des grands espoirs français à son poste. À tel point que certains voient déjà en lui le futur meilleur gardien de la saison. Aisément élu meilleur joueur de National avec Quevilly-Rouen l’an passée avant de filer, Mehdy Guezoui devrait également montrer de belles choses avec Valenciennes cette saison, tout comme Cristian Lopez, ailier lensois, qui jouera forcément un rôle dans le parcours de l’un des favoris à la montée. Mais quel parcours ? On gardera un oeil sur Denis Bouanga, milieu offensif de Lorient, Umut Bozok, ex-meilleur buteur de National avec Marseille Consolat aujourd’hui à Nîmes, Zinedine Ferhat, huit passes décisives et trois buts la saison passée avec Le Havre, Adama Sarr, buteur de Bourg-en-Bresse, ou encore Vincent Marchetti, le « Thiago Motta » lorrain. Sans parler des vieux loubards Fabien Lemoine, Romain Philippoteaux et Damien Perquis…
Vis ma vie de relégué
L’espoir avait commencé à naître à Lorient. L’espoir de rester une douzième année consécutive en Ligue 1 en arrachant un barrage après une année chaotique. Et puis Benjamin Nivet, du haut de ses quarante ans, est apparu et a envoyé les Merlus en Ligue 2. Mais le vrai coupable venait de l’intérieur : Benjamin Moukandjo, véritable chat noir, qui a connu sa quatrième relégation en neuf ans. Lorient a donc dit adieu à son buteur, parti encaisser un chèque en Chine. Plus embêtant, les Bretons ont aussi perdu leur gardien titulaire, Benjamin Lecomte. Mais un autre arrive, comme entraîneur. Et si Mickaël Landreau sait que jouer la montée tout de suite après une relégation est compliqué, le nouveau coach essayera d’apporter un peu de fraîcheur et d’entrain sur le banc mais pourra aussi compter sur quelques recrues expérimentées, comme Gaël Danic ou le grand Fabien Lemoine.
À Nancy, le mercato a été plus tranquille. Les Lorrains ont quand même eu l’occasion de perdre le prometteur Faitout Maouassa. Mais cette perte a vite été compensée par l’arrivée de l’inégalable Geoffrey Jourdren. Histoire que Pablo Correa ne puisse pas se plaindre d’avoir « un gardien en bois » . Et quand du côté de Lorient on se met en marche et on fait le choix du renouveau, Nancy continue avec son entraîneur emblématique. « Descendre n’est pas une raison pour partir, c’est même un peu lâche je trouve. Je préfère démissionner quand ça va bien » , affirmait Pablo Correa à L’Équipe en juin. Un pilote qui ne quitte le navire que lorsqu’il arrive à bon port.
Les promus vont-ils encore faire le show ?
L’année dernière ils étaient trois, l’air hagard, à débarquer de National. Comme des vieux soldats largués sur les plages noires de Dunkerque, Strasbourg, Amiens et Orléans avaient le casque vissé sur le crâne, les oreilles rangées en cas de départ des balles. Pourtant, au moment du bilan final, une seul victime : le troisième. Strasbourg et Amiens ont chopé leur ticket pour la montée à la surprise générale, comme pourraient donc le faire Châteauroux, l’US Quevilly-Rouen ou le Paris FC cette saison. La situation restant exceptionnelle, on imagine mal un remake cette année, d’autant que La Berrichone et le PFC ont changé d’entraîneur cet été. Quoique à écouter les déclarations de Pierre Ferracci, président du Paris FC, au Parisien, le fait d’être repêché à trois jours du début du championnat pourrait bien tourner à leur avantage… « C’est un handicap, mais ce genre de cadeau empoisonné, beaucoup aimeraient le recevoir, explique-t-il. Alors c’est vrai, notre recrutement a longtemps été bloqué, on a eu une préparation tronquée, on a annulé deux matchs amicaux, décalé notre stage, on doit régler des problèmes administratifs et financiers en urgence… On ne démarrera pas dans les meilleures conditions. Mais on espère que la dynamique positive liée à une montée, même de dernière heure, va effacer tous les soucis. Et qu’à l’instar du Danemark à l’Euro 92 on transformera les difficultés du repêchage de dernière minute en atout. » Le plus prudent serait de prendre une petite, quand même.
Par Théo Denmat et Robin Richardot