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Les cinq hommes forts de l’Albanie
Battus d'entrée par la Suisse, les Albanais n'ont déjà plus droit à l'erreur face aux Bleus. Voici les cinq hommes dont les Bleus devront se méfier, ce mercredi, au stade Vélodrome.
Etrit Berisha
Le portier de la Lazio est une énigme à lui seul. Numéro 2 de la hiérarchie en club derrière Federico Marchetti, Berisha a eu pas mal de temps de jeu cette saison grâce aux blessures de l’habituel numéro 1. Et on ne peut pas franchement dire qu’il ait rassuré les supporters. Un coup brillant, un coup coupable de terribles bourdes. Exactement comme lors de son match face à la Suisse : auteur d’une boulette sur l’ouverture du score helvète, puis héroïque pendant le reste du match pour empêcher son équipe de sombrer. Berisha a clairement deux points forts, et deux faibles. Il est très bon dans les duels en un contre un face aux attaquants, et excelle sur les penaltys (rien que cette saison, il en a stoppé trois, dont un en Ligue Europa face à Rosenborg). En revanche, il est souvent en grande difficulté sur les sorties aériennes (cf le but encaissé contre la Suisse), et galère aussi pas mal sur les frappes en hauteur. Dimitri Payet peut donc se faire plaisir.
Taulant Xhaka
Les frères Xhaka, on connaît. L’un est suisse, l’autre albanais, les deux s’affrontent lors d’un Championnat d’Europe et la maman porte un T-shirt moitié Suisse, moitié Albanie. Mais finalement, que sait-on vraiment de Taulant Xhaka, la moitié albanaise du duo ? Qu’il a débuté, comme son frangin, sa carrière au Concordia Bâle, avant de rejoindre le centre de formation du FC Bâle en 2002. C’est d’ailleurs avec le club bâlois qu’il fait ses débuts pros, en 2010. Deux ans plus tard, le chemin des deux Xhaka se sépare.
Granit passe au niveau supérieur en signant à Mönchengladbach, tandis que Taulant est prêté au Grasshopper Zürich pendant une saison. Il revient à Bâle en 2013, et va alors s’y imposer comme titulaire. Avec le club suisse, il engrange une belle expérience en Ligue des champions (22 apparitions), seul domaine où il domine d’ailleurs son frangin (19 apparitions). Milieu de terrain qui ne rechigne pas sur les efforts, Taulant peut aussi dépanner en défense. Il n’est d’ailleurs pas impossible que De Biasi ne décide de le faire reculer un peu pour pallier l’absence de Lorik Cana.
Elseid Hysaj
Le plus italien de l’équipe albanaise. En 1994, son père, Gzim, maçon de profession, paye un passeur sans scrupule pour fuir l’Albanie et venir s’installer en Italie, là où il pourra trouver du travail et une nouvelle vie. Dix ans plus tard, en 2004, il est en train de bosser sur un chantier chez Marco Piccioli, dont le métier n’est autre qu’agent de joueur. Au détour d’une conversation, Gzim Hysaj glisse à l’agent que son fils de 10 ans est plutôt doué au foot. L’agent rigole, et lui répond gentiment : « Il est un peu petit, reparlons en dans quatre ans. »
Quatre ans plus tard, Piccioli tient sa promesse et fait passer des tests au fils de Gzim, Elseid Hysaj. Le gamin impressionne les émissaires de la Fiorentina, mais c’est finalement le voisin, Empoli, qui saute sur l’occasion. La suite, c’est une progression constante au poste de latéral, puis une signature au Napoli à l’été 2015. Et derrière, une énorme saison avec le club napolitain sous les ordres de Maurizio Sarri, déjà son mentor à Empoli. Il s’est même imposé comme l’un des meilleurs latéraux de Serie A. Ne lui reste plus qu’à gommer son seul défaut : ne pas marquer assez de buts. En 173 matchs pros, il n’a planté qu’un seul pion…
Lorik Cana
Il voulait en profiter. Lorik Cana et le stade Vélodrome, c’est une grande histoire d’amour. Formé au PSG, il rejoint l’OM en 2005 et y restera pendant quatre saisons, au cours desquelles il devient l’une des idoles du Vel’. Ses tacles fous, ses coups de casque, ses coups de sang… Le temps d’une nuit, Lorik voulait revivre ça. Mais il savait que sur la pelouse, avec le maillot de l’Albanie et le brassard de capitaine, il n’en profiterait pas à fond. Trop de pression, trop d’émotions. Alors, face à la Suisse, Lorik a fait ce qu’il sait faire de mieux : deux fautes grossières, deux cartons jaunes, un carton rouge. Et, du coup, une suspension face aux Bleus. Résultat, LC va pouvoir kiffer son match. Sur le banc de touche, peinard, en claquettes, il va se délecter du spectacle des tribunes du Vélodrome, tout en repensant aux belles soirées passées sous les couleurs de l’OM. Et puis, à vrai dire, face à la Suisse, l’Albanie a presque mieux joué sans qu’avec Cana. Alors, disons que comme ça, tout le monde est content. Les chevilles des Bleus aussi.
Gianni De Biasi
À l’instar de Gasperini, Giampaolo, Delneri ou De Canio, Gianni De Biasi était le profil typique d’entraîneur que l’on pouvait retrouver sur tous les bancs des clubs moyens de Serie A ou Serie B : le Torino, Sienne, Brescia, Lecce, Udinese… Sauf qu’à un moment donné de sa carrière, Gianni Di Biasi a décidé de sortir des sentiers battus. Et voilà qu’en 2011, après trois passages au Toro et un à l’Udinese, il décide de prendre les rênes de la sélection albanaise. Une équipe d’Albanie qui n’a alors jamais participé à la moindre compétition internationale de son histoire. Après avoir manqué la qualification pour le Mondial 2014, il insiste et prolonge son contrat jusqu’à l’Euro 2016.
Le coach italien apporte alors son savoir tactique à une équipe pas forcément clinquante, ce qui lui permet d’obtenir des victoires de renom face au Portugal (septembre 2014) et la France (mars 2015). Au final, grâce à un succès 3-0 face à l’Arménie, Di Biasi réussit l’exploit historique de qualifier l’Albanie pour l’Euro. Il se classe ainsi 6e au classement IFFHS des meilleurs entraîneurs de l’année, et reçoit un prix spécial remis par la Fédération italienne pour « s’être distingué sur les terrains internationaux en valorisant le prestige de l’école italienne » . On n’ose imaginer le prix qu’il recevrait s’il venait à passer le premier tour de l’Euro…
Par Éric Maggiori