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- WBA-Chelsea (0-1)
Les cinq hommes du titre de Chelsea
Antonio Conte détesterait élever cinq éléments au-dessus du lot pour expliquer la première place de son équipe. Oui, mais voilà : dans une structure parfaitement organisée, ces cinq-là ont symbolisé la force de l’équipe et ont sublimé la machine. Diego Costa peut partir en Chine s’ils restent.
Antonio Conte, le guide
On connaissait le bonhomme. Son côté théâtral. Ses excès. Mais aussi son exigence folle. Son intelligence tactique. Ses qualités de meneur d’homme. Il n’empêche, toute l’Angleterre s’est surprise à le kiffer et à le complimenter encore plus après l’avoir vu à l’œuvre lors de l’Euro 2016. Premier Blue à se jeter dans les bras des supporters pour fêter un but, pas effrayé pour un sou au moment d’hurler au visage de José Mourinho, Conte n’a fait qu’un avec son équipe. À tel point qu’il donnait parfois l’impression de suer autant que ses joueurs. Suffit de voir sa joie sur le but de Michy Batshuayi qui donne officiellement le titre à son club.
Ce qui est certain, c’est qu’il a autant travaillé qu’eux. Sortant de sa mallette son 3-4-3 en même temps que ses discours capables de motiver une tortue tétraplégique, l’Italien a su recréer une famille totalement détruite depuis des mois malgré des temps de jeu ridiculement bas pour certains. Les plus sceptiques demandent déjà à voir comment le technicien va s’en sortir avec une Coupe d’Europe supplémentaire. Les plus lucides s’en tiennent pour l’instant à un seul constat : la première bataille opposant Jürgen Klopp, Pep Guardiola, Mauricio Pochettino, Mourinho et Conte, c’est l’ancien de la Juve qui l’a remportée. Haut la main.
Thibaut Courtois, le discret
C’est bien connu : pour gagner un titre, avoir un gardien efficace n’est pas une option. C’est une obligation. Et si le portier de Chelsea n’a pas toujours reçu les lauriers qu’il méritait cette saison, c’est bien grâce à lui que les Blues ont été aussi réalistes dans leur propre surface. Pas forcément spectaculaire, mais bien plus décisif qu’on veut bien le croire, le Belge a régulièrement sauvé son camp, dans des moments qui auraient pu s’avérer dramatiques si un autre avait pris sa place dans les cages. Gardien ayant obtenu le plus de clean sheets en Angleterre avec Hugo Lloris (quatrième au classement des cinq grands championnats européens), Courtois ne veut pas de compliments. Pas de promesses. Pas de belles paroles. Il veut juste qu’on lui fasse confiance et qu’on le laisse tranquille sur sa ligne. Si tel est le cas, alors il fait le taf sans en rajouter. Comme cette saison.
César Azpilicueta, le gars sûr
Savez-vous qui dispose du plus grand nombre de minutes disputées avec Chelsea en championnat en 2016-2017 ? Oui, Azpilicueta. 36 matchs sur 36, 3240 minutes sur 3240. Jamais blessé, toujours présent. Jamais fatigué, toujours au top. En réalité, l’ancien de l’Olympique de Marseille est l’homme qui symbolise le mieux le schéma Conte, à savoir un footballeur qui dépasse son rôle d’origine pour s’intégrer parfaitement au système. Reconverti défenseur central droit dans la défense à trois, César devait convaincre son monde à un poste qui n’était pas le sien.
Le bilan est largement positif, pour ne pas dire parfait. Sans briller en raison de son manque d’élégance et de charisme, Azpi, qui s’est même permis d’adresser quatre passes décisives (dont celle pour Batshuayi lors de la victoire officielle pour le titre), doit désormais être considéré comme le meilleur défenseur de son club. Tout simplement parce qu’il l’est, et qu’il le mérite. « Avec une équipe de onze Azpilicueta, nous pourrions gagner la Ligue des champions » , disait Mourinho il y a plus de deux ans. On comprend maintenant pourquoi.
N’Golo Kanté, le phénomène
Les mois ont passé, les victoires se sont enchaînées, les éloges se sont amplifiés, les kilomètres ont continué de se faire avaler. Seuls le maillot et le statut ont changé. Champion d’Angleterre surprise avec Leicester où il constituait le maillon indispensable, Kanté a réalisé l’exploit de se rendre tout aussi important à Chelsea. On aurait pu imaginer que le Français était en surrégime, qu’il ne pourrait jamais rééditer de telles performances. Ou, plus logique, qu’il ait un coup de moins bien après l’Euro disputé dans son pays. Que dalle : la fatigue est une maladie allergique à N’Golo, qui s’amuse avec les poumons des adversaires pour régénérer les siens. Qui broie le mental des ennemis en se dédoublant à l’infini. Qui permet à ses potes de se libérer offensivement en se chargeant des basses œuvres. Hormis quand il se laisse aller à une petite folie. Merci, l’ami. Et bravo pour ton titre de meilleur joueur de Premier League.
Eden Hazard, l’électron libre
Qu’on se le dise : l’horrible saison 2015-2016 du Belge n’était qu’une traversée du désert destinée à le rendre plus fort. Un obstacle imposé par les dieux du ballon rond pour mettre à l’épreuve ses tripes. Et son talent, surtout. Que chacun se rassure : Hazard n’avait rien vraiment perdu, on lui avait juste emprunté son génie pour rendre la Premier League plus équitable le temps d’une année. Quinze buts et cinq passes décisives, c’est aussi bien qu’en 2014-2015 (quatorze pions, neufs assists) ou qu’en 2013-2014 (quatorze caramels, sept passes).
Péter des reins, l’ex-Lillois a de toute façon toujours aimé ça. Avec Conte, il a cette fois eu une certaine liberté pour dézoner et se balader où bon lui semblait quand son équipe était en possession du ballon. Il a également retrouvé le plaisir de jouer, chose qu’il avait perdue l’an dernier, et ce genre de joueurs ne trompe pas : quand il est heureux, les fans le sont aussi. La sphère adopte alors des courbes que seuls ses pieds sont en capacité de comprendre. Voilà pourquoi elle lui obéit.
Et aussi… Diego Costa (vingt buts et six passes décisives) qui nous manquera l’année prochaine, David Luiz qui a retourné toutes les vestes, les remplaçants de rêve Willian/Fàbregas et l’entraîneur adjoint John Terry.
Par Florian Cadu