- Ligue 1
- J4
- PSG-Saint-Étienne (3-0)
Les chaises musicales
Depuis qu'il est établi qu'un ou plusieurs attaquants parisiens quitteront le navire dans les prochains jours, chaque match prend des allures de laboratoire où on observe chaque joueur pour voir qui est sur le point d'exploser. Et l'expérience contre Saint-Étienne a accouché de résultats intéressants.
Compliqué d’équilibrer une balance, surtout quand elle est partie pour peser plus de 150 millions d’euros. Après s’être habituée à avoir le nom de Neymar sur les lèvres, la capitale apprend à murmurer celui de Mbappé, en attendant une arrivée qui conduirait à nouveau Nasser à exploser son PEL. Mais le PSG connaît les règles, et sait que pour faire une petite place au gamin monégasque, il faudra placer un ou deux de ses joueurs dans l’échange. Contre le mur des accusés, celui avec les grands traits et les tailles comme sur la photo de Usual Suspects, quelques bonhommes qui ne savent pas s’ils sauveront leur peau où s’ils vivent les derniers jours du condamné. Draxler, Di María, Pastore, Lucas, Guedes… Toute une ribambelle de joueurs, de très bons joueurs même, recrutés ou très cher, ou très récemment, ou les deux à la fois. Et quand on joue sur un siège éjectable, on est parfois engoncé. Les fans du deuxième amendement préféreront l’image du canon sur la tempe, les amateurs d’opérations furtives utiliseront celle du couteau sur la gorge. Peu importe l’arme, pourvu qu’on ait la goutte de sueur sur le front du malheureux. Ce soir, c’est évidemment Ángel Di María qui avait le plus les jambes engourdies. Pas efficace, pas malin, enchaînant perte de balle sur passe ratée, il a parfaitement endossé le costume du joueur dont on se dit : « Lui, il n’est pas si indispensable que ça. » Le public du Parc ne s’y est pas trompé en lui envoyant quelques sifflets à la figure quand il a été remplacé par Draxler qui, de son côté, avait dix minutes pour prouver de quel bois il pouvait se chauffer. Et même sans être génial, l’Allemand a fini la soirée dans le camp de ceux qui ont marqué des points.
Yuri et Giovani
Réduire le PSG a une bande de joueurs qui se regardent en chiens de faïence en attendant de voir qui sera le prochain à sauter est réducteur. Les Parisiens ne sont pas les Dix petits nègres d’Agatha Christie, mais ils savent aussi que pour sauver leur place, il ne leur suffira pas de dire « Je reste » comme chez feu Julien Lepers. Tout dépendra du choix du roi, alias Nasser, et de la couleur qu’il voudra donner à sa poignée de main avec les Russes de Monaco. Pastore aussi fait partie de ceux qui ont loupé leur match, mais reste protégé par son bijou de dimanche dernier et par l’aura aussi puissante qu’irrationnelle dont il bénéficie auprès du public. Il n’a pas été sifflé quand il a été remplacé par Lo Celso, certes, mais qu’il se méfie. Chaque ballon touché par son remplaçant donnait envie d’en voir bien plus, et Lo Celso ressemble à une très bonne surprise chaque fois qu’il entre en jeu. Quant aux absents, alias Lucas et Guedes, difficile de dire qu’ils ont toujours tort, mais sans avoir voix au chapitre, impossible de défendre sa cause. En bref, le flou autour des Parisiens qui survivront à la fin du mois d’août n’est toujours pas dissipé. Mais alors que tous les regards sont focalisés sur l’embouteillage dans l’attaque du PSG, personne ne s’attendait à ce qu’Emery envoie Berchiche tâter le terrain à la place de Kurzawa à la 80e minute. Et le petit Yuri a clairement montré qu’il pouvait être un sacré poil à gratter pour Layvin, comme Meunier l’a été pour Aurier un an plus tôt alors que peu de monde s’y attendait. Finalement, le seul Parisien à avoir consolidé sa place ce soir se trouvait dans le dos de ses coéquipiers. En deux parades décisives, Areola a rassuré, et a posé sa carrure de videur sur le fauteuil de titulaire pour le prochain match, et sans doute pour les suivants.
Par Alexandre Doskov, au Parc des Princes