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Les centres de formation à l’épreuve du baccalauréat
Pour la première fois depuis 1968, les épreuves écrites du baccalauréat n'auront pas lieu. Pour obtenir leur diplôme, les lycéens de terminale seront évalués sur la base du contrôle continu, obligeant les lycées à garder leurs élèves sous pression. Une situation exceptionnelle à laquelle les centres de formation doivent également s’adapter.
À l’été 2012, aucun des élèves de terminale du centre de formation de l’Olympique de Marseille n’avait obtenu le bac, alimentant l’idée reçue selon laquelle les footballeurs et l’école font deux. Mais en réalité, ce résultat n’était qu’un trompe-l’œil, puisque chaque année, les centres de formation français excellent, et leurs taux de réussite atteignent même régulièrement les 100 %, comme c’est le cas à Monaco, Nantes, Ajaccio, Toulouse ou Nancy. Des résultats bien souvent au-dessus de la moyenne nationale, qui s’expliquent avant tout par les moyens financiers déployés par les clubs, mais aussi grâce à des effectifs réduits. Un constat qui ne devrait pas changer avec l’annulation des épreuves écrites prévues initialement en juin. En revanche, la question des admissions post-bac apparaît quant à elle un brin plus problématique.
Des lycéens (enfin) comme les autres ?
Depuis le début du confinement, à l’OM comme dans la majorité des lycées de France, les échanges entre élèves et professeurs « se font par mail et les parents sont en copie afin de les impliquer. L’objectif est de maintenir une continuité pédagogique », confiait à La Provence Meriem Benmebarek, responsable de la scolarité olympienne. Même son de cloche à l’AC Ajaccio, qui dispose comme le club phocéen d’une structure privée. « On a un site d’assistance scolaire personnalisée sur lequel ils ont chacun un compte et peuvent travailler en autonomie, explique Joseph Leandri, directeur de l’école acéiste. Ils n’ont pas de cours collectifs en visioconférence, car pour une petite structure comme la nôtre, ce n’était pas facile à mettre en place. Mais je peux consulter leur temps de connexion sur la plateforme, le travail effectué discipline par discipline, donc on a quand même un contrôle à distance sur leur implication. » L’implication, voilà le principal problème rencontré par les professeurs et les parents d’élèves depuis l’annonce début avril de l’annulation des épreuves écrites.
Car en prenant seulement en compte les bulletins des deux premiers trimestres pour son attribution, le baccalauréat est déjà en poche pour de nombreux lycéens. Ce qui est le cas de Dorian Baldovini, attaquant des U19 de l’ACA : « Normalement, si on en reste là avec les deux premiers trimestres, j’ai mon bac STMG (Sciences des techniques de management et de gestion, N.D.L.R.) avec la mention bien. Mais mes parents me disent « travaille, travaille » et les professeurs continuent de nous envoyer des messages et des devoirs, donc on est obligés de continuer à bosser. » Partout en France, maintenir en éveil les lycéens de terminale reste donc primordial pour les centres : « J’ai envoyé un courrier à chaque parent en leur précisant que si l’enfant n’était pas investi, je me donnais le droit de retirer la prise en charge du club sur la scolarité », expliquait à Goal François Rodrigues, directeur du centre de formation du HAC. Mais si les joueurs sont plus que jamais des élèves comme les autres en période de confinement, leur parcours scolaire reste fatalement conditionné par leur avenir sportif.
Éviter les déconvenues post-bac
En mars dernier, comme tous les terminales de France, les joueurs nés en 2002 ont dû formuler leurs vœux sur Parcoursup, plateforme qui gère l’affectation des futurs étudiants de l’enseignement supérieur. Une étape obligatoire et encore plus périlleuse pour les centres de formation puisque ces derniers commencent tour à tour à faire des choix concernant les joueurs arrivant en fin de cycle. Pour parer à toutes les éventualités, les clubs ont tenté de prendre les devants dès la mi-avril, comme c’est le cas au HAC : « Toutes nos décisions sont quasiment prises pour les orientations à venir. Il y a des réunions qui sont organisées pour ne pas se retrouver coincés. On va peut-être prendre quelques risques avec certains joueurs, il y aura peut-être des erreurs de faites, mais c’est à nous de réduire cette marge le plus possible.[…]Le plus embêtant, c’est d’annoncer des mauvaises nouvelles par téléphone ou visio-call. Il faut s’interdire qu’un joueur découvre sa situation et tombe du ciel. »
À Ajaccio, afin de minimiser les risques de désillusion, Joseph Leandri a conseillé aux familles et aux joueurs « de faire des vœux scolaires différents des vœux sportifs. Car s’ils avaient prévu de poursuivre leur étude dans la ville où il joue, et qu’ils ne sont finalement pas conservés en fin d’année, c’est problématique. » Un travail effectué bien avant le confinement, mais qui sera nécessaire jusqu’au 19 mai, date à laquelle les premiers résultats de Parcoursup tomberont. En attendant, les clubs continuent de rassurer, aiguiller et échanger régulièrement avec leurs joueurs sur les différentes hypothèses possibles. Comme au Stade brestois, où à la fin du confinement, « les jeunes auront des entretiens avec les responsables des établissements », révèle à Ouest France Jean-Noël Prime, responsable de la scolarité au sein du club finistérien. Un constat presque valable à chaque fin d’année scolaire, mais qui semble plus que renforcé par le confinement. Et pour cause, les futurs bacheliers n’ont été évalués sportivement que sur sept mois, obligeant les centres de formation à faire des choix difficiles en fonction des copies. D’éducateur à correcteur, il n’y a vraiment qu’un pas.
Par Maxime Renaudet
Tous propos recueillis par MR sauf mentions.